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Paris : des milliers de personnes rassemblées pour défendre le droit d’informer

Journalistes, représentants syndicaux et politiques, militants pour les droits de l’homme, associations et gilets jaunes se sont donnés rendez-vous aujourd’hui, place du Trocadéro, pour défendre leur liberté face à la proposition de loi « sécurité globale ».

« Visages floutés, justice aveugle ! ». Aujourd’hui à 14h30, un rassemblement a eu lieu place du Trocadéro, dans le 16ème arrondissement de Paris, contre la proposition de loi « sécurité globale ». L’article 24, qui prévoit l’interdiction de filmer et de diffuser les images des forces de l’ordre, concentre les principales critiques des participants à cette manifestation.

Lancé à l’appel des syndicats de journalistes et des associations Amnesty France et Ligue des droits de l’homme, le rassemblement a mobilisé plusieurs milliers de personnes, selon les organisateurs de l’événement.

L’article 24, voté la veille après 4 heures de débats, cristallise les tensions. Il prévoit la peine d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende » en cas de diffusion d’images d’un policier ou militaire « dans le but manifeste de porter atteinte à son intégrité physique ou psychique » sans préjudice du droit d’informer.

Militants et portes-paroles de forces politiques de gauche, étudiants, avocats, associations attachées au droits de l’hommes, « gilets jaunes » ainsi que des journalistes étaient présents ce jour pour ce rassemblement statique faisant face à la Tour Eiffel.

« Stop au floutage de gueule ! »

Un important dispositif sécuritaire a été déployé pour l’occasion. Pour rappel, une première manifestation s’est tenue mardi 17 novembre devant l’Assemblée nationale et avait laissé place à de nombreux affrontements. Un journaliste avait été interpellé et mis en garde à vue.

De nombreuses brigades des forces de l’ordre étaient présents afin de contrôler les avenues attenantes. Une barrière a été levé interdisant l’accès au parvis des Droits de l’homme. « Un symbole de la régression de nos libertés humaines » pour Emmanuel Poupard, 43 ans et premier secrétaire général au Syndicat national des journalistes (SNJ).

« Vos armes contre nos caméras » pouvait-on lire sur certaines pancartes tenues par des journalistes venus manifester contre cette loi, et en particulier cet article 24 qu’ils jugent « liberticides ». Dominique Pradalié, rédactrice en chef à France 2 et secrétaire générale du SNJ, souligne l’unité de la profession pour conserver la liberté d’informer : « Depuis 2017, ce pouvoir n’a eu de cesse d’asservir les journalistes. Il est donc normal que nous soyons rassemblés et nous le serons encore pour nous rendre devant le Conseil constitutionnel si la loi est votée à l’Assemblée nationale ».

« Il est important d’être ici pour défendre une liberté fondamentale : celle de la liberté de la presse. Cette loi est le coup de trop du quinquennat Macron. », estime Jean-Louis, 64 ans et ancien militant communiste. Et d’ajouter le visage fermé : « Ça ne touche pas seulement les journalistes, c’est la liberté d’expression de tous qui est attaquée ».

Le souvenir des affaires récentes de violences policières, les manifestants voient le fait de filmer comme une garantie pour la liberté mais aussi pour la justice. Edwy Plenel, 68 ans et journaliste – fondateur de Mediapart, le rappelle : « Si cette proposition de loi est adoptée, il n’y a pas d’enquête sur la mort de Cédric Chouviat, il n’y a pas d’affaire Benalla, ni d’affaire Legay. La démocratie, c’est d’abord le droit de s’informer. »

A 17h, une foule plutôt joyeuse a quitté le Trocadéro et s’est engouffrée dans les bouches de métro au rythme de quelques slogans : « Liberté ! Liberté ! ». Les limites imposées par l’attestation dérogatoire de manifester durant la période de confinement ont été respectées. Cependant, quelques incidents mineurs ont eu lieu en fin de manifestation du fait d’échanges de propos entre manifestants et forces de l’ordre après l’annonce de la fin du rassemblement déclaré et l’ordre de dispersion.

A Nice, Rennes, Lille ou Montpellier, le SNJ a recensé une vingtaine de rassemblement dans toute la France.

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Journaliste culture, politique et société
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