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OPENSCIENCE : « Ces expérimentations ont fait émerger une approche plus exploratoire, plus « bricolante » à la biologie »

De passage à Paris, Sarah Choukah, co-fondatrice de Bricobio Montréal nous dévoile les contours de ce laboratoire citoyen dédié au biohacking à Montréal. Une expérimentation qui a attiré l’attention de la commission Kavadeen (qui signifie « découvertes ») de l’association des cadres bretons, lors de sa séance mensuelle à l’Assemblée nationale.

1/ Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de votre initiative ?

La vision que nous avons pour Bricobio Montréal s’est développée d’une part à partir de nos expériences collectives en tant que membres de laboratoires de biotech communautaires. D’autre part, certains d’entre nous ont fait partie d’équipes participantes à la compétition de biologie synthétique Genetically Engineered Machines (iGEM). La compétition réunit chaque année des étudiants de collèges et d’universités d’un peu partout dans le monde. Chaque équipe propose des projets de bioengénierie et de biologie synthétique utilisant des pièces d’ADN standardisées appelées biocricks.
Ces expérimentations ont fait émerger une approche plus exploratoire, plus « bricolante », si je peux m’exprimer ainsi à la biologie. Nous valorisons le fait qu’il n’est pas nécessaire de posséder un doctorat et plusieurs années d’expérience pour mieux comprendre des enjeux cruciaux à confronter dans le domaine des nouvelles biotechnologies. De même, nous tenons à engager le public dans ces enjeux en montrant qu’il est possible de pratiquer la biologie moléculaire à l’extérieur d’universités ou de laboratoires privés tout en s’assurant que ces pratiques soient sécuritaires et bien encadrées.
Notre approche consiste ainsi à démocratiser la science en proposant des ateliers, des activités et présentations accessibles à tous, d’une part. De l’autre, nous voulons permettre aux membres intéressés de travailler sur leurs propres projets de biologie moléculaire ou synthétique en disposant d’un laboratoire bien équipé. Nous espérons que les rencontres que permet l’espace entre des professionnels et des étudiants de diverses disciplines aidera à la création de projets qui n’auraient pas connu leur réalisation autrement. Il est important pour nous de travailler au carrefour des sciences, des arts et de la technologie pour mieux comprendre le vivant à partir de là.

2/ Quels ont été les freins et les accélérateurs à son lancement ?

Depuis deux ou trois ans déjà, il était évident que ce genre d’initiative verrait éventuellement le jour à Montréal suite à l’émergence de groupes semblables dans différentes villes d’Europe et des États-Unis. La première réunion du groupe, le 28 août 2013, a attiré beaucoup d’intéressés. Cependant il était plus difficile de convertir l’intérêt en contribution de temps ou d’argent qui puisse témoigner de cet engagement.
Ainsi, le fait que les gens sont généralement occupés et n’ont qu’un temps limité à dévouer à ce genre d’activités est certainement une contrainte avec laquelle il faut travailler. Nous cherchons toujours le moyen de financer nos activités et notre laboratoire pour nous assurer une certaine stabilité dans les mois et années à venir.
Les membres qui ont continué à se présenter aux réunions du groupe ont depuis développé des liens d’amitié, certains très forts, ce qui a fortement contribué à développer un fort esprit d’appartenance entre nous.
Nous cherchons aussi à développer des projets avec des membres d’autres laboratoires communautaires, des groupes d’artistes ainsi que des entreprises. Bien qu’assurer la mise en place de ces réseaux soit une tâche assidue, je suis certaine que l’effort portera éventuellement fruit et que la pertinence, l’importance d’initiatives telles que celles de Bricobio soit plus visible.

3/Aujourd’hui, quels soutiens avez-vous besoin pour concrétiser votre projet ?

Nous avons besoin d’appuis et de financement. Nous comptons approcher autant le maire de la ville de Montréal que des organismes qui pourraient être intéressés à faire des dons à Bricobio, qu’il s’agisse de financement, de locaux ou d’espaces qui pourraient loger le laboratoire, ou d’équipement et de matériel usagé qui pourrait servir aux membres.
Ce soutient se fait déjà sentir de la part de groupes dont nous sommes proches et se traduit déjà en aide concrète. Par exemple, le maire de Montréal, Denis Coderre, a visité les nouveaux locaux de La Paillasse, le laboratoire de biotech amateure de Paris lors d’une passage dans la ville le 13 mai dernier. J’ai appris qu’il effectuait cette visite en ligne sur la liste de discussion DYIbio.org, et me suis dépêchée d’utiliser Twitter pour entrer en contact avec les membres de La Paillasse afin de leur demander d’évoquer notre présence au maire afin de nous faire connaître un peu auprès de lui. Auparavant, un membre de La Paillasse nous avait également rendu visite à Montréal, dans le cadre d’une tournée de reportages photographiques des hackerspaces et biolabs indépendants aux États-Unis et au Canada. Nous espérons continuer à développer des projets qui pourront réunir des hackers et biohackers intéressés, indépendamment des frontières nationales.
Nous voulons également élargir notre groupe afin d’assurer sa diversité. Nous souhaitons qu’il soit aussi composé autant d’anglophones que de francophones ainsi que de gens de communautés ethniques ou immigrantes diverses. Ceci nous aidera à mieux refléter la composition unique du paysage culturel et scientifique québécois.

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