Avec une diffusion un peu particulière, TF1 lance le 20 octobre sa nouvelle série I3P qui signe le retour de Marc Lavoine.
C’est quoi I3P ? À Paris, si vous êtes amnésique, si vous avez des visions ou si vous montrez des signes de délire dans la rue, on vous conduit à l’Infirmerie Psychiatrique de la Préfecture de Police. Adresse discrète, l’I3P a pour patron le professeur Mathias Bernardt, un psychiatre qui a le pouvoir de laisser ses patients retourner à leur vie normale, de les hospitaliser mais aussi de les remettre à la police. Ne pouvant garder personne plus de 24 heures, il privilégie toujours une approche humaine aux traitements coercitifs, épaulé par les psychiatres Sophie Tran, Julien Sarment et le jeune interne Samy Jendoubi. Chaque journée commence par l’accueil d’un sujet en crise amené en urgence à l’I3P. À partir de son témoignage, Bernardt et sa garde rapprochée mènent l’enquête en dépit de l’opposition systématique de la commissaire Nathalie Fontaine, qui préfère qu’on n’ajoute pas de dossier à sa pile déjà haute. Une course contre la montre s’engage alors pour résoudre l’énigme de la vie de chaque patient.
L’essentiel ?
Trois ans après Kepler(s), Marc Lavoine signe son retour dans un rôle de premier plan dans une série (on l’a également vu dans quelques unitaires notamment sur TF1), dont le sujet continue d’interroger la santé mentale de son héros. Avec I3P, il donne vie aux histoires créées par Jean-Christophe Grangé, la garantie d’être plongé dans un univers atypique. Comme avec Les rivières pourpres sur France 2, la série fonctionne sur un rythme de double épisode qui prend place dans un lieu important de la capitale qui donne son titre à l’épisode (un peu comme ce fut le cas dans Jo avec Jean Réno) comme « La butte aux cailles » ou « Le Panthéon ».
Aux côtés de Marc Lavoine, notamment au sein de l’I3P, une équipe très réussie de personnalités tout aussi atypiques que son héros, eux aussi à double facette (infirmier et « Mr Muscle » de l’équipe) : Claire Tran (Sophie Tran), Walid Ben Mabrouk (Samy Jendoubi), Mikaël Chirinian (Julien Sarment). En bonne série policière, I3P n’oublie pas non plus la relation « ambigüe » entre les deux héros (Marc Lavoine et Barbara Schulz), même si le format proche d’un unitaire permet de rebattre les cartes à chaque histoire, là où un 52 minutes imposerait plus par sa narration un suivi plus intensif ! On pourrait s’en passer mais ça ne nuit pas à l’ensemble.
On aime ?
I3P possède deux atouts non négligeables et qui font la force de la série. Premier atout c’est Marc Lavoine. Après Kepler(s), il continue d’explorer un personnage torturé et il lui donne une humanité certaine qui déteint sur tous les autres personnages de la série, membres de l’équipe ou pas. Mais une fois n’est pas coutume, le héros n’est pas un policier, mais un médecin (faisant office de consultant) et ça change tout. Son but est de faire en sorte que la personne qui arrive à l’I3P en début d’épisode trouve une forme de résolution dans son histoire, qu’il soit victime … ou coupable. Et Mathias n’en ressort jamais indemne, physiquement et moralement, touché, atteint et ça se voit, qu’il soit ou non directement impliqué dans l’affaire. Il est certain que le jeu de Lavoine pourra en déconcerter certains mais il délivre pour nous une véritable performance et, à l’image de la vague qui arrive sur une plage puis se retire : on a toujours l’impression que Marc Lavoine / Mathias Bernardt sont imbriqués et laissent des traces l’un sur l’autre. Sa performance est assez remarquable !
Le second atout c’est l’écriture de Jean-Christophe Grangé à nulle autre pareille qui sait faire partir ses histoires dans une direction pour mieux faire pivoter à la dernière minute vers une autre. Cette écriture s’applique d’ailleurs parfaitement au format du double épisode qu’il a testé aussi en saison 1 sur Les rivières pourpres. La partie 1 pose les bases et aiguille le spectateur dans une direction, avant que l’épisode 2 n’enfonce le clou dans un autre sens en s’enfonçant un peu plus dans une noirceur humaine qui rend les histoires palpitantes. Dans I3P, l’auteur s’intéresse davantage au psyché et à cette noirceur mentale. Grangé est aussi parvenu ici à créer un nouveau héros, loin de Niemans mais tout aussi énigmatique.
On aime moins ?
Le mode de diffusion choisi par la chaîne. La série sera diffusée sur le mode du Remplaçant soit en soirées événementielles. Si il est vrai que l’écriture des histoires en double épisode indépendant s’y prête (comme dans L’art du crime sur France 2), le personnage de Bernardt demande du temps pour être apprivoisé et accepté et il est risqué d’espacer la diffusion au risque de perdre le spectateur. Diffuser la série comme si c’était des unitaires alors que ça ne fut pas pensé ainsi (il y a quelques petites évolutions des personnages au fil des épisodes) est un risque pour pérenniser cette nouvelle marque.
I3P
Diffusion le 20 octobre 21h10
6×52 minutes