Dans la nuit du 12 au 13 juin, Israël a lancé une campagne de bombardements sur plusieurs infrastructures militaires, nucléaires et civiles en Iran, menant à une grave escalade dans le conflit : les deux pays se bombardent mutuellement depuis. Mais d’où vient cette rivalité?
Uranium 235
Depuis plusieurs décennies, l’Iran fait l’objet d’une forte surveillance de l’Occident, et de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Et pour cause, le pays est soupçonné de chercher à obtenir la bombe nucléaire en enrichissant l’uranium présent sur son territoire à hauteur de 90%. Ce pourcentage est le seuil nécessaire pour obtenir une bombe nucléaire, avant cela, son utilisation est destiné à un usage civil. En 2015 est signé l’accord de Vienne qui interdit notamment à l’Iran d’enrichir son uranium à plus de 3,67%, seuil suffisant pour un usage exclusivement civil.
Or, ces dernières années, notamment depuis le conflit à Gaza en 2023, puis le retrait des États-Unis de l’accord le 8 mai 2018, l’Iran a été soupçonné de ne plus respecter l’accord de Vienne et d’enrichir son uranium à des taux extremement élevés (60%). On soupçonnait même le pays de n’être plus qu’à quelques jours de pouvoir produire une bombe nucléaire.
C’est face à ce risque croissant, qu’Israël a décidé de bombarder des installations vitales à la capacité nucléaire offensive de’ l’Iran.
La chute du Shah Mohammad Reza Pahlavi
Au delà du conflit actuel, cette rivalité trouve ses racines en 1979, lors de la révolution islamique et le renversement du Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi. Alors que les deux pays entretenaient de bonnes relations, l’Iran étant même le deuxième pays à majorité musulmane à reconnaître l’État d’Israël, la révolution vient tout bousculer. Devenue une théocratie chiite avec une vision anti-occidentale, Israël devient alors aux yeux de la Republique islamique, « un État sioniste illégitime », occupant des terres palestiniennes et allié aux USA, ennemi idéologique. Dès lors, la république islamique nouvellement formée ne reconnaît plus Israël, l’ambassade israëlienne en Iran est remplacée par une ambassade palestienne et les deux pays coupent toute relation diplomatique.
L’ayatollah et guide de la révolution en Iran, Ali Khamenei déclarera que la dernière journée du mois du Ramadan était le jour de Qods, invitant donc tous les musulmans du monde à sortir manifester dans les rues contre le sionisme et contre Israël. Par la suite, dans les années 80 et toujours sous l’impulsion de Khamenei, la république islamique formera des milices chiites au Liban, en créant notamment le Hezbollah qui affrontera Israël à de multiples reprises. Mais aussi évidemment le Hamas, à l’origine notamment de l’attaque du 7 octobre 2023, ayant fait environ 1200 morts côté israëlien. Cette position contribuera à creuser le fossé entre les deux pays.
Depuis 1989, Ali Khamenei est guide suprême d’Iran, et sous son règne se confirme une forte hostilité envers Israël, allant jusqu’à dire en 2009 qu’elle est une « tumeur cancéreuse » puis en 2013, qu' »Israël est voué à la disparition ».
Depuis 2011
Depuis 2011, les deux s’affrontent indirectement notamment en Syrie, où Israël mène des attaques contre des forces iraniennes stationnées dans le pays. Mais aussi via le Hezbollah, présent au sud du Liban, à la frontière Israélienne.
A partir de 2022, de nombreux raids israëliens visant des haut gradés des gardiens de la révolution continuent d’envenimer la situation comme le 1er avril 2024, lorsqu’une frappe aérienne contre le consulat iranien de Damas en Syrie fait treize morts, dont sept gardiens de la révolution.