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On débriefe pour vous … Yellowjackets, une deuxième saison obscure et angoissante

La deuxième saison de Yellowjackets continue de jongler entre le passé et le présent de ses héroïnes tout en plongeant davantage dans l’horreur et le mysticisme. 

C’est quoi, Yellowjackets (saison 2) ? Dans le passé, deux mois se sont écoulés depuis la mort de Jackie. Tandis que Shauna ne parvient pas à faire le deuil de sa meilleure amie, le somnambulisme de Taissa s’aggrave et Lottie invoque une puissance occulte, entraînant dans son mysticisme plusieurs de ses camarades. Surtout, l’hiver est arrivé, les bois sont ensevelis sous la neige et  la nourriture commence à manquer. Dans le présent, Misty (Christina Ricci) cherche à retrouver Nat (Juliette Lewis), enlevée par un mystérieux groupe ; Taissa (Tawny Cypress ) perd le sens des réalités ; Shauna est sous pression alors que la police enquête sur la disparition de son amant ; Lottie ( Simone Kessell) dirige un centre spirituel aux allures de secte. D’une époque à l’autre, les actes commis par les survivantes dans le passé ne restent pas sans conséquence : chacune se débat avec ses propres traumatismes, et « quelque chose » d’autre pourrait aussi être en jeu…

Yellowjackets est de retour avec une nouvelle salve d’épisodes disponible en France sur Canal +. Après une première saison remarquée, la deuxième est presque aussi réussie. Elle reprend les mêmes ingrédients, continue de jongler entre passé et  présent, d’explorer les conséquences psychologiques des décisions prises par ses héroïnes pour survivre, tout en accentuant la dimension horrifique et mystique du récit. Âmes sensibles, s’abstenir. Et végétariens aussi…

Pour rappel, Yellowjackets raconte l’histoire d’une équipe de football féminine d’un lycée du New Jersey qui, lors d’un déplacement en avion privé en 1996, s’écrase dans les forêts des Rocheuses canadiennes. Les survivants du crash – en majorité des joueuses et leur entraîneur – tentent de s’organiser en attendant des secours… qui n’arrivent pas. Vingt-cinq ans plus tard, on suit certaines des rescapées, traumatisées par ce qu’elles ont vécu.

A la fin de la saison précédente, de nombreux mystères restaient à élucider. Y a -t-il d’autres survivants ? Qu’est-il arrivé au coach ? Pourquoi Travis s’est-il suicidé ? Que représente l’étrange symbole gravé sur les arbres de la forêt ? Qui vivait dans la cabane dans les bois ? Qui est la Yellowjacket poursuivie par les autres dans la scène d’ouverture ? Et dans le présent, qu’est devenue Lottie ? Qui a enlevé Nat ? Shauna va-t-elle finir en prison ? Taissa a-t-elle une double personnalité ou bien un double maléfique ?

A lire aussi : On a vu pour vous… Yellowjackets, mélange efficace de thriller et survival horror

A toutes ces interrogations, la deuxième saison de Yellowjackets ne répond que partiellement. La série reprend progressivement la plupart des fils narratifs éparpillés précédemment et les relie, parfois de façon convaincante et parfois de manière plus aléatoire. Dans le présent en particulier, certaines intrigues sont inutilement étirées et la série aurait gagné en efficacité avec une narration resserrée.  On pense notamment à l’arc dédié au meurtre de l’amant de Shauna, qui prend des tours et des détours jusqu’à une résolution décevante. 

Dans Yellowjackets, les actes commis dans le passé…

En revanche, la série donne une nouvelle dimension à sa construction en miroir, en établissant des ponts plus prégnants entre passé et présent. En équilibrant ses deux chronologies, en imprégnant les flashback d’une symbolique inquiétante qui gagne peu à peu le récit actuel, Yellowjackets renforce le lien entre les versions adolescentes et adultes des personnages. On comprend mieux comment la jeune Shauna va devenir celle de 2021, les troubles du comportement de Taissa font écho à ceux dont elles souffrait dans la forêt , la schizophrénie (?) de Lottie renvoie aussi à 1996…   Aucune survivante n’en est sortie indemne ou complètement saine d’esprit : elles ont rapporté avec elles des séquelles de stress post-traumatique, de paranoïa, de  sociopathie, de délires religieux, d’addiction.  

L’ensemble du casting est du reste absolument brillant. Outre la ressemblance physique, on est bluffé par la cohérence des interprétations entre les actrices qui incarnent les héroïnes adolescentes et celles qui les interprètent adultes. Citons Sophie Nélisse,  Jasmin Savoy Brown,  Sophie Thatcher et Sammi Hanratty (côté ados) et Lauren Ambrose, Melanie Lynskey, Simone Kessell et Christina Ricci (version adultes).

Reste la grande question qui sous-tend toute la série : que s’est-il passé dans la forêt ? Ce n’est pas un secret : on sait depuis le tout premier épisode que les filles se sont livrées au cannibalisme. Ce qu’on ignore en revanche, c’est l’identité des victimes et surtout comment les survivantes en sont arrivées là. Plus précisément, la série laisse planer un doute effrayant en suggérant par moment que les Yellowjackets ont réveillé  une force surnaturelle qui les dépasse, et en indiquant à d’autres qu’elles ont succombé à un délire collectif accentué par la faim. La double suggestion permet d’interpréter les événements de façon rationnelle ou mystique sans qu’il soit impossible de trancher. Les filles ont-elles été possédées par une entité maléfique ? Ou – et ce n’est pas moins effrayant – sont-elles entièrement responsables des actes barbares qu’elles ont perpétré ? 

… ont des répercussions sur le présent

 « Si nous faisons correctement notre travail, manger un être humain ne sera pas la chose la plus transgressive que feront les survivantes », expliquait dans une interview l’un des showrunner, Jonathan Lisco. Et on peut dire qu’il ne ment pas : le plus terrifiant dans cette histoire, ce n’est pas le cannibalisme (même si les scènes sont gore et éprouvantes), mais tout ce qui y conduit, tout ce qui précède et tout ce qui entoure l’acte en lui-même. Car vous n’imaginez pas ce que les Yellowjackets vont faire pour survivre…

Avec cette deuxième saison, Yellowjackets continue d’exploiter le pouvoir narratif de l’entrelacement des chronologies, en montrant les traumatismes qui ont marqué ses héroïnes dans le passé et les blessures psychiques qu’elles portent dans le présent. Malgré des intrigues moins réussies qui traînent parfois en longueur, la série poursuit la voie empruntée précédemment en poussant davantage tous les curseurs. Plus gore, plus mystique, plus perverse… mais toujours aussi addictive, perturbante et mystérieuse. 

Yellowjackets
Saison 2 – 9 épisodes de 50′ à 70′ 
Diffusion sur Canal+.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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