Adaptée d’un roman de Anne Rice, Mayfair Witches raconte l’histoire d’une jeune femme qui découvre qu’elle appartient à une longue lignée de sorcières.
C’est quoi, Mayfair Witches ? Neuro-chirurgienne, Rowan (Alexandra Daddario) possède un étrange pouvoir qu’elle ne contrôle pas : par la pensée, elle provoque des hémorragies cérébrales fatales chez ceux qui la mettent en colère. A la mort de sa mère adoptive, elle s’interroge sur ses origines et retrouve la trace de sa famille, les Mayfair, à la Nouvelle-Orléans. Suivie à son insu par le mystérieux Cyprien Grieve (Tongayi Chirisa), elle retrouve sa mère biologique Deirdre ( Annabelle Gish) et découvre qu’elle est issue d’une lignée de puissantes sorcières. Elle va devoir choisir d’accepter ou non son héritage et ses pouvoirs, tout en résistant à l’influence malsaine qu’exerce sur toutes les femmes de la lignée le ténébreux et redoutable Lasher (Jack Huston).
L’essentiel
Si son nom ne vous dit rien, son œuvre ou du moins une partie de celle-ci vous est certainement familière : Anne Rice, décédée fin 2021, est l’auteure de Entretien avec un vampire, adaptée au cinéma avec Brad Pitt et Tom Cruise dans les rôles principaux. Le même roman a donné lieu à une série (inédite en France) l’année dernière sur AMC, qui a servi de point de départ à la plate-forme pour inaugurer le Immortals Universe.
Coproduite par le fils de Anne Rice, Mayfair Witches s’inscrit dans cet univers – même si les deux séries peuvent se regarder indépendamment. Ici, c’est donc un autre roman de la reine de la fiction gothique, le premier d’une trilogie littéraire, qui prend forme à l’écran. Et alors que la première saison de huit épisodes arrive sur Paramount+, signalons que la série a été renouvelée.
On aime
L’histoire de Mayfair Witches est indéniablement riche et pleine de potentiel. Une famille de sorcières, un coven, un personnage qui s’interroge sur ses origines, des mystères, des secrets, des pouvoirs, une société clandestine (le Talamasca, que les fans de Anne Rice connaissent bien…), une prophétie, une malédiction… Pour les amateurs de fantastique / surnaturel, c’est la fête ! La série prend naturellement des libertés vis-à-vis de son matériau de départ, et en général de manière pertinente – comme avec l’introduction du personnage intrigant de Cyprien.
Entre flash back, séquences oniriques ou magiques et récit au présent, c’est une trame complexe qui monte progressivement en puissance. Il y a surtout une atmosphère gothique et décadente particulièrement réussie. Décors, costumes ou mise en scène : la série nous entraîne dans un univers sombre où la magie semble possible, au cœur d’une histoire de sorcellerie sur plusieurs générations. La ville de la Nouvelle-Orléans avec son carnaval coloré, ses vieilles maisons coloniales, ses cimetières gothiques, son climat moite et l’empreinte de son Histoire, occupe aussi une place très importante.
Si la sorcière est un des personnages les plus emblématiques des mythes et des contes, elle a longtemps été marquée par des connotations sexistes avant de devenir récemment une figure éminemment féministe. Mayfair witches s’empare de ce renversement de paradigme pour raconter l’histoire du clan Mayfair, une famille exclusivement matriarcale menée par des femmes puissantes et indépendantes. Rowan qui prend conscience de ses pouvoirs, sa cousine Tessa, sa mère Deirdre victime d’une histoire tragique, la matriarche Carlotta (que vous allez adorer détester) : autant de femmes fortes et complexes, libérés des attentes imposées par la société et prêtes à embrasser leur pouvoir et leurs désirs. Une partie de l’intrigue repose aussi sur un faction d’hommes déterminés à éradiquer les sorcières – un autre élément qui permet d’aborder des thèmes en résonance avec l’actualité, malgré quelques raccourcis faciles.
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On aime moins
Certes plaisante à suivre, Mayfair Witches n’atteint toutefois jamais tout son potentiel, notamment à cause d’un problème de rythme ou plus exactement de choix scénaristiques discutables. Il y a d’abord la décision de se focaliser sur Rowan, au détriment des personnages secondaires. Ils sont peu développés, au point qu’il n’est pas évident de comprendre exactement leur rôle ou leur place dans le clan, et certains semblent même interchangeables. Et malgré son physique de beau ténébreux, le personnage de Lasher manque cruellement de charisme, lui dont le magnétisme est pourtant essentiel dans l’histoire.
Le récit s’appesantit aussi longuement sur les pouvoirs de Rowan dans des scènes redondantes, expédiant par exemple d’autres arcs narratifs en quelques minutes (comme l’histoire – pourtant fascinante – de sa mère Deirdre.) L’autre défaut de Mayfair Witches vient d’une propension à trop vouloir s’expliquer, à détailler dans des dialogues maladroits des éléments déjà mis en lumière par les images et que la plupart des spectateurs avaient en outre anticipé…
Mais l’une des choses les plus déroutantes, dans Mayfair Witches, c’est la manière dont la série plaque un discours féministe sur une histoire qui, tout bien considéré, ne l’est pas tant que ça… Sans trop en dévoiler, ce sont bien les (rares) personnages masculins qui tirent les ficelles et font avancer le récit. Et spécifiquement Lasher, qui permet à Rowan d’utiliser ses pouvoirs, la manipule et la contrôle. Si l’intention semblait être de raconter l’histoire d’une femme qui s’affranchit pour vivre selon ses propres règles, c’est davantage, pour une bonne partie de la saison, l’histoire d’un homme qui révèle (à son propre avantage) à une femme ce dont elle est capable…
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On regarde si… on adore les ambiances gothiques et les histoires de coven ; on cherche une série intrigante et plaisante ; on est fan de Alexandra Daddario qui est (il faut le dire) aussi belle que talentueuse.
On ne regarde pas si… on adore les romans de Anne Rice pour la complexité des intrigues et l’analyse psychologique des différents personnages ; on aime les séries qui mènent leur récit tambour battant avec un rythme soutenu ; et évidemment si on est hermétique au fantastique et au surnaturel (mais ça, vous l’aviez deviné)
Mayfair Witches
8 épisodes de 50′
Sur Paramount+.