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Les pesticides : enjeux de santé et de pouvoir

L’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a publié son rapport « expositions professionnelles aux pesticides en agriculture ». Seulement, le rapport a été publié avec du retard, et en faisant peu de bruit malgré les révélations que l’on peut y trouver.

Des constats alarmants :

Plus d’un million de personnes sont concernées par la nocivité de l’application des pesticides de part leur activité professionnelle en lien avec l’agriculture. Beaucoup d’autres agents sont aussi impliqués puisqu’il y a des dizaines de milliers de travailleurs non réguliers, de stagiaires, de même que de personnes résidant à proximité des lieux d’utilisation des pesticides.

Un des éléments les plus importants du rapports est que « Les politiques de prévention des risques sont en grande partie centrées sur quelques déterminants matériels de l’exposition relevant du comportement individuel des personnes au travail : mesures d’hygiène, port d’équipements de protection individuelle« . Ainsi, ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui sont jugés responsables des conséquences néfastes de l’utilisation abusive des pesticides puisqu’ils ne prendraient pas assez leurs précautions. Seulement, l’Anses prévient sagement que tant que les normes réglementant les quantités de pesticides ne seront pas vues au rabais, les conséquences resteront les mêmes. Les équipements de protection des agriculteurs contre les pesticides sont d’ailleurs eux aussi mis en cause de manière assez inédite.

pesticides

Les équipements sont mis en cause par le rapport © PiggingFoto, Shutterstock

 

Un travail de longue haleine presque saboté sur la fin :

« L’Anses s’est autosaisie en 2011 pour mener une expertise collective visant à identifier, évaluer et caractériser les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture, afin de proposer des actions de réduction et de prévention » peut-on lire dans le texte accompagnant la publication du report. Seulement, ce dernier, finalement paru le 25 juillet 2016, aurait du l’être au cours du mois de juin, retardé par deux fois. Une justification est visible sur le site de l’Anses : il s’agit de la « réception tardive par l’Agence d’une note faisant état d’une position minoritaire émanant de deux experts du groupe de travail ayant mené cette expertise« . Le comité de déontologie a donc été saisi devant cette situation inédite.

Conflits d’intérêts :

Ce genre de retardement n’est pas étonnant dans ce milieu. Des conflits d’intérêts sont largement présents, et ce même au sein de la structure qui vise à être le plus partial en la matière. La dite « position minoritaire » vient en effet de Mme Grimbuhler et M. Milhaud, et la première pourrait bien avoir des intérêts à ce que le rapport ne soit pas trop exigeant en ce qui concerne la réduction des insecticides. Le Monde l’a contacté et elle aurait avoué avoir « omis d’indiquer le projet pédagogique Educ’risk« , réalisé en collaboration avec une société agrochimique.

L’accès même aux informations en lien avec l’agriculture et les répercussions sanitaires de ses pratiques sont également un problème dans la transparence des études en la matière. L’Anses dénonce un « manque de données relatives aux expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture« . Les données n’existent-elles que peu ? Sont-elles simplement camouflées par des acteurs qui ne voudraient pas les voir s’afficher sur toutes les colonnes des journaux ?

Crédit image à la Une : Greenpeace

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