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Pourquoi les jeunes diplômés fuient-ils la France ?

Selon une étude réalisée par Universum, un cabinet de conseil en recrutement, et révélée par Atlantico ce mardi,  75% des étudiants français partiraient sans hésiter, quel que soit le pays, pour s’ouvrir à de meilleures perspectives professionnelles. Un constat qui semble prendre de l’ampleur en France. Des accords au niveau européen voient actuellement le jour mais sont-ils vraiment la solution ? Décryptage.

Trop nombreux et un peu perdus sur le marché français, les jeunes diplômés n’hésitent plus à s’expatrier pour trouver leur premier emploi. D’après le ministère des affaires étrangères, il y a actuellement 1,6 million de français inscrits sur les registres à l’étranger, dont 270.000 âgés de 25 à 35 ans. Une situation qui concerne environ un étudiant en école de commerce sur cinq, et un sur dix en école d’ingénieurs. Des jeunes dont le cerveau bien rempli ne servira pas la France, du moins pas tant que leurs compétences ne seront pas aussi bien (financièrement) valorisée qu’au Canada ou en Suisse pour ne citer qu’eux. Pour cette année, et seulement dans ces deux filières, ce sont près de 40 000 jeunes fraîchement diplômés qui ferait leurs valises.

Adieu mère nourricière

On veut bien les comprendre mais n’oublions pas que la formation coûte cher, et que l’Etat est le premier financeur. Et une scolarité complète de la maternelle au master coûterait 168.300 euros à l’Etat. Alors pourquoi ces jeunes diplômés ne restent-ils pas travailler en France ? Ce serait pourtant un juste retour à l’investisseur qu’est l’Etat, non ?

Des conditions de travail optimales, une reconnaissance sociale plus importante, des salaires nettement plus élevés et des opportunités professionnelles plus nombreuses avec de bonnes perspectives d’évolution. Voilà les principales réponses données par un panel d’intéressés en février dernier pour une étude réalisée par RTL et Le Nouvel Observateur. Autres explications : la lenteur des démarches pour trouver un emploi dans l’Hexagone, la bureaucratie, le manque de dynamisme du marché ou encore la frilosité des investisseurs. Enfin, il est très avantageux pour un jeune actif d’avoir une expérience à l’étranger lorsqu’il postule en France, à son retour.

Actuellement le top 3 des pays d’accueil donnait en tête la Suisse (158.000), puis le Royaume-Uni (126.000), et enfin les Etats-Unis (125.000). Et le phénomène n’en est qu’à ses débuts. On compte aujourd’hui 155 266 jeunes de 18-25 ans vivant à l’étranger d’après le ministère des affaires étrangères soit une hausse de 14% depuis 2008.

« Garantie pour la Jeunesse » ?

Mais après deux années d’une montée régulière du chômage des jeunes, et face aux difficultés rencontrées para  les jeunes diplômés français, les 27 états-membres ont adopté un Plan pour l’emploi des 15-25 ans. Il a fait l’objet d’un accord fin juin au Sommet de Bruxelles et a été réexaminé le 3 juillet dans une Conférence à Berlin, où Angela Merkel a réuni les 27 ministres de l’Emploi des états-membres. Parmi les principales mesures prises par ce concert d’Etats, on peut citer la possibilité pour un jeune qui est au chômage depuis 4 mois d’être engagé soit en CDI, soit en CDD, soit pour une formation, ou un stage. Cette proposition de la Commission européenne appelée « Garantie pour la Jeunesse » a d’ailleurs été formulée précédemment dans un engagement franco-allemand signé par François Hollande et Angela Merkel. L’Autriche et la Finlande, déjà adeptes de cette formule, sont invitées à partager leurs expériences dans un échange de « bonnes pratiques » entre pays. En parallèle, les Parlementaires européens étudie notamment la « portabilité des pensions », c’est-à-dire que toute période, même courte, travaillée dans un autre pays de l’Union européenne sera comptabilisée pour la pension de retraite.

On y revient. La retraite. Le grand dilemme de la France, prise au piège de ses baby-boomers. Les solutions proposées aux jeunes diplômés ne s’annoncent pas suffisantes. Les Parlementaires prennent-ils véritablement la mesure du danger ? Dans les conditions actuelles, on peut s’imaginer aisément que les jeunes, qui resteront en Europe, seront condamnés à financer, par une imposition toujours plus forte de leur travail, des prestations telles que la retraite ou la dépendance, auxquels eux-mêmes n’auront probablement pas droit le moment venu…

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