C’est ce jeudi 27 janvier, jour où débute la visite officielle du président Rohani à Paris, que des centaines de manifestants se sont retrouvés place Denfert-Rochereau pour protester contre les exactions menées par la République Islamique d’Iran.
L’Iran est un régime pourtant adoubé par les puissances occidentales depuis l’accord sur le programme nucléaire iranien signé à Vienne le 14 juillet, qui a débouché sur la levée des sanctions économiques qui pesaient sur l’Iran.
« Nous manifestons pour dénoncer la hausse des exécutions en Iran. Nous demandons que les Français nous soutiennent pour mettre fin au fascisme religieux » entend-on dans le mégaphone d’une manifestante en tête du cortège. « Rohani, dictateur, terroriste », scandent les manifestants en iranien et en français. Directement rendu coupable donc, le modéré Rohani, surnommé le « cheikh diplomate », a été porté à la présidence par le peuple iranien en 2013. Ce visage rassurant auquel se fient désormais les puissances occidentales masque pourtant une toute autre réalité.
Et c’est la raison pour laquelle ces manifestants sont venus exprimer leur colère et jeter la lumière sur la violation des droits de l’homme perpétrée de manière systémique par la république islamique. L’Iran est en effet le pays qui compte le plus de nombres de condamnés à mort par habitants.
En trois ans 2000 personnes ont été exécutées par le pouvoir
Ainsi entre 2013 – arrivée au pouvoir du président Rohani – et 2016, pas moins de 2000 personnes ont été exécutées par le pouvoir, au nombre desquels on trouve une majorité d’opposants politiques. Rien que durant le mois de janvier, 19 personnes ont été mises à mort, dont trois pendaisons publiques. Aujourd’hui, ce sont des dizaines de jeunes délinquants qui sont condamnés à la peine capitale pour des faits commis étant mineurs.
Récemment, c’est la condamnation à 6 ans de prison et 223 coups de fouet pour « outrage aux valeurs sacrées de l’islam » et « relations illicites » du réalisateur iranien Keywan Karimi qui a suscité l’émotion de l’opinion publique internationale.
Des cinéastes apportent leur soutien au réalisateur iranien Keywan Karimi condamné à 6 ans de prison https://t.co/brVbUlP30V via @Culturebox
— Le Tarmac (@LeTARMAC) 13 Janvier 2016
C’est pourtant cette même communauté internationale qui se réjouit de la crédibilité retrouvée du pays et de sa réintégration sur la scène publique internationale. Ainsi, sur les pancartes brandies par les manifestants, on peut voir les visages de ces hommes et ces femmes honnies, persécutés par la république islamique.
L’Iran, premier pays en terme de nombres de condamnés à mort par habitants.
Outre les opposants politiques, les minorités ethniques – arabes, turkmènes, kurdes, baloutches – du pays sont également la cible du pouvoir. Ces discriminations ethniques sont indissociables de celles qui s’abattent sur les minorités religieuse.
Ainsi, dans les prisons de Téhéran, on dénombre des centaines de membres des minorités religieuses, dont beaucoup de sunnites qui composent 9% d’une population à dominante chiite. L’ONG Freedom House place le pays en bas de la liste, au rang de pays « non libres » en matière de liberté religieuse.
Les femmes ne sont pas en reste, veulent faire entendre les manifestants qui ont affiché des panneaux qui font état des différentes catégories de victimes persécutées apr la république Islamique.
On peut donc y lire, outre le chiffre de 2000 exécutions sous Rohani et les persécutions ethniques, le chiffre de 25 femmes attaquées à l’acide, et voir le visages des femmes tombées sous le régime.
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Texte : Roxane Poulain
Crédit Photo : Élisa Mau