Il parait futile de présenter Manuel Valls. Ministre de l’intérieur puis ensuite Premier Ministre sous le mandat de François Hollande, il démissionne avec une rapidité spectaculaire lorsque le Président annonce qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. Une ambition dévorante à peine dissimulée pour cet homme politique qui se rêve depuis longtemps à la tête de la France.
Un engagement politique précoce
Né à Barcelone, naturalisé français en 1982, il adhère au Mouvement des jeunes socialistes soutenant Michel Rocard en 1980. Durant ses études à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonnes, il adhère au syndicat étudiant UNEF-ID et devient de facto le conseiller de Rocard pour les affaires étudiantes.
Il est élu maire d’Evry en 2001, réélu en 2008 et devient en 2003 secrétaire national du PS, suite à son soutien au Premier secrétaire François Hollande. Il rallie Ségolène Royal en 2006 lors de la primaire présidentielle. Et puis finalement en 2012, il renonce à son mandat à la mairie d’Evry suite à sa nomination au gouvernement.
Un autoritarisme revendiqué
Lors de son passage à l’Elysée, Manuel Valls divise. Tandis qu’il assume ses positions dures et inflexibles, c’est à croire que François Hollande se cache derrière lui pour chercher à tout prix le compromis. Valls, lui, se façonne une image de dur à cuire, celle d’un homme à la tête d’un état fort et sans concession. Il était difficile par moment de discerner qui était le véritable chef de ce tandem bipolaire.
Le refus de Valls de négocier avec les syndicats étudiants et travailleurs lors de l’élaboration de la Loi Travail; sa volonté d’utiliser la force, institutionnelle comme policière, pour effectuer un passage en force, aura laissé bien des traces dans la mémoire collective. La déchéance de nationalité, qu’il défendait bec et ongle, envers et contre tous, fut un énième exemple démontrant que Manuel Valls voulait se construire l’image d’un homme qui ne recule face à rien ni personne.
Une candidature douloureuse à observer
Depuis l’annonce officielle de sa candidature à l’élection présidentielle, ses efforts pour simultanément se renouveler et assumer le bilan présidentiel est un exercice… périlleux. Lors de son passage dans l’émission politique de France 2, il affirme qu’on lui a « imposé » le 49.3. Un revirement à 360° pour l’homme qui injuriait les frondeurs socialistes qui n’étaient pas d’accord avec la démarche du gouvernement et qui effectue un passage en force pas moins de 6 fois avec ce fameux 49.3.
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Lors d’une visite dans un camp de réfugiés proche de Clermont Ferrand la semaine dernière, un Valls tout sourire chante les louanges de la culture d’asile en France. Il proclame ensuite que ce pays a la capacité de recevoir à bras ouverts 100,000 réfugiés. Cela semble lui avoir échappé qu’en tant que Premier Ministre, son gouvernement a durement résisté la notion de quota national pour les réfugiés, et que la France en a à peine accueillie 30.000.
Quelques heures plus tard, Valls donne un discours dans lequel il insiste sur la nécessité de préserver le système de sécurité sociale de France. Les mots ‘protection‘ et ‘protéger‘ sont répétés à foison concernant les thèmes de santé et de défense des droits du travail. Pourtant, c’est sous son gouvernement que furent passées les lois Macron et El Khomri, dont on peut sérieusement débattre de la protection des droits du travail…
On assiste à un exercice d’équilibriste assez impressionnant. Le 22 et le 29 Janvier se tiendront les 2 tours de la primaire socialiste. Nous saurons à ce moment là si l ‘exercice a convaincu et si nous aurons encore droit à quelques années de la méthode Valls…
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