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On regarde ou pas ? Le colosse aux pieds d’argile avec Eric Cantona

TF1 s’apprête à diffuser le 4 mai un téléfilm qui va marquer, Le colosse aux pieds d’argile, avec Eric Cantona de nouveau magistral de justesse.

C’est quoi Le Colosse aux pieds d’argile ? Sébastien est un ancien rugbyman. Un vrai colosse. Entre 12 et 16 ans, tout le monde le voit comme un enfant plein de joie de vivre. Une caractéristique de son Sud-Ouest natal. Mais cette joie de vivre n’est qu’un écran de fumée destiné à protéger l’équilibre de sa famille. 4 ans que Sébastien est violé. Quatre ans qu’il souffre et crie en silence car son prédateur n’est autre qu’un proche de ses parents, aimé de tous. Trente ans plus tard, Sébastien n’a pas réussi à parler, et ses démons le détruisent. Entre désir de vengeance et volonté que personne n’ait plus à vivre ce qu’il a vécu. C’est donc la rencontre d’un gamin, un petit colosse abîmé comme lui l’a été et le retour dans sa vie de celle qu’il n’a pas su aimer adolescent, qui le forceront à faire le bon choix. Celui de la justice… mais la justice à quel prix ? 

« Tu dis qu’il y a le respect, qu’on est pas des animaux mais toi tu sais pas parler ! Tu sais juste cogner ! Pourquoi tu me demandes de parler et toi tu parles pas ? T’es en boucle, c’est le vieux qui a gagné ! »

L’essentiel

Avec cet unitaire écrit par Aude Marcle et que Stéphanie Murat réalise brillamment, TF1 s’attaque à un sujet éminemment important mais souvent caché à savoir le viol sur mineurs. Et a fortiori commis par des proches de la famille. La réalisatrice plonge dans une l’horreur d’une histoire qui pourrait se passer n’importe où et qui malheureusement arrive bien trop souvent. Unitaire coupé en deux (comme souvent sur TF1), le format s’y prête pour une fois très bien puisqu’il permet de distinguer les moments charnières de l’histoire. La première partie plonge dans ces peurs d’enfants en présentant le calvaire de Sébastien, violé pendant 4 ans par « un ami de la famille » ; la seconde partie elle nous montre le long processus de reconstruction de Sébastien qui, confronté à la peur qu’un autre enfant ne subisse les mêmes choses que lui, se voit contraint d’affronter ses propres démons.

On aime

Malgré un sujet terrifiant, Le colosse aux pieds d’argile est une vraie réussite et un grand téléfilm. D’abord par construction en deux temps qui n’est pas sans rappeler – paradoxalement car on est sur deux genres radicalement différents – celle de IT de Stephen King qui confrontait aussi des enfants à leurs peurs d’enfants avant de les voir les affronter à travers la personnalisation du croque-mitaine qu’incarne le célèbre clown. Ici le « croque-mitaine » est bien réel et prend l’aspect d’un « vieux monsieur » qui, au soir de son procès, n’a pas totalement mis de côté le monstre qu’il est.

La première partie est donc glaçante dans la répétition de l’horreur subie par le jeune Sébastien qu’incarne à merveille Timi-Joy Marbot, livré à lui même face à son prédateur. La seconde partie est plus dans l’émotion sans en faire trop quand Sébastien et César vont mutuellement se sauver l’un et l’autre. Pour porter ce film, quel excellent choix que se le confier à un autre colosse du cinéma et de la télévision en la personne de Cantona, une nouvelle fois magistral dans l’incarnation. Même s’il s’agit de fiction, le voir prononcer ces mots et « parler » ne donne que plus de force non seulement à l’histoire mais aussi aux propos portés par l’histoire. Face à lui, le casting des deux époques est tout aussi magistral et se voit confier des moments de fortes émotions. L’une des grandes scènes du film est celle où Sébastien adulte fait face à sa famille pour leur annoncer ce qu’il a traversé. La réalisation joue à ce moment sur une très belle sobriété qui renforce le caractère très fort ce que traverse alors le personnage.

On regrettera sans doute un peu que le film soit trop court, et comme souvent accélère le propos de la seconde partie pour rentrer dans le cadre imposé. Le film aurait gagné à avoir quelques minutes de plus au compteur afin de pouvoir davantage se pencher sur l’histoire de César qui n’apparaît et c’est dommage qu’au second plan.
Mais l’ensemble demeure de la très grande télévision et permet de proposer sur une grande chaîne un sujet fort et dont il convient de « parler ».

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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