Montmartre est sans aucun doute l’une des séries les plus attendues de la rentrée sur TF1 de part son ambition et sa démesure.
Paris, 1899. Céleste (Alice Dufour), danseuse de Cancan dans un cabaret de Montmartre, tente désespérément de retrouver le frère et la sœur dont elle a été séparée brutalement enfant quand leur père a été assassiné sous leurs yeux. Pour pouvoir payer Léon (Hugo Becker), l’inspecteur chargé de les retrouver, elle n’a d’autre choix que de danser nue. Céleste devient ainsi la première effeuilleuse de Paris et fait scandale bien malgré elle. De spectacle en spectacle, à mesure qu’elle prend de l’assurance, une nouvelle vie s’offre à elle mais les démons de son passé ne cessent de la rattraper.
Arsène (Victor Meutelet), jeune ingénieur automobile issu des beaux quartiers, s’apprête à reprendre les rênes de l’usine de son père. Promis à un bon parti et à une vie toute tracée, il ne se résout pas à honorer un mariage de convenance alors qu’il aime secrètement les hommes. Il prend alors le risque de s’opposer à son père et rompt subitement ses fiançailles, ignorant qu’il va ainsi déterrer un lourd secret bouleversant toutes ses certitudes.
Rose (Claire Romain), jeune blanchisseuse des faubourgs, très amoureuse, se prépare à fonder une famille avec son fiancé. Mais son rêve est de courte durée lorsqu’il la conduit en réalité dans une maison close où elle est enfermée. Rose parvient à s’enfuir mais, poursuivie par ses souteneurs, elle se jette dans la Marne et se retrouve entre la vie et la mort.
Aucun de nos trois héros ne sait alors que les liens du sang les relient.
Aucun d’eux ne sait encore que tout ne fait que commencer… et que leur destin reste à écrire, ensemble, sous le ciel de Montmartre.
L’essentiel
La grande saga historique est une grande et belle tradition française, présente depuis des décennies pour le meilleur et pour le pire. Il y en a eu de prestigieuses dans les années 70 ; TF1 et France Télévisions en souvent proposé dans les années 90 (on se souvient de l’excellent Monte-Cristo de Josée Dayan) ; et le genre revient régulièrement pour le plus grand plaisir des amateurs, mixant la saga historique avec les intrigues soapesques. Avec Le bazar de la charité, Les combattantes ou bientôt Un été 36, TF1 a largement démontré son savoir-faire dans la fresque historique à grand spectacle.
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Dès le 29 septembre, elle en proposera une nouvelle brillante incarnation avec Montmartre, une série qui a su faire parler d’elle dès l’annonce du projet et à chacune de ses étapes. Comme l’explique Anne Didier (Directrice artistique de la fiction française de TF1) dans le dossier de presse de la série, « avec Montmartre, nous poursuivons notre engagement en faveur d’une création française exigeante, audacieuse et populaire. Cette nouvelle grande fresque historique et romanesque, à la fois intime et spectaculaire, illustre parfaitement notre ambition : raconter des histoires qui marquent, qui émeuvent et qui rassemblent.«
Pour cette nouvelle série, tout en respectant un cahier des charges bien établi et que l’on reconnaitra sans peine (une grande histoire encrée dans l’Histoire, un casting XXL de visages connus, et des histoires haletantes), TF1 a fait appel à Aline Panel et Estelle Boutière pour produire ces 8 épisodes qui auront la charge non seulement de séduire le public de la chaîne tout en rivalisant avec les standards internationaux. A l’écriture de cette série, on retrouve Brigitte Bémol et Julien Simonet, tandis que l’excellent Louis Choquette (Philharmonia) en signe la mise en scène. Pour un résultat à la hauteur des attentes.


On aime
Montmartre nous fait de l’œil depuis un moment, elle a su parfaitement nous charmer. Ce qui saute aux yeux tout au long de la série c’est sa grande beauté. Montmartre est une série absolument sublime, avec un vrai parti-pris non seulement dans la mise en scène, mais aussi dans les décors, les costumes jusqu’à la mise en scène « du show » dans la série. Alors que l’on continue injustement de critiquer la fiction de TF1, Montmartre est la carte de visite XXL de ce qui se fait de mieux en matière de fiction. On en prend plein les yeux, les décors sont somptueux à commencer par le cabaret de Youri, centre névralgique de l’action de la série. Tout un travail sur la photo a été fait par les équipes de Louis Choquette qui donne une couleur spécifique quasiment à chaque décor de la série (comme le cabaret qui lorgne du côté du rouge / orange). Mais c’est bien à toutes les étapes de fabrication de la série que l’on ressent une vraie volonté de proposer quelque chose qui « claque » et le spectacle est bien présent, comme sait parfaitement le faire Louis Choquette.
Côté casting, Montmartre fait très fort, s’offrant une galerie de personnages et de acteurs-rices absolument fantastiques. Mais ce que l’on a débord envie de saluer c’est la volonté de la chaine et de la production de « renouveler » celles et ceux qui occupent des positions importantes dans la série. Certes la série regorge de visages bien connus des feuilletons quotidiens avec par exemple Benjamin Baroche, Mikaël Mittelstadt ou Claire Romain ; des visages habitués de ces productions comme Hugo Becker ou Victor Meutelet. Mais deux rôles très centraux dans la série se révèlent à tous égards brillants.
C’est d’abord le cas de Alice Dufour (Céleste) qui a la lourde charge de porter la série, mais aussi d’incarner les impressionnants numéros sur scène, elle remplit plus que de raison sa mission et se montre éblouissante, affichant un charisme indéniable. On ne le voyait pas assez dans des fictions télé (alors qu’elle fut l’incroyable révélation de Hard saison 3 il y a 10 ans), gageons que cela va changer. Il en est de même pour Pablo Pauly (Youri) qui est l’autre incroyable personnage de cette série. Le comédien a lui aussi été révélé dans la très drôle série de Canal+ Les lascars mais est devenu un grand visage du cinéma. Il est incroyable dans le rôle de ce patron de cabaret solaire, humaniste et progressiste. Sans oublier le personnage de juge Rochefort incarné par un Thibault de Montalembert tout droit sorti d’un roman de Dumas.


Une histoire dans la grande Histoire
A la manière des feuilletonnistes du XIXe siècle qui encraient leurs histoires dans le tumulte de la grande Histoire, Montmartre raconte une époque et ses nombreux bouleversements. Elle évoque à la fois les progrès de la technologie ; la situation des femmes qui ne sont pas réduites à être ce que l’on pense qu’elles étaient à cette époque, mais peuvent aussi être en avance sur leur temps (comme c’est le cas pour Céleste et sa rencontre avec Sarah Bernhardt) ; les questions de société comme la représentation des minorités , … Le tout en racontant une grande histoire, un grand fil rouge qui s’étire sur les 8 épisodes. Et c’est sans doute là que réside la petite faiblesse de la série.
En effet, alors qu’elle ne compte que 8 épisodes, elle brasse un nombre trop important de sujets qui, dans une grande saga qui dure, auraient trouvé leur place, mais qui ici donnent assez un sentiment de trop plein. De même les situations propres à chaque personnage avancent trop vite d’un épisode à l’autre. Montmartre contient tout ce qu’il faut pour nourrir une série sur le long terme mais en dit trop en peu de temps.
Reste que le fil rouge est lui vraiment passionnant tel un page turner redoutable, et qu’il gagne en intensité à mesure que le coupable ne se dessine devant nous (avec une incarnation qui rappelle les grands méchants de la littérature) mais ce qui est dommage c’est que ça survient à l’avant dernier épisode. On aurait tant aimé en voir davantage.

Montmartre
8×52 minutes
Dès le 29 septembre sur TF1 et TF1+
Ils s’appellent Céleste, Arsène et Rose.
— TF1 (@TF1) September 9, 2025
Ils ne savent pas encore qu’ils sont liés par le sang.
Tout ne fait que commencer sous le ciel de 𝙈𝙤𝙣𝙩𝙢𝙖𝙧𝙩𝙧𝙚, dès le 29 septembre sur TF1 et TF1+ ✨ pic.twitter.com/TNqXxjIlTB