Les laboratoires Servier, reconnus coupables le 29 mars de « tromperie aggravée » et d’«homicides et blessures involontaires » dans le scandale sanitaire du Mediator, viennent de confirmer, ce jeudi, faire appel de leur condamnation.
Les laboratoires avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 2,718 millions d’euros. Ils avaient en revanche été relaxés des délits d’obtention indue d’autorisation de mise sur le marché et d’escroquerie. Mais mardi, le parquet de Paris a annoncé faire appel de cette relaxe partielle. C’est à présent au tour des laboratoires Servier de faire appel.
« Les laboratoires Servier prennent acte de l’appel du parquet de Paris dans l’affaire Mediator », indique le laboratoire dans un communiqué. « Cette décision entraîne donc la tenue d’un nouveau procès dont le parquet de Paris porte la responsabilité. Les Laboratoires Servier étaient disposés à accepter le jugement du tribunal afin de mettre définitivement un terme à cette affaire judiciaire, malgré leur condamnation qu’ils estiment infondée », ajoute la firme. « En conséquence, les laboratoires Servier ont donc pris la décision de faire appel de leurs condamnations au titre des délits de tromperie aggravée et d’homicides et blessures involontaires ».
Charles Joseph-Oudin, avocat de victimes, a aussi annoncé qu’il faisait appel, tout en rappelant que l’appel des laboratoires «est sans incidence sur le paiement des indemnités allouées aux victimes puisque le jugement prévoit l’exécution provisoire».
Rappelons que ce médicament utilisé pour le traitement du diabète, mais détourné comme coupe-faim, est tenu pour responsable de centaines de décès à cause de sa toxicité. Selon le tribunal, les laboratoires « disposaient à partir 1995 de suffisamment d’éléments pour prendre conscience des risques mortels qu’ils faisaient courir » aux utilisateurs du Mediator. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a également été condamnée à 330 000 euros d’amende pour la lenteur de la suspension de la commercialisation du médicament. L’ANSM a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne ferait pas appel.