Si près et si loin. En début d’année, la Maison-Blanche était à portée de main pour Bernie Sanders, veux fauve de la politique américaine. Campagne de rockstar, élan dans tout le pays… Celui qu’on surnomme « Crazy Bernie » était promis au plus haut poste politique, dominant tous les sondages. Mais en politique, rien n’est jamais gagné d’avance. Après des débuts en fanfare, le sénateur du Vermont s’est écroulé. Récit d’un échec et état des lieux.
Tout est bien qui finit mal
« Un mal pour un bien », c’est peut-être ce à quoi pensait l’équipe de Bernie Sanders, lorsqu’ils ont réfléchis à un abandon de la campagne. Un candidat rattrapé et dominé par l’ancien sénateur et vice-président Joe Biden, porté dans les sondage par une majorité électorale qui l’estime comme le plus à même de battre Donald Trump. Le choix de la raison.
Pour ce qui est du choix du cœur, on en est loin. Bernie Sanders était le candidat tout désigné pour partir en guerre contre l’ennemi juré Donald Trump. Il était parvenu, performance non négligeable, à véritablement transformer son partie en profondeur, notamment sur la question du salaire minimum ou la couverture du santé. Une influence socialiste qui a amplement portée ses fruits. Ce fervent opposant à l’administration Trump est d’ailleurs parvenu à contribuer à l’émergence de nouvelles figures progressistes, au sein du Parti démocrate. Comme il l’a rappelé : « nous sommes en train de gagner la bataille idéologique ».
Malheureusement, l’idéologie ne suffit peut-être pas à gagner une élection présidentielle. Le candidat malheureux en a fait les frais. Face à un Joe Biden d’abord largué aux derniers rangs, qui a entamé une remontée fulgurante au fil de l’année, Bernie Sanders a du mal à faire face. Alors que la majorité des anciens autres candidats à la primaire démocrate avaient rallié les rangs de Biden, le débat du mini « Super Tuesday », le 17 mars, aura raison de lui. Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama, prends définitivement les devants. Avant que les deux campagnes respectives ne se poursuivent plus que sur internet, pour éviter la propagation du coronavirus. Les jeux sont faits.
Le candidat du Vermont n’aura pas su rassembler, quand son adversaire y parvenait jour après jour. Le candidat n’a pas été à la hauteur de ses idées, elles triomphantes. Désormais, c’est à Biden, qui sera vraisemblablement investi en août, d’en porter une partie jusqu’au bout. Direction la Maison Blanche.
Et maintenant ?
Il fallait peut-être en passer par là pour faire tomber le « Grand méchant loup » du Parti démocrate, Donald Trump. Personne n’a oublié, et surtout pas les démocrates, la défaite d’Hillary Clinton face à son rival républicain en 2016. Bernie Sanders, grand rival de l’ancienne première dame de Bill Clinton (1993-2001), avait choisi de lutter jusqu’au bout. Un maintien coûte que coûte qui a contrarié le rassemblement démocrate, pour le résultat qu’on connaît. Bernie Sanders n’a pas commis deux fois la même erreur, et a préféré jeter l’éponge pour favoriser le rassemblement. Désormais, les forces démocrates vont se tourner vers l’ennemi républicain. Si les choses devaient en rester là, ces primaires auront été une réussite pour le parti d’opposition, qui sera parvenu à faire émerger un adversaire de taille pour Donald Trump. Pour beaucoup, la candidature Joe Biden est une continuité de celle de Barack Obama, dont il fut le vice-président. Biden a d’ailleurs triomphé en Caroline du Sud, où plus de la moitié des électeurs sont noirs, qui a été un État clé d’Obama en son temps. L’abandon de Sanders, certes en retrait mais qui concentrait de nombreuses forces à la gauche du Parti, va épargner aux démocrates un duel fratricide. Son soutien affiché à Biden va encore aider les démocrates, plus en formes que jamais depuis l’échec d’Hillary Clinton.
La campagne va dorénavant se concentrer contre le Président Trump, que les démocrates vont tenter de battre, non sans peine, le 3 novembre. Biden contre Trump, c’est désormais le duel tant attendu qui va affoler la politique américaine ces prochains mois. Et l’issue, plus que jamais, est incertaine.
Politiquement, c’était sans doute la décision à prendre. Idéologiquement, c’est un coup d’arrêt pour la politique prônée par Sanders. Hier, ce n’est pas seulement Bernie Sanders qui a perdu. C’est aussi toute une partie de la gauche américaine, celle qui rêvait éveillée d’une alternance forte et sans concessions après le mandat de Donald Trump. Avec l’abandon de Sanders, ce sont les espoirs de millions d’américains qui s’envolent avec lui.