Première édition de « Paris vu d’en haut » réussie ce vendredi 8 et samedi 9 avril. Cet événement organisé via Facebook par cinq jeunes étudiantes, a attiré plus de 60 000 intéressés, pour seulement une soixantaine d’heureux élus tirés au sort. La visite propose de découvrir des toits secrets de Paris et promet des surprises. Radio VL vous met dans la confidence et vous fait monter aux cieux de la capitale.
Toit n°1 : couvreurs d’un jour
Début d’après-midi dans le 16e arrondissement. Tandis que les écoliers retournent en classe, une quinzaine de curieux sont au rendez-vous dans la petite cour d’un immeuble haussmannien en chantier. Sam, le chef de chantier, nous accueille au pied de l’immeuble. Sous condition de porter des chaussures montantes adaptées, nous allons pouvoir accéder à cet échafaudage suspendu à la toiture. Avant d’atteindre le sommet, Sam nous présente le plan du projet. Deux bâtiments sont concernés par une rénovation pour l’isolation de la toiture et la transformation d’appartements. Les matériaux traditionnels des toitures haussmanniennes sont utilisés : charpente en bois, couverture en zinc directement mis en forme sur place et tuiles en ardoise pour les brisis. Les fenêtres sont élargies et la laine de bois est utilisée comme isolant. Nous avons le privilège de visiter ce chantier en cours où les ouvriers à la tâche clouent, positionnent les tasseaux ou découpent les tuiles. Nous nous tenons debout, à plus de 25m de hauteur par rapport au niveau de la rue, sur un toit parisien, face à la Tour Eiffel. Heureux d’avoir percés les mystères de la construction des toits, nous quittons le 16e arrondissement pour le 10e.
Toit n°2 : le paradis des abeilles
Pour cette deuxième découverte, nous sommes accueillis par Diane, à son domicile. Elle nous fait monter sur sa terrasse qui offre une vue imprenable sur le sacré-cœur. Diane n’est pas seulement une généreuse habitante qui nous permet d’accéder à sa terrasse décorée avec goût mais est également apicultrice. Sa passion pour les insectes qui vivent en société a démarré avec les fourmis dés son plus jeune âge jusqu’aux abeilles aujourd’hui. Après que ses enfants aient grandi, elle a décidé d’installer des ruches sur sa terrasse. Cette initiative constitue un véritable geste pour la préservation de la biodiversité à Paris. En effet, les abeilles sont très heureuses en ville grâce à la variété de végétaux qu’on trouve dans les espaces publics et privés. Chaque ruche contient entre 50 et 60 000 abeilles, qui doivent effectuer 4 millions de voyages pour produire l’équivalent de 10 kilos de miel. Le miel sert de nourriture de réserve pour les abeilles en hiver. Diane a donc choisi d’opérer des récoltes raisonnées, à raison d’une par an au printemps ou en été, afin d’éviter de substituer la nourriture naturelle de ses insectes.
Pourquoi pas vous?
Si vous souhaitez, comme Diane, accueillir des abeilles sur votre terrasse, balcon ou jardin, sachez que l’opération n’est pas si périlleuse. A Paris, la seule consigne est de placer des haies de 2m de haut minimum de chaque côté des ruches (une haie de bambous en pot fera l’affaire). Aucune distance minimum par rapport au voisinage n’est exigée. Pour l’investissement de départ, comptez 200 euros pour l’achat d’une première boîte avec compartiments et un équipement de protection (combinaison + enfumoir). Ajoutez à cela une journée de formation et vous serez fin prêt pour démarrer votre activité. Si vous pratiquez une apiculture respectueuse, seules 2 à 3 manipulations par an sont nécessaires. Sachez également que les abeilles sont des insectes inoffensifs tant que vous ne les maltraitez pas. Les piqûres sont en effet mortelles pour elles.
Après cette visite instructive, nous avons rendez-vous chez notre garagiste préféré.
Toit n°3 : Mesdames, Messieurs, le spectacle va commencer!
Ce garage Renault ne paye pas de mine depuis le bas de la rue. Pourtant, un parking s’étage sur des niveaux allant jusqu’au toit. A la sortie de l’ascenseur, la surprise nous prend de court. Au bout de la rampe, une voiture semble prête à prendre son envol vers le ciel bleu de Paris en ce bel après-midi. Le parking offre une vue à 360° sur tous les monuments : là bas, le centre Pompidou, par ici, la tour Eiffel, un peu plus loin, la tour Montparnasse. Recroquevillée dans un coin, une dame costumée attire soudain l’attention. Autour d’elle, des chaises sont disposées pour le spectacle qui va commencer. L’artiste Michel Costiou est également présent pour saisir la performance en peinture. Sa spécialité, le travail sur le mouvement à l’encre de Chine sur des matériaux de récupération, ici le zinc de toiture, le mène à des collaborations avec des danseurs, des sportifs ou encore des musiciens. Il démarre la musique dans une ambiance très calme et ensoleillée, la performance commence.
L’ancienne danseuse d’opéra se dévoile avec grace face au petit public profitant de cet instant suspendu dans le temps et dans le ciel. La terrasse est aussi utilisée pour le décor de plusieurs films et publicités telles que le spot flower by Kenzo ou encore une scène du film Antigang avec Jean Réno.
Toit n°4 : Après l’effort, le réconfort
Après toutes les ascensions et parcours à travers les rues de la capitale, la journée d’achève sur le célèbre toit des Galeries Lafayette. Cette terrasse offre une vue panoramique de Paris, vu d’en haut, accessible à tous et idéale pour une petite séance de bronzage en toute détente. Nous retrouvons les organisatrices de l’événement qui nous attendent avec de quoi nous restaurer. Sponsorisé par le site de livraison Deliveroo, des pizzas, burgers, et autres sandwichs, accompagné de sodas sont offerts. Cette dernière pause est l’occasion de faire davantage connaissance avec les guides et visiteurs de cette journée. Pour encadrer et mener aux différents toits sélectionnés, un guide de Paris était à disposition de chaque groupe. Notre guide, Raphaël, est également journaliste et blogueur, spécialisé dans la musique. Il connaît de nombreux lieux secrets de Paris qu’il partage via son blog « les mystères de Paname« . L’autre guide présent sur cette dernière terrasse fait partie de la communauté des greeters, des guides gratuits, passionnés de la ville-lumière qui font partager leurs connaissances et lieux favoris aux touristes.
Ce projet a été réalisé à l’initiative de cinq étudiantes en master de médiation culturelle qui souhaitent rendre accessible les toits qu’elles considèrent comme bien public. L’objectif n’est pas de limiter le parcours à des points de vue remarquables de la ville mais de permettre de découvrir la vie des toits à travers les activités et les personnes qui créent l’effervescence. Les étudiantes envisagent déjà la poursuite de leur travail, qui, nous le souhaitons, permettra de nouvelles visites et découvertes uniques.
Crédits photographiques : Delphine Dargegen