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Paralympiques 2016 : Timothée Adolphe, le « guépard blanc »

Timothée Adolphe représentera la France à Rio de Janeiro durant les Paralympiques de 2016 (du 7 au 18 septembre). Malvoyant de naissance, l’athlète spécialiste du 100 et 400m s’est longtemps battu pour courir malgré de nombreux obstacles.

Avec Timothée Adolphe, la délégation française paralympique possède une vraie chance d’obtenir des médailles. Avec ses deux guides (Jeffrey John pour le 100m et Fadil Bellaabouss pour le 400m), l’athlète malvoyant s’est construit un solide palmarès avant Rio. Timothée Adolphe a été médaillé de bronze aux championnats du monde 2013 et 2015, médaillé d’or aux 200m et 400m aux championnats d’Europe 2014 et encore médaillé d’or du 100m et 200m aux championnats d’Europe de 2016. Il détient également le record d’Europe aux 100, 200 et 400m…

Timothée Adolphe, médaille de bronze du 400m avec son guide Fadil Bellabouss, aux championnats du monde de Doha (Qatar).

Timothée Adolphe, médaille de bronze du 400m avec son guide Fadil Bellabouss, aux championnats du monde de Doha (Qatar).

Cependant, avant d’y parvenir, il a dû se battre, ne serait-ce que pour trouver des clubs d’athlétisme voulant bien l’accueillir malgré son handicap. Car Timothée Adolphe, 26 ans cette année, est malvoyant depuis la naissance. A trois ans, il a dû être opéré de la cataracte des deux yeux. Timothée pouvait malgré tout voir un peu de l’œil droit. Mais durant toute sa vie, Timothée aura joué de malchance. Juste après son opération, alors qu’il court dans une cage d’escalier, il trébuche et sa tête heurte une porte vitrée. « Déjà à cet âge-là j’avais envie de courir », nous précise-t-il avec humour.

Mais le verdict des médecins est sans appel : décollement de la rétine de l’œil droit, œil avec lequel il voyait le mieux. Du coup, il ne voit plus que de l’œil gauche, à hauteur de 1/20ème. A 6 ans, la malchance le poursuit. Il reçoit un coup de pied dans l’œil gauche, provoquant un ulcère de la cornée. A partir de là, Timothée sait que sa vue, déjà très faible, va progressivement diminuer jusqu’à disparaître complètement à l’âge adulte.

Timothée Adolphe 2

« Je n’ai pas de temps à perdre avec un aveugle »

Malgré tous ces accidents, Timothée est un garçon hyperactif, une « pile électrique », qui aime se dépenser. Mais comment pratiquer un sport avec un tel handicap ? Avec ses parents, il a cherché partout des clubs qui seraient susceptibles de vouloir l’accueillir (judo, basket etc…). Chaque fois, la réponse a été négative : « pas de section handisport », « pas les moyens et les infrastructures pour vous accueillir ».

Puis, à 11 ans, le club d’athlétisme de Guyancourt a bien voulu le prendre et lui faire pratiquer l’athlétisme « comme n’importe quel gamin de son âge. » C’est le début de son aventure avec l’athlé, une aventure qui sera à la fois belle et semée d’embûches. A Guyancourt, Timothée s’éclate, pratique la course de haies, le saut en longueur et en hauteur.

A 14 ans, sa famille et lui déménagent. Il a fallu tout recommencer à zéro, trouver un autre club d’athlétisme aussi compréhensif que celui de Guyancourt. La tâche est ardue. A 15 ans, alors qu’il faisait ses études à Angers, un entraîneur lui a répondu sèchement : « Je n’ai pas de temps à perdre avec un aveugle. » « J’ai pris une claque à ce moment-là, nous avoue l’athlète. Mais plus tard, je me suis servi de ces mots pour me motiver et aller plus loin. »

Tim coeurhandisport.fr

 La naissance du « guépard blanc »

Après cette « claque », Timothée s’est tourné vers d’autres sports comme le torball (sport collectif d’opposition destiné aux personnes malvoyantes visuelles et ouvert aux valides) et vers son autre passion, la musique (il est auteur-interprète hip-hop). Son histoire d’amour avec l’athlétisme, mise en stand by pendant quelques années, va soudain renaître.

A 20 ans, un ami lui parle du PUC (Paris Université Club) de Charléty, dans le XIIIème arrondissement de Paris. « Cet ami m’a dit d’aller voir là-bas, qu’Assia al Hannouni (athlète handisport franco-marocaine) s’y entraînait et qu’il devait forcément y avoir une section handisport. » Il y est allé, et il y a rencontré son coach actuel, Arthémon Hatungimana, qui lui a donné le surnom de « guépard blanc ». « Lui a bien voulu perdre son temps avec un aveugle », nous dit-il avec humour.

Assia el Hannouni, championne paralympique du 400m à Londres en 2012.

Assia el Hannouni, championne paralympique du 400m à Londres en 2012.

Au PUC de Charléty, Timothée Adolphe impressionne. Même les guides du club parisien ne sont pas assez rapides pour le suivre lors de ses courses. Arthémon Hatungimana lui trouve alors deux guides qu’il a vus courir à l’INSEP : Jeffrey John pour le 100m et Fadil Bellaabouss pour le 400m. « Tim est quelqu’un qui progresse énormément, nous confie Fadil Bellaabouss. Il avait donc besoin d’un guide qui allait aussi vite que lui. Notre objectif était de courir aux championnats du monde 2015 à Doha (Qatar), et décrocher un billet pour les Paralympiques de 2016. »

 Il ajoute : « J’ai beaucoup discuté avec lui parce que ce rôle de guide était complètement nouveau pour moi. Et aussi pour connaître ses objectifs. Avant de le connaître, je croyais être un lion mais je me suis rendu compte que je n’étais qu’un chat à côté de lui. »

Après les championnats du monde de l’année dernière au Qatar (médaille de bronze du 400m avec Fadil Bellaabouss), place maintenant à Rio de Janeiro et au rêve olympique pour Timothée Adolphe. Après avoir raté les paralympiques de Londres en 2012, le guépard blanc a une revanche à prendre et ne pense plus qu’à une chose : croquer le métal frappé du symbole des paralympiques.

 

 

 

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