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On regarde ou pas ? Chloe (Prime Vidéo)

Thriller psychologique en pleine ère des réseaux sociaux, Chloe offre une histoire intrigante, même si elle ne tient pas toutes ses promesses. 

C’est quoi, Chloe ? Accro aux réseaux sociaux, Becky (Erin Doherty) est obsédée par Chloe Fairbourne (Poppy Gilbert) dont elle suit tous les comptes internet où cette jeune femme, qui a le même âge qu’elle, publie quotidiennement des photos et vidéos de sa vie apparemment parfaite. Chloé est l’épouse d’un jeune et séduisant politicien, elle a de nombreux amis et une vie sociale animée – tout le contraire de Becky, qui vit dans un petit appartement à la périphérie de Bristol avec sa mère. Mais lorsque  Becky apprend que Chloé est morte et qu’elle s’est apparemment suicidée, elle ne peut pas résister au besoin de comprendre ce qui s’est passé. Sous le nom de Sacha, la jeune femme va se rapprocher des amis de son idole et s’infiltrer dans sa vie. 

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L’essentiel 

Série de la BBC désormais disponible sur Amazon Prime, Chloe est l’œuvre de Alice Seabright, l’une des réalisatrices et scénaristes de Sex Education. C’est un de ses courts métrages antérieurs qui lui a donné l’idée de ce thriller psychologique dont le personnage principal est incarné par Erin Doherty – alias la jeune princesse Anne dans The Crown

Ici, elle interprète Becky. Travaillant comme intérimaire, cette jeune femme n’a pas d’amis et sort rarement du petit appartement qu’elle partage avec sa mère, atteinte d’un début de démence sénile et avec qui elle a des rapports tendus. Pour échapper à cette vie frustrante, Becky passe des heures sur internet et suit de manière obsessionnelle Chloe Fairbourne sur les réseaux sociaux. Collectionnant les like et les pouces en l’air, Chloé s’affiche lors de soirées huppées, dans des expos prestigieuses, dans sa magnifique maison d’architecte, avec le jeune et beau politicien qu’elle a épousé ou auprès de ses amies influenceuses aussi populaires qu’elle. 

Tout bascule lorsque Chloé est retrouvée morte au pied d’une falaise. Se faisant appeler Sasha, Becky s’invente une nouvelle identité et s’arrange pour rencontrer la meilleure amie de Chloé, Livia (Bennett-Warner).  Petit à petit, Becky / Sasha parvient à se faire accepter à la fois par les amis de Chloé et par le mari de celle-ci, s’immisçant dans cette vie de luxe et de fêtes mondaines dont la défunte était l’une des principales attractions. Mais pourquoi Chloé s’est-elle suicidée, alors qu’elle menait une existence de rêve ?

On aime

Chloe n’est pas le premier thriller à s’emparer des réseaux sociaux comme toile de fond, mais elle le fait avec acuité et perspicacité en exposant principalement une double problématique. D’une part, l’image idyllique et souvent factice que certains donnent de leur propre vie à travers leurs messages, photos et vidéos ; de l’autre côté du smartphone, ceux qui les suivent pour vivre leur existence par procuration voire (dans le cas extrême de Becky) de vivre leur existence tout court. C’est une sorte de Vanity Fair moderne – les deux héroïnes se prénommant d’ailleurs Becky. 

Chloe réserve quelques bonnes surprises. On se doute immédiatement qu’il y a quelque chose de trouble, derrière la mort de Chloe. C’est cette tragédie qui incite Becky à mener sa propre enquête ou, du moins, à chercher à comprendre pourquoi celle-ci se serait suicidée malgré sa vie de rêve, entre cocktails mondains, relation conjugale épanouie et vacances de luxe.  Ce qui commence comme une sorte de stalking malsain  se transforme alors en quelque chose de différent – d’autant que des flashbacks éclairent d’un jour nouveau la relation virtuelle entre Becky et Chloe, et que l’on apprend vite que ces deux-là n’étaient peut-être pas tout à fait des étrangères. 

Le spectateur doute en permanence de l’histoire qui lui est racontée. Celle-ci est présentée à travers le regard de Becky, une jeune femme  fragile aux motivations peu claires et ambiguës. La manière dont elle se rapproche du mari éploré et dont elle s’infiltre parmi les connaissances de la défunte a quelque chose de profondément malsain. A mesure que se brouillent les frontières entre sa propre identité, celle du personnage qu’elle joue et celle de Chloé, il est de plus en plus difficile de faire confiance à notre héroïne. Et Erin Doherty la joue avec suffisamment de finesse pour que l’on remette en question sa santé psychologique, tout en tremblant pour elle.  

On aime moins

Comme la plupart des séries mettant en scène un personnage à la double identité, Chloé joue en permanence sur la tension inhérente aux risques que prend Becky. Elle est toujours en porte-à-faux, continuellement menacée d’être démasquée. Le risque que sa tromperie et ses mensonges finissent par être découverts est une ressource narrative certes efficace mais un peu trop facile, surtout que les scénaristes ont tendance à en abuser. Et il est parfois difficile d’y croire, tant la jeune héroïne ne doit souvent son salut qu’à de heureux hasards… 

Après un premier épisode vraiment réussi, Chloé est surtout victime de ses propres pièges narratifs. Les sujets abordés sont nombreux : image publique, relations virtuelles, quête d’identité, estime de soi, reflet que nous renvoient les réseaux sociaux, culpabilité, poids du passé…  Cette multitude de thèmes psychologiques rend la série intéressante et troublante, mais c’est aussi ce fouillis d’éléments qui finit par la rendre confuse. Jusqu’à une conclusion fermée, un peu vite expédiée et donc décevante. Peut-être justement parce que la complexité psychologique du récit ne permet pas de refermer correctement toutes les portes en seulement cinq épisodes. 

On regarde si… on aime les thrillers qui s’appuient sur des personnages ambigus, et où la trame psychologique est plus importante que l’énigme criminelle en elle-même. Si on a envie de se déconnecter de Instagramm le temps d’une petite série plaisante à regarder. 

On ne regarde pas si… on attend d’un thriller psychologique qu’il s’achève en apothéose, avec une conclusion qui nous laisse bouche bée. Si on est incapable de décrocher de Facebook plus de 10 minutes. 

Chloe
6 épisodes de 50′ 
Disponible sur Amazon.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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