Volkswagen, Renault-Nissan, Fiat… Tous ces constructeurs sont des tricheurs. Les différents véhicules testés ont pulvérisé le taux maximal d’oxyde d’azote toléré. Et de loin. Près de 15 fois la limite maximale autorisée a été dépassée pour les plus gros fraudeurs d’après l’Ifpen, Institut français du pétrole et des énergies nouvelles. Quand on connait les répercussions sur la santé que les particules fines peuvent faire, il devient urgent d’agir contre le diesel et les constructeurs frauduleux.
La place du diesel en France
Historiquement, la France a pris un virage industriel en faveur du diesel dès les années 1960. Le gasoil domestique étant délaissé pour le chauffage électrique, les débouchés se font rares. Pour relancer le secteur des raffineries, le général de Gaulle convainc les constructeurs automobiles français de se spécialiser dans le diesel. Forts d’un avantage fiscal spécifiquement dédié au carburant, les Français l’adoptent petit à petit. Chacun trouve donc son compte.
Le diesel devient même majoritaire dans le parc automobile français au milieu des années 2000, avec un pic à 72% en 2012. Désormais, il n’en compose plus que 50%. Le scandale Volkswagen et le développement des voitures électriques sont les principaux vecteurs de cette hausse. Cependant l’ONG Transport & Environnement estime encore à 5,5 millions de diesel « sales » (c’est-à-dire dépassant les normes autorisées) en France. Soit la pire élève d’Europe…
Les particules fines, des agents mutagènes invisibles aux conséquences bien visibles
Cancers, pathologies pulmonaires, risques cardio-vasculaires… La liste de maladies directement engendrées par les particules fines est aussi longue qu’une particule est fine. Et c’est lors des pics de pollution, qui ont régulièrement lieu dans les grandes métropoles, que l’on est logiquement le plus vulnérable. La forte concentration de particules fines renforce les risques de développer des pathologies. Elles réduisent même l’espérance de vie. Le Programme Air Pur pour l’Europe est formel. Il évalue ainsi la mort prématurée directement imputable aux particules fines entre 19 000 et 42 000 personnes par an.
Que faire face à ce fléau ?
Un certain nombre de mesures ont été prises par l’État. Ségolène Royal, ministre de l’environnement, a notamment décidé de remettre les pendules à l’heure. Alors que le gasoil est plus cher à produire que l’essence, il est vendu à un prix supérieur à cause des avantages fiscaux dont il bénéficie encore. Pour ne pas pénaliser les acheteurs (pour la plupart trompés par les constructeurs), les prix vont être petit à petit alignés avec l’essence. Mais l’idée de taxer plus le gasoil est bien présente. L’État a aussi renforcé la « prime à la reconversion ». C’est-à-dire donner une prime de 1 000€ à ceux qui remplacent leurs vieux véhicules diesel, et donner une prime de 10 000€ pour ceux qui optent pour une voiture électrique.
Je renforce la gestion des épisodes de #pollution de l’#air, comme souhaité par @Anne_Hidalgo pic.twitter.com/RHql8yPxiF
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 27 août 2016
On a également pu entendre dans les couloirs de l’Élysée que l’État souhaitait faire payer les constructeurs frauduleux. Il pourrait demander le remboursement des différents crédits d’impôt alloués lors de l’achat de véhicules neufs qui rentraient -normalement- dans les normes environnementales. La note pourrait s’élever à plusieurs millions d’euros. La chasse aux pollueurs est lancée !
Les particuliers ont également un rôle à jouer. Depuis le « dieselgate » de Volkswagen, de nombreux clients ont engagé des procédures à l’encontre de l’entreprise et comptent bien obtenir réparation par la même occasion. Avec les dernières révélations de l’Ifpen, d’autres pourraient suivre.
À lire aussi : Volkswagen n’en finit plus de s’enfoncer
Plus concrètement, les conducteurs ont déjà commencé à agir en achetant moins de véhicules diesels. Plus chers à l’achat, moins avantageux à la pompe et plus nocifs que les voitures essences, la révolution est en marche. En effet les ventes de véhicules essences chez les particuliers ont dépassé celles des diesels l’an dernier. La tendance reste la même à ce jour. Le message de la sécurité routière a au moins été entendu concernant le gasoil : « Tous touchés, tous concernés, tous responsables. »
À lire aussi : Soupçons de fraude chez Renault