Ce vendredi 2 juin, le tribunal correctionnel de Paris a condamné un jeune homme, Maël H., 21 ans, pour avoir cyberharcelé la chanteuse Hoshi sur les réseaux sociaux, à la suite de sa prestation sur scène lors des victoires de la Musique de 2020. Retour sur cette jeune chanteuse, aujourd’hui âgée de 26 ans, victime de cyberharcèlement.
Les faits remontent au 14 février 2020, lors des Victoires de la Musique, lorsque Mathilde Gerner, dite Hoshi, interprète son dernier titre Amour censure, sorti le 2 décembre 2019, issu de son album Soleil Levant. Une chanson qui prône l’amour pour tous et toutes et qui lutte contre l’homophobie. À la fin de sa prestation, elle embrasse l’une de ses danseuses, pourdénoncer l’homophobie.
Amour censure : « Il n’y a pas d’amour censure »
Dans les paroles de ce titre, ces quelques mots en extrait :
« Est-ce qu’on va un jour en finir
Avec la haine et les injures
Est-ce que quelqu’un viendra leur dire
Qu’on s’aime et que c’est pas impur
(…)
Il n’y a pas d’amour censure
Il n’y a que d’l’amour sincère
Il n’y a pas d’amour censure
Il n’y a que d’l’amour sincère
(…) »
Amour censure est une chanson engagée, un appel à la tolérance, un plaidoyer pour aimer celle ou celui que l’on veut, un texte fort qui émane d’une jeune chanteuse agressée physiquement à plusieurs reprises pendant son adolescence, du fait de son orientation sexuelle. Amour censure, c’est aussi un morceau qui a été écrit en réaction aux mouvements sociaux contre le Mariage pour tous et le droit à la PMA.
Le 2 décembre 2019, Hoshi avait expliqué sur Chérie FM son combat pour la cause LGBTQ, confiant avoir été victime d’une agression homophobe :
« Je me faisais moi aussi agresser devant chez moi, par une personne qui considérait que sa vision de l’amour était plus juste et plus adéquate que la mienne. Depuis, d’autres se battent chaque jour pour que cela évolue, envers et contre les ignorants qui persistent. Je suis prête aujourd’hui à me joindre à leur combat, (…). J’ai décidé de le faire en musique (…) ».
Cyberharcèlement : messages haineux, insultes et menaces de mort
À la suite de sa prestation sur la scène des Victoires de la Musique, Hoshi reçoit des milliers de messages haineux, des insultes à caractère lesbophobe, des menaces de mort, un cyberharcèlement qui lui aura valu 28 jours d’ITT.
Elle dépose plainte en mars 2020 pour « harcèlement moral et sexuel en meute », « menaces de mort et de viols », « injures aggravées » et « provocation à la haine ».
Six personnes ont pu être identifiées, dont cinq mineurs, à l’égard desquels le parquet de Paris s’est dessaisi. Un seul majeur était donc jugé par le tribunal correctionnel de Paris : un jeune homme, Maël H., 21 ans, jugé ce vendredi pour avoir cyberharcelé la chanteuse Hoshi. Parmi les messages du jeune prévenu : « On va te saigner grosse truie », « Tu auras beau me signaler je reviendrai la gouine », « sale gouine » ou « sale lesbienne ». Mais, ainsi qu’il est ressorti de ses auditions lors de l’enquête, pour lui, rien « de diffamant », juste « quelques paroles en l’air », une envie de « se défouler ». À l’audience de ce jour, Maël H., n’est ni présent ni représenté par un avocat.
« Je n’ai pas eu la force aujourd’hui »
Ce vendredi, sur son compte Twitter, la jeune chanteuse relate les faits et précise qu’elle n’a pas « eu la force » de venir à ce procès. Et d’ajouter : « Je n’ai pas eu la force aujourd’hui de connaître le seul visage qui est ressorti de ces milliers de pseudos ». Pour conclure avec sa souffrance :
« Derrière mon visage, il y a une artiste engagée mais il y a surtout une jeune femme qui souffre et qui vit dans la peur depuis plus de trois ans (…) j’aimerais cette fois-ci pouvoir me raccrocher à la justice de mon pays qui ne doit plus fermer les yeux devant la gravité de tels actes ».
La lettre de Hoshi a été lue par son avocate, Laura Ben Kemoun, lors de l’audience de ce jour.
Ce vendredi 2 juin, le tribunal correctionnel de Paris est allé au-delà des réquisitions du parquet qui demandait une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis. Il a condamnéle jeune homme à huit mois d’emprisonnement dont deux mois de prison ferme pourharcèlement moral en ligne. Maël H. encourait jusqu’à six mois de prison. Cette peine d’emprisonnement a été assorti d’une obligation de soins et d’une interdiction d’entrer en contact avec Hoshi, par quelque moyen que ce soit. Le jeune homme a en outre été condamné au versement de 5000 euros de dommages et intérêts.
« Est-ce qu’on va un jour en finir
Avec la haine et les injures » ?