Noah Wyle reprend les consultations dans The Pitt, série hospitalière efficace et tendue qui se situe entre Urgences et 24 heures chrono.
C’est quoi, The Pitt ? Au Pittsburgh Trauma Medical Hospital, le service des urgences est dirigé par le Dr « Robby » Robinavitch (Noah Wyle). Lorsqu’il arrive sur place un matin, c’est en théorie pour commencer une garde de huit heures – qui va en réalité en durer quinze. Accompagné de ses collègues médecins expérimentés et d’un groupe d’étudiants et de résidents, il va devoir gérer l ‘afflux de patients, le rythme effréné du service, le ballet incessant des brancards et ambulances, mais aussi les pressions administratives, le manque de moyen et de personnel, la fatigue, les tensions et désaccords, les dilemmes éthiques…
Urgences en temps réel
Noah Wyle interprète un médecin au sein d’un service d’urgences, dans une série à l’ambiance frénétique et tendue, créée par R. Scott Gemmill et produite par John Wells : ça vous rappelle quelque chose ? Si nous étions en 1996, ce serait Urgences, série de NBC à laquelle sont associées les trois noms ci-dessus. Mais 29 ans plus tard, on vous parle de The Pitt, série disponible sur Max dont nous avons vu les deux premiers épisodes. Signalons que l’idée de départ était celle d’un reboot de Urgences ; des désaccords avec les héritiers de Michael Crichton (créateur de la série originale) ont rendu impossible la réanimation de la série décédée depuis 2009.
Qu’à cela ne tienne, avec The Pitt on repart (presque) à zéro : Pittsburgh au lieu de Chicago, Noah Wyle dans le rôle du Dr Michael « Robby » Robinavitch au lieu du Dr Carter, et un format légèrement différent qui emprunte à 24 heures chrono. Si les autres séries du genre racontent les histoires autonomes des patients avec des arcs narratifs plus longs centrés sur la vie, les amours et les problèmes des médecins et des différents professionnels de santé, The Pitt adopte en effet une autre mécanique.
Chacun des quinze épisodes suit une heure de la garde du Dr Robby, les deux premiers couvrant par exemple la période allant de sept à neuf heures du matin. Ce format est plus qu’un artifice : il amplifie la tension inhérente à chaque décision médicale et personnelle, accentue la fatigue, la frustration et la tension qui imprègnent ces heures. Soit dit en passant, ce format rappelle le premier épisode de la quatrième saison de Urgences, diffusé en direct et donc en temps réel à la télévision américaine.
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Évidemment, The Pitt joue sur un terrain connu du public. Pour autant, la série est une réussite dans la manière dont elle joue sur le genre classique de la série médicale tout en imposant tout de suite son rythme. Tout y est frénétique, parce que le choix de dérouler l’histoire en temps réel et de créer une série crédible l’exigent, mais aussi grâce à une réalisation prenante qui nous plonge dans les couloirs de l’hôpital avec une immédiateté anxiogène et un sentiment… d’urgence.
Au cours d’un épisode, il se passe énormément de choses et il y a énormément de patients. La cadence effrénée – dans le service d’urgence d’une ville de plus de 300 000 habitants – ne ralentit jamais, entraînant le spectateur et les personnages dans le chaos d’un service sursaturé. La salle d’attente ne désemplit pas, les médecins manquent de temps et de moyen, font face aux réactions parfois violentes des malades qui attendent parfois depuis plusieurs jours, ils n’ont quasiment aucun répit ni aucune pause.
Soigner dans un système en déliquescence
L’équipe que l’on suit comprend notamment l’infirmière en chef (Katherine LaNasa), des médecins titulaires efficaces et habitués à la tension (Tracy Ifeachor et Patrick Ball) et un petit groupe de résidents tout juste débarqués dans le service. Il y a celle qui déborde d’enthousiasme (Taylor Dearden), celle qui transpire l’arrogance (Isa Briones), la « fille de » qui tente de convaincre qu’elle mérite sa place (Shabana Azeez) ; celui qui manque de confiance en lui (Gerran Howell)… Des personnages qu’on a l’habitude de voir dans une série médicale, qui s’enrichissent toutefois de petits détails personnels à dose homéopathique au fur et à mesure .
Mais la force motrice et le centre névralgique de The Pitt, c’est le Dr Robby. Interprété par Noah Wyle (qui, après 254 épisodes dans le rôle du Dr Carter, sait évidemment ce qu’il fait), il nous accroche en quelques minutes seulement ; sa présence (son omniprésence, même) exprime l’épuisement physique et moral d’un professionnel pourtant expérimenté, confronté à la faillite du système.
Il y a quelques rares séquences plus légères, qui allègent momentanément la tension. Toutefois, The Pitt est essentiellement le quotidien dévastateur d’un service hospitalier où des choix opérés en quelques secondes décident de la vie ou de la mort d’une personne, dans un système structurellement défaillant. Certaines problématiques sont propres aux États-Unis (comme la crise des opioïdes), mais la perspective est plus globale : le manque de lits et de personnel, la bureaucratie exaspérante, les exigences incessantes des administrateurs de l’hôpital, l’externalisation pour réduire les coûts, l’impact traumatique du Covid… C’est plus qu’une toile de fond, ce sont les antagonistes contre lesquels se battent chaque jour les professionnels de santé. C’est la réalité d’un service hospitalier qui ne fonctionne que grâce à la ténacité, la force et même le sacrifice d’un groupe de personnes dont la vocation est de soigner.
Pour le dire vite, The Pitt, c’est Urgences en temps réel. De fait, il est difficile d’éviter la tentation de la comparaison. Pour autant, parallèle ou pas et en dehors de toute argutie judiciaire, The Pitt est prenante et redoutablement efficace. C’est une série solide, immersive et addictive, qui exploite parfaitement l’idée du récit en temps réel pour accentuer la tension et la force narrative. Et rappelons que Urgences date de 1996, date à laquelle bon nombre de spectateurs n’étaient même pas nés. Les autres, ne nous remerciez pas pour le coup de vieux…
The pitt
15 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Max.