Lundi 1 février marque le coup d’envoi des primaires aux Etats-Unis. Un événement crucial pour les deux grands partis de la politique américaine au terme duquel, deux noms sortiront vainqueurs. Ils s’affronteront lors d’une nouvelle élection, Républicains contre Démocrates cette fois, pour ravir la Maison Blanche.
Le début d’un parcours semé d’embûches, s’étalant sur toute l’année civile, dont le but avoué est de prêter serment le 20 janvier 2017 à Washington. Des milliers de meetings, de salles parcourues, de pancartes à son effigie, de spots publicitaires inondant les télés et des millions de dollars tout court. Welcome in America. Pour une majorité des candidats, le rêve s’arrêtera ici, au terme d’élections locales ayant lieu dans tout le pays.
Coup de projecteur sur les primaires américaines:
Le mode de désignation
On entre dans le vif du sujet. Le mode de désignation des candidats est complexe et dépend des Etats selon le mode de scrutin choisi. Il existe deux scrutins différents : les caucus et les primaires.
Le caucus concerne une petite partie des habitants de l’Etat, ce que l’on appelle l’Assemblée d’électeurs. C’est un système pyramidal. Les militants se réunissent et choisissent des représentants au niveau du comté, qui élisent des représentants au niveau de l’Etat, qui eux aussi élisent leurs délégués. Puis, ces derniers désigneront le candidat final lors de la convention nationale de chaque parti. C’est seulement ouvert aux électeurs inscrits sur les listes des partis Républicains et Démocrates.
Les primaires sont des élections classiques généralement ouvertes à tous. Cependant on trouve quelques nuances dont la primaire fermée. Elle est réservée aux électeurs enregistrés comme Démocrates ou Républicains. Celle semi-fermée fait de même mais autorise les électeurs non-inscrits à voter pour l’un ou l’autre le jour J.
Comme on peut le constater, il existe beaucoup de scrutins différents. Chaque Etat possède sa spécificité mais au final, chacun enverra ces délégués lors de la convention nationale des partis pour voter en faveur du candidat investi.
Les Etats
Tout débute le 1er février dans l’Iowa, un Etat coincé au centre de l’Amérique, souvent surnommé The America Heartland (Le coeur du pays). Un Etat médian, 30ème population et 20ème superficie du pays, à dominante blanche. Les premiers scores sont attendus mais le caucus ne concerne qu’une poignée de votants.
La première primaire, celle ouverte à tous les électeurs a lieu dans le New Hampshire, un des plus petits Etats du pays. Cette particularité est inscrite dans sa législation et elle a dû, à plusieurs reprises, avancer cette date pour rester le temps d’une élection le centre de la vie politique américaine. Deux Etats qui donneront le ton de l’élection.
Un des tournants de cette élection se jouera certainement le mardi 1er mars, plus communément appelé le « Super Tuesday ». 13 Etats pour les démocrates et 11 pour les Républicains voteront en même temps ce jour-là. De quoi faire basculer le résultat de l’élection. Les observateurs américains suivront avec attention, les résultats dans les bellwether state. Ces derniers sont les Etats qui votent toujours ou presque pour le candidat qui remporte finalement la présidence. Par exemple, l’Ohio a toujours misé sur le bon cheval à deux exception près (1944 et 1960).
Les candidats
Côté démocrate, ils ne sont plus que trois. L’immense favorite est Hillary Clinton, ancienne Secretaire d’Etat et candidate malheureuse aux primaires de 2008 contre Barack Obama. Déjà rodée à l’exercice, elle connait les arcanes du pouvoir et son expérience rassure. Cela peut aussi se retourner contre elle. L’affaire de l’utilisation de sa messagerie privée pourrit sa campagne. Elle voit son concurrent se rapprocher dangeureusement dans les sondages , le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Le candidat âgé de 74 ans se revendique socialiste, une hérésie au pays du capitalisme. Oncle Bernie est une figure qui touche les jeunes et les milieux intellectuels. Pas sûr que cela soit suffisant. Le troisième candidat O’Maley devrait annoncer la fin de sa campagne après quelques résultats, tellement il semble hors du coup.
Pour les Républicains, le Grand Old Party (le GOP), le nombre de candidatures est conséquent. 8 ans dans l’opposition ont aiguisé les appétits présidentielles. Beaucoup ont déjà jeté l’éponge. Il reste tout de même 12 candidats encore en lice. La campagne fut marquée par l’émergence d’un phénomène politico-médiatique, le magnat Donald Trump. Tête d’affiche des médias, qu’il aime vilipender, il apparaît aux yeux d’une partie de la population comme le candidat anti-système, celui qui dit la vérité. Agressif, il adore parler du déclin des USA dans ses meetings. Il en a même fait son slogan « Make America great again« . Censé disparaître comme il est apparu, il n’a jamais été aussi proche de l’emporter.
En face, les autres candidats ne font pas le poids. Seuls Ted Cruz, le sénateur Texan, ou Marco Rubio, sénateur de la Floride, semblent capables de lui résister. Jeb Bush, le frère de George W., s’est effondré pendant la campagne, tout comme le neurochirurgien à la retraite Ben Carson.
L’investiture
Lorsque les 50 Etats auront voté, les deux parties se réuniront lors d’une convention nationale. Le 18 juin à Cleveland (Ohio) pour les Républicains et le 25 juin pour leurs concurrents Démocrates à Philadelphie (Pennsylvanie). Après le vote des délégués sera acté le choix du candidat censé représenter le parti avec l’espoir de rafler la Maison Blanche. Démarrera une nouvelle campagne encore plus féroce, plus violente, un duel à mort (politique) pour les deux candidats.
On n’est pas à l’abri d’une candidature indépendante, c’est-à-dire hors des partis. C’est rare mais cela s’est déjà produit dans l’histoire des USA sans jamais être en mesure de l’emporter. Dans les tuyaux, une candidature de Micheal Bloomberg est évoquée. L’ancien maire de New-York et fondateur du groupe du même nom pourrait se lancer si le choix des candidats le laisse perplexe. A moins que Trump, s’il est désavoué par le peuple républicain, ne tente de la jouer solo.
crédits photo à la une: CNN.com