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On a vu pour vous… Yellowjackets, mélange efficace de thriller et survival horror

Yellowjackets joue avec la chronologie et recycle les références pour raconter l’histoire d’un groupe d’héroïnes qui cachent un terrible secret. 

C’est quoi, Yellowjackets ? Les joueuses de l’équipe de football féminine d’un lycée du New Jersey partent en avion avec leur entraîneur pour disputer un match. Le voyage tourne court lorsque l’appareil s’écrase dans un no man’s land au milieu des bois, et les jeunes filles s’organisent pour attendre des secours qui n’arrivent pas… Vingt ans plus tard, quatre survivantes –  Shauna (Melanie Lynskey), Taissa (Tawny Cypress), Natalie (Juliette Lewis) et Misty (Christina Ricci) –  ont refait leur vie. C’est alors qu’elles reçoivent des cartes postales d’un correspondant anonyme qui menace de révéler ce qui s’est réellement passé, après le crash… 

En lisant le synopsis de Yellowjackets, plusieurs références nous sont venues en tête, à commencer par Lost, The Wilds ou Souviens-toi l’été dernier. La première, parce qu’il est désormais impossible de mettre les mots « série » et « crash d’avion » dans la même phrase sans penser à la série-culte de JJ Abrams; la deuxième parce qu’elle racontait déjà l’histoire d’un groupe d’adolescentes livrées à elle-même après un accident aérien ; et la troisième en raison de l’idée de secrets du passé qui reviennent hanter les personnages. Ahsley Lyle, cocréatrice de la série diffusée sur Canal +, ne renie pas ces influences mais c’est une œuvre littéraire (quoi que plusieurs fois portée à l’écran) qui lui en donne l’idée : c’est en apprenant qu’une adaptation de Sa majesté des mouches avec des personnages féminins était en préparation qu’elle a imaginé Yellowjackets

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Yellowjackets, c’est le nom de l’équipe féminine de football du lycée d’une petite ville du New Jersey, victime d’un crash aérien au fin fond d’une forêt isolée de l’Ontario. Avec leur coach, les adolescentes vont passer 19 mois à tenter de survivre, coûte que coûte, dans un environnement encore plus hostile qu’elles ne le pensaient. En 2021, quatre survivantes ont refait leur vie. Shauna est une épouse et une mère de famille frustrée, Taissa est en pleine campagne électorale et s’inquiète des troubles psychologiques de son petit garçon, Natalie sort d’un centre de désintoxication et Misty – qui  ne faisait pas partie de l’équipe à proprement parler – travaille comme aide-soignante et enchaîne les rencards sans lendemain. Elles se sont perdues de vue, aucune d’elles ne veut parler de ces 19 mois malgré les sollicitations de journalistes ; elles vont pourtant devoir renouer lorsque quelqu’un menace de révéler ce qui s’est réellement passé après le crash.

Que s’est-il passé après l’accident ?

Le récit se développe en entremêlant passé et présent : l’accident en 1996, suite auquel les héroïnes tentent de survivre dans une nature hostile et  25 ans plus tard, quatre survivantes qui ont tenté d’oublier ce qu’elles ont vécu et de mener une vie normale, jusqu’au moment où elles sont victimes d’un maître-chanteur.  A part leur mystérieux correspondant, elles seules savent ce qui s’est réellement passé après le crash – et c’est ce que l’on va découvrir petit à petit, grâce aux nombreux flash-back qui ponctuent chaque épisode. 

Bien différenciées, avec une esthétique particulièrement marquante dans les séquences du passé où se met en place une ambiance qui joue avec le macabre et le mystère, les deux périodes se juxtaposent et surtout se répondent. Le choix de construire l’histoire sur ces deux axes n’est pas un simple artifice : la vie des adolescentes au lycée, leur situation en tant qu’adultes et ce qui s’est passé entre temps permet à  Yellowjackets de construire des héroïnes complexes, de montrer comment elles ont évolué et surtout de quelle manière la tragédie et ses conséquences ont fait d’elles ce qu’elles sont devenues. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que chacune a sa part d’ombre.

Il faut d’ailleurs souligner au passage le talent des actrices incarnant les quatre héroïnes : qu’il s’agisse des interprètes des personnages adolescentes (Sophie Nélisse,  Jasmin Savoy Brown,  Sophie Thatcher et Sammi Hanratty) ou de celles qui  prennent le relais dans le récit au présent (soit respectivement Melanie Lynskey, Tawny Cypress, Juliette Lewis et Christina Ricci – les deux dernières sortant quand même du lot) , toutes sont excellentes, y compris et surtout dans les scènes les plus intenses. Et on salue aussi le formidable travail effectué par le directeur de casting, qui a su choisir à la perfection les actrices de sorte qu’on a aucun mal à faire le lien entre les jeunes filles et leurs versions adultes. 

25 ans plus tard, les rescapées du crash

Alors, on pourrait penser que Yellowjackets ne fait rien de neuf – et on aurait globalement raison. Ou pire encore, que le résultat est assez indigeste – et là, en revanche, ce n’est pas le cas.  Avec ces  grandes rasades de Lost et de The Wilds, ces quelques gouttes de Cruel Summer pour la construction et de Souviens-toi l’été dernier (entre autres), le cocktail que nous sert Yellowjackets fonctionne contre toute attente remarquablement bien. Et il a le goût du teen drama, du survival horror, du thriller psychologique et du fantastique, des saveurs subtilement dosées qui se mélangent à la perfection ou presque. En résumé, voilà une série que vous croyez avoir déjà vue mille fois… mais qui pourtant, vous surprendra.

En s’emparant de divers éléments et références assumées et reconnaissables, en alternant deux lignes temporelles, Yellowjackets n’innove pas à proprement parler. Elle parvient pourtant à nous embarquer dans une histoire complexe, avec des scènes fortes et surtout un suspense qui ne retombe jamais, les révélations et les informations nous arrivant au compte-goutte. De sorte qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre, qu’on ne peut jamais prévoir de quoi sont capables les héroïnes, et qu’on n’est jamais certain de savoir si l’on regarde une histoire surnaturelle, un thriller psychologique ou une série d’horreur… ou peut-être un peu de tout ça à la fois.  Yellowjackets est certainement l’une des séries les plus efficaces et surprenantes qu’on ait vue récemment. 

Yellowjackets
10 épisodes de 55′ environ.
Le 3 Mars sur Canal +

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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