Alors que les socialistes ont fixé la date de la primaire pour janvier, à droite le 20 et 27 novembre, qu’importe la conviction politique, tout électeur est convié à se rendre aux urnes afin d’élire le représentant du parti à la présidentielle. De fait, selon une enquête du Monde réalisée par Ipsos-Sopra Stria, 10% des électeurs « certains » d’aller voter à la primaire du parti LR seraient des sympathisants de gauche.
Des sympathisants de gauche aux urnes pour choisir un candidat de droite ? Oui c’est bien cela que révèle la dernière enquête du Monde réalisée par Ipsos-Sopra Stria. Il serait 10% d’électeurs pour la plupart favorable au maire de Bordeaux Alain Juppé dans le but de battre Nicolas Sarkozy. Plus qu’un enjeu stratégique, les primaires de la droite et de la gauche semblent aller au delà de la cause partisane.
Et si l’élection présidentielle du 7 mai 2017 se jouait le soir du 27 novembre 2016 ?
Le 27 novembre au soir, nous connaîtrons le vainqueur des primaires Républicaine. Alors qu’Alain Juppé est aujourd’hui annoncé gagnant avec 57% d’intention de vote, les électeurs ne sont pas une optique d’adhésion mais plutôt dans la démarche d’élire le moins pire des candidats.
En effet, dans un contexte de tensions sociales, économiques et sécuritaires difficiles, la légitimité des dirigeants quels qu’ils soient est de plus en plus contestée. La situation est inédite sous la Vème République, nous avons un président sortant qui bat les records d’impopularité – selon le baromètre de TNS Sofres-One Point pour le Figaro Magazine, François Hollande atteint son niveau le plus bas à savoir 13% – tandis que son prédécesseur aspire à un second mandat.
Qu’importe le candidat de droite, les sondages actuelle montre que François Hollande sera hors jeux dès le premier tour laissant place à la représentante du FN Marine Le Pen. Dans cette optique, certains électeurs de gauche veulent anticiper le soir du 7 mai 2017 en votant Juppé. Jugé « rassembleur » et « modéré » l’option Juppé est préféré à gauche – A Juppé est donné gagnant quelque que soit le candidat en face – car il permet de faire front et à Nicolas Sarkozy trop à « l’extrême » et à Marine Le Pen en vue de mai 2017. Un soutien dont se réjoui l’élu de Bordeaux.
« Je m’adresse à tout le monde, à tous les Français ! Dans la primaire de la droite et du centre, si on a voulu des primaires ouvertes, c’est justement pour accueillir tout le monde. Donc, s’il y a des déçus du hollandisme qui veulent nous rejoindre, ils sont les bienvenus » Alain Juppé
À gauche une équation difficile à résoudre ?
Un chef de la République qui remet en jeu sa candidature à l’élection présidentielle lors d’une primaire … du jamais vu ! Mais, à en croire le président du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis des primaires se tiendront à gauche au mois de Janvier.
Chez les partisans de gauche, François Hollande est pour l’instant en tête au premier tour de la primaire avec 43% des voix, il devance son ex ministre Arnaud Montebourg accrédité de 31%. Toutefois au second tour, l’écart risque d’être serré voir de basculer. En effet, tout comme Nicolas Sarkozy, à gauche, le « tous contre François Hollande » semble se dessiner tant les chances du président sont minimes en mai.
Mais, le problème au parti socialiste est l’incapacité des ténors à réunir suffisamment de suffrage. De facto le vote des électeurs de gauche – 10% sondage Ipsos-Sopra Steria – lors de la primaire de droite laisse planer un sentiment de résignation.
Si les choses restent telles qu’elles, les électeurs de gauche ont tout intérêt à se tourner vers Emmanuel Macron qui aujourd’hui semble être le seul candidat à pouvoir freiner l’ascension d’Alain Juppé.
Loin de rentrer dans un débat de « politique-fiction », si ce cas de figure se confirme, les primaires surtout celle de droite n’auront jamais été aussi décisives au scrutin présidentiel.
Crédit photo à la Une : Stringer/Reuters