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Pourquoi une telle escalade de violence entre l’Inde et le Pakistan ?

La pression monte entre l’Inde et le Pakistan. Cette escalade de violence ne semble pas trouver de fin. Entre l’espace aérien fermé, les frappes préventives et les avions abattus, l’Inde et le Pakistan semblent décidés à se quereller sur fond de guerre territoriale. En effet, revendiquée par l’un et par l’autre, la région du Jammu-et-Cachemire est source de conflits entre New Delhi et Islamabad depuis plusieurs dizaines d’années maintenant.

Une guerre de communication ?

Depuis le combat aérien dans la région du Kashmir par les deux pays engagés, les gouvernements ont enchaîné les déclarations. Du côté pakistanais, les dirigeants affirment avoir réagi à une violation de leur espace aérien et que cette attaque faisait office d’avertissement. Pour le premier ministre indien Narendra Modi en revanche, cette incursion dans le territoire pakistanais est avant tout un acte d’anti-terrorisme pour combattre le groupuscule Jaish-e-Mohammed, responsable d’un attentat-suicide en Inde près de Srinagar qui a fait 41 morts le 14 février dernier.

Narendra Modi se montre ferme sur la lutte anti-terroriste, en effet, les élections approchent et le premier ministre Modi doit envoyer une image forte avant la fin de la campagne.

Au Pakistan, le gouvernement se veut clair, il s’agissait d’un avertissement et personne ne veut démarrer un nouveau conflit avec le pays voisin. Néanmoins, le président Arif Alvi reste sur ses gardes et a proposé à l’Inde de lui restituer le pilote indien capturé lors de l’affrontement pour calmer les ardeurs de l’autre côté de la frontière. Le pilote Abhinandan Varthaman a été rendu à son pays le vendredi 1er Mars. Ainsi, toutes les cartes sont dans les mains du gouvernement indien qui n’a, pour l’instant, fait aucun geste de paix envers Islamabad.

La communauté internationale appelle à un retour au calme

Dans le reste du monde, de nombreux pays de la communauté internationale appellent au calme entre les deux pays, notamment le Royaume-Uni, ancien colonisateur des deux pays, et la Chine, pays frontalier des deux puissances. Des réactions à l’opposé de l’attitude du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane qui a rendu visite aux deux pays juste avant l’escarmouche le 17 et le 19 février sans dénoncer une seule fois les agissements de Jaish-e-Mohammed. D’un côté, les pakistanais furent très énervés de l’enchaînement des deux visites, tandis que l’opinion publique indienne fut choquée de l’absence de condamnation de la part du prince saoudien.

Pourquoi la région du Jammu-et-Cachemire est-elle source de conflits entre New Delhi et Islamabad ?

La région du Jammu-et-Cachemire jouit d’une position plus que complexe : Située au nord de l’Inde, elle bénéficie, en vertu de l’article 370 de la Constitution de l’Inde, d’un statut spécial d’autonomie. Bien que géographiquement située en Inde, la région est en réalité dirigée administrativement par le Pakistan, l’Inde et la Chine. Le Jammu-et-Cachemire comprend trois régions : Celle de Jammu à majorité hindouiste, la vallée du Cachemire à majorité musulmane et le Ladakh à majorité bouddhiste. Ces trois pays ne dirigent pas le pays de manière équivalente car le gouverneur de cet état fédéral est nommé par New Delhi.

Pour comprendre le conflit qui oppose les deux nations, il faut remonter en 1947 : Le Jammu-et-Cachemire est un ancien Etat princier de l’Inde, dirigé par un mahârâja hindou, Hari Singh. Un mahârâja est un titre de monarque asiatique. Lors de la Partition des Indes, lors de la fin de la colonisation britannique, Hari Singh refusa de choisir entre Pakistan et Inde et choisit plutôt l’indépendance qui était alors une option possible. En effet, il ne voulait pas contraindre à l’expulsion les musulmans qui représentent une grosse majorité de la population et les hindouistes minoritaires dont il était issu. Mais des guerriers armés du Pakistan ont envahi le territoire cachemiri ce qui contraint le monarque à demander l’assistance de l’Inde. C’est ainsi que l’Inde obtint la gérance de 60% du territoire. Le reste du territoire revint au Pakistan. La Chine obtint une petite partie du territoire.

Et depuis ?

Depuis, trois guerres ont eu lieu entre le Pakistan et l’Inde, chacun revendiquant le territoire dans son intégralité. Le dernier affrontement entre les deux pays date de 1971, la troisième guerre indo-pakistanaise avait abouti sur une victoire indienne ainsi que l’indépendance du Bangladesh, anciennement Pakistan Orientale, mais aucun changement relatif pour le territoire cachemiri.

Que faut-il prévoir pour la suite ?

Si la situation ne semble pas totalement apaisée, le premier ministre pakistanais a déclaré un « désir de désescalade » en insistant toutefois sur le fait que le Pakistan se tient prêt à « riposter fortement à toute action indienne à l’avenir ». Du côté Indien, la pression ne semble pas être redescendue, en témoignent les déclarations récentes de Narendra Modi qui a appelé son peuple à « l’unité » face à « l’ennemi ».

Si jamais la situation s’envenime, le pire est à prévoir. En effet, les deux pays sont de grandes puissances militaires qui, en plus de posséder l’arme nucléaire, ont grandement renforcées leur armée dans les dernières années. D’après la base de données SIPRI, l’Inde dépense 56,6 milliards par an dans la défense et le Pakistan 13,6 milliards, ces pays sont donc respectivement 10ème et 27ème puissance militaire au monde. De plus, les deux gouvernements n’ont pas énormément de sympathie l’un pour l’autre. Ils n’auront donc que peu de remord à prendre les armes contre leur opposant respectif.

Co-écrit avec Mélanie Rey

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Etudiant en Information-Communication et en LLCE Anglais à l'Université Rennes 2.
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