Depuis plus d’une semaine maintenant, Kiev, la capitale de l’Ukraine, est la cible de nombreux bombardements russes. Mais pour quelles raisons la conquête de cette ville est-elle si significative aux yeux de Vladimir Poutine ? Explications.
Le 24 février dernier, Vladimir Poutine a donné l’ordre à ses troupes d’envahir l’Ukraine. Déterminé à parvenir à ses fins « soit par la négociation, soit par la guerre« , le dirigeant russe a fait le choix de frapper à plusieurs endroits stratégiques. La capitale ukrainienne Kiev, aussi appelée Kyiv, en fait partie.
Onze jours après le début du conflit, nombreux ont été les pays occidentaux à prendre des sanctions envers la Russie. Le bilan humain, quant à lui, reste difficile à évaluer. Vendredi 4 mars, du côté russe, le bilan était évalué à « 498 militaires morts » tandis que l’Ukraine en annonçait « 9000« . Toutefois, le pays de Volodomyr Zelensky tient le choc. L’objectif principal du Kremlin qui était de faire tomber la capitale n’a pas encore été atteint.
Mais au fait, pourquoi Moscou tient autant à s’emparer de la ville de Kiev ? On vous explique.
Le centre du pays
Ville la plus peuplée, présence de lieux historiques… Kiev est l’épicentre du pays. On y retrouve des endroits symboliques comme le palais Marrinsky qui sert de résidence d’apparat au président, la place de l’Indépendance (place Maïdan) ou encore la célèbre cathédrale Sainte-Sophie. En entendant s’en prendre à Volodymyr Zelensky et son gouvernement, Vladimir Poutine souhaite toucher le cœur de l’Ukraine : sa capitale. Le meilleur moyen, selon lui, de pouvoir « démilitariser et dénazifier » l’Ukraine.
Indépendance, occupation soviétique et annexion de la Crimée
En dehors du contexte de la guerre actuelle, Kiev a surtout des liens historiques forts avec la Russie. Pour comprendre cela, il faut remonter plus de 100 ans en arrière.
Naissance de l’empire russe à Kiev
La capitale ukrainienne actuelle est, au départ, l’origine même de la Russie. Au XIIIème siècle, lorsque les Tatars (peuple turc) s’en prennent aux principautés russes en Ukraine, beaucoup d’états indépendants s’étendent à l’Est. C’est de cette manière que les princes de Moscou ont unifié la Russie en annexant une par une les principautés voisines, et que le Kremlin a vu le jour.
La capitale du RSSU
Lors de la période d’occupation en 1920, la ville tombe aux mains des bolcheviks. Elle devient alors la nouvelle capitale de la République socialiste soviétique d’Ukraine (RSSU). Une dizaine d’années plus tard, Staline, alors à la tête de l’URSS, provoque volontairement une grande famine qui touchera tout le pays.
Impactée pendant la Seconde Guerre Mondiale
Durant la 2nde Guerre Mondiale, Kiev est le théâtre d’horreurs. La ville sous l’emprise nazie souffre autant sur le plan matériel que sur le plan humain. Elle est marquée par des événements tels que le massacre de Babi Yar perpétré par les Einsatzgruppen qui a causé la mort de plus de 33 000 hommes, femmes et enfants juifs. Un camp de concentration est également ouvert au nord de la métropole. Une ère violente qui durera jusqu’en novembre 1943, date à laquelle l’Armée rouge arrive à reprendre le contrôle. La ville redeviendra par la suite le troisième centre économique soviétique.
L’heure de l’indépendance
Alors que le régime soviétique règne sur le pays depuis des décennies, Kiev devient officiellement la capitale de l’Ukraine indépendante en 1991. Une mesure prise à la suite de la dissolution de l’URSS qui pousse la ville à se moderniser et à s’ouvrir davantage sur le monde.
L’annexion de la Crimée
La Crimée, péninsule de l’Ukraine, a toujours été l’objet de diverses tensions entre les deux pays. Après avoir été le terrain de conflits à travers les siècles, Vladimir Poutine propose un référendum en 2014 pour réannexer le territoire à la Russie. Le Parlement de Crimée vote « pour ». De ce fait, sans l’approbation de la communauté internationale, le gouvernement russe s’octroie l’annexion. Encore aujourd’hui, cette acte est considéré comme « une violation du droit international et de la souveraineté de l’Ukraine« .