Face au scandale des poupées sexuelles à caractère pédocriminel vendues sur Shein, l’association Caméléon, qui lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants, s’associe aux étudiants de l’ISCOM pour un projet percutant. Grâce à une vidéo créée avec l’intelligence artificielle, ils transforment l’actualité en un outil de sensibilisation puissant.
Un scandale glaçant, un projet nécessaire
La récente découverte de poupées à caractère pédopornographique vendues sur des plateformes comme Shein a provoqué un choc national. En France, leur détention comme leur diffusion sont illégales car il s’agit de représentations pédocriminelles. Mais l’enjeu dépasse le cadre juridique. Pour l’association Caméléon, qui accompagne les jeunes victimes de violences sexuelles, ces objets contribuent à banaliser la sexualisation des mineurs, et peuvent encourager le passage à l’acte des prédateurs.
« Chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles en France. C’est l’équivalent d’un enfant toutes les trois minutes. », rappelle Églantine Cami, chargée de sensibilisation et de plaidoyer de l’association. Pour elle, ces poupées ne sont pas de simples objets : « Ce n’est pas juste une poupée. C’est un outil de banalisation. On banalise un corps d’enfant utilisé comme objet sexuel. ».
Au même moment, l’association souffre d’une baisse de visibilité et a besoin d’une campagne forte pour relancer les dons et poursuivre ses actions. C’est dans ce contexte que l’école Le Quatre (ISCOM) intervient. Durant un workshop d’une semaine, les étudiants sont mobilisés pour répondre à un véritable brief associatif, dans des conditions proches de celles d’une agence. « Le scandale Shein a éclaté : c’était l’occasion de créer un vrai rebond sur l’actu, tout en servant une cause vitale. », explique Sidoine,
étudiant impliqué dans le projet.
Quand l’IA donne une voix
Sidoine et Fayçal sont les deux étudiants qui ont mis en forme ce projet pour transformer le visage de la poupée en un message de prévention qui parle directement aux adultes. Pour marquer les esprits, les étudiants optent pour l’intelligence artificielle. Avec l’outil Runway, ils animent le visage de la poupée qui a circulé dans les médias, lui donnent une expression, une voix, un regard. « On voyait passer beaucoup d’histoires d’IA liées à la pédocriminalité, des montages d’enfants… On a voulu rebondir sur la polémique Shein et utiliser ces outils pour dénoncer, pas pour nuire. », raconte Fayçal.
En deux jours seulement, Sidoine et Fayçal parviennent à créer une vidéo d’un réalisme saisissant. « On aurait pu la faire plus rapidement, mais on a vraiment pris le temps pour obtenir un rendu propre et qualitatif », explique Sidoine et Fayçal.
La vidéo, désormais relayée par Caméléon sur ses réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn, YouTube), contribue à donner une visibilité essentielle à une cause dont l’urgence n’est plus à démontrer. « C’est très satisfaisant. Cette vidéo nous permet d’aller plus loin dans l’indignation collective. Le vrai problème, c’est la banalisation. Et cette campagne a le pouvoir de provoquer un choc. Le but n’est pas de faire culpabiliser, mais d’éveiller les consciences. », explique Églantine Cami.
Avec cette vidéo, en humanisant une poupée qui symbolise l’impensable, Sidoine et Fayçal replacent l’urgence au cœur du débat public. En France, selon l’association Caméléon, 40 % des personnes qui consomment des contenus pédopornographiques ont déjà cherché à contacter un enfant dans la vraie vie.