Gabriel Attal vient d’annoncer les membres du nouveau gouvernement. Quelques nouveautés y figurent, tandis que les poids-lourds de l’exécutif de Borne restent en place. Cette nouvelle équipe confirme une suite logique de la macronie.
Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée a dévoilé la liste du gouvernement de Gabriel Attal ce jeudi 11 janvier. Dans ce nouvel exécutif pas vraiment du surprise. Seule Rachida Dati à la tête du ministère de la Culture a fait réagir le paysage médiatique et surtout Les Républicains. La plupart des ministres nommés sont de fidèles macronistes, en place depuis quelques années. Mais une tendance est à observer, parmi les nouveaux ministres, huit sont à droite de l’échiquier politique. Ce basculement est critiqué par la gauche, comme le décrit Olivier Faure sur X.
La surprise du Gouvernement
Une des grosses surprises s’installe au ministère de la Culture. La figure des Républicains et maire du 7ème arrondissement de Paris, Rachida Dati, a annoncé jeudi en début de soirée être la nouvelle ministre de la Culture. Celle-ci a également déclaré qu’elle quittait le Conseil national des Républicains. Bien qu’elle est indiquée, vouloir rester membre du parti, Eric Ciotti, président LR a annoncé son exclusion dans un communiqué de presse. « Nous sommes dans l’opposition, nous tirons donc les conséquences de son choix avec regret » écrit-il. À propos de sa mise en examen pour « corruption« , Gabriel Attal rétorque « défendre la présomption d’innocence« . Par le passé, Rachida Dati a occupé le poste de ministre de la Justice de 2007 à 2009 sous le mandat de Nicolas Sarkozy.
Ministères fusionnés
Comme l’avait annoncé Gabriel Attal, ce gouvernement est « resserré« . La liste est plus restreinte que l’exécutif d’Élisabeth Borne. Amélie Oudéa-Castéra reste ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, mais à cela s’ajoute l’Éducation nationale et la jeunesse. Ainsi, elle récupère le portefeuille de Gabriel Attal. Elle fait terreur parmi les fédérations de sport. Ceux qui s’y sont frottés comme Noël le Graët ou Bernard Laporte en ont fait les frais et ont aujourd’hui quitté leur poste respectif à la tête des fédérations de football et de rugby.
Les ministères du Travail et de la Santé se confondent aussi. Catherine Vautrin est ainsi désignée comme ministre du Travail, de la Santé et de la Solidarité. Ancienne ministre à la Cohésion sociale et à la Parité de Jacques Chirac, madame Vautrin est actuellement présidente de la métropole de Reims. Elle est aussi une ancienne élue LR et vice-présidente de l’Assemblée nationale. Orientée à droite, et proche de Nicolas Sarkozy, un conseiller macroniste s’inquiète, « Stratégiquement c’est surprenant, j’espère qu’ils ont un storytelling prêt. C’est très à droite et manif pour tous… On va se le prendre de pleine face« .
Au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Gabriel Attal nomme Stéphane Séjourné. Le politique à déjà un CV bien rempli. Il a déjà occupé les fonctions de porte-parole du gouvernement, ministre chargé des Comptes publics ou encore, ministre de l’Éducation nationale. La nouvelle tête du Quay d’Orsay, aura de lourdes tâches et devra faire face aux nombreux conflits auxquels le monde assiste, notamment en Ukraine ou au Moyen-Orient.
Aurore Bergé prend la place de Bérangère Couillard et devient ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Sous la direction d’Élisabeth Borne, elle est au département des Solidarités et des Familles. Député macroniste depuis 2017, c’est une fidèle du clan Macron. Absente du gouvernement lors du premier quinquennat, elle prend la tête du groupe Renaissance à l’Assemblée lors du second. Elle devient ainsi un membre important de la majorité présidentielle.
Prisca Thevenot est mutée, elle succède à Olivier Veran. L’ancienne secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, est désormais ministre chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.
Au ministère chargé des Relations avec le Parlement, Marie Lebec est la première femme à occuper cette fonction depuis l’avènement de la Ve République.
Ils conservent leur ministère
Les principaux ministres du gouvernement Borne n’ont pas bougé. Au ministère de la Justice, le controversé Garde des sceaux, Éric Dupont-Moretti, conserve sa place à l’hôtel Bourvalais. En fonction depuis 2020, l’avocat fait face à diverses polémiques comme son procès « pour prise illégale d’intérêts« . Il fait également l’objet de critiques, plusieurs associations féministes reprochent au Garde-des-Sceaux « un désintérêt et des attaques » contre les femmes victimes de violences. Il avait également lancé trois bras d’honneur furtifs vers un député à l’Assemblée nationale en mars 2023.
Bruno Le Maire reste ministre de l’Économie et des Finances. Il est notamment attendu pour la prochaine présidentielle. Des rumeurs circulaient selon lesquelles, il souhaitait s’orienter vers l’international, notamment à la tête du FMI à l’instar de Dominique Strauss Khan. Aujourd’hui, il est certain que Bruno Le Maire prépare 2027 en tant que dirigeant de Bercy.
Dans la liste des ministres en place, Gérald Darmanin conserve le département de l’Intérieur et d’Outre Mer. Dans le paysage politique, c’est probablement l’un des représentants les plus critiqués. Il est accusé par deux femmes avec qui il a eu des relations sexuelles, « d’abus de pouvoir« . Le juge d’instruction en charge de l’affaire avait conclu à un « non-lieu », le 8 juillet 2022. Hier, mercredi 10 janvier, l’eurodéputée LFI Manon Aubry a accusé le ministre « de complicité de fraude fiscale » et a saisi la justice. Cette affaire intervient dans le cadre d’une enquête de « Mediapart » sur le transfert de Neymar au PSG. Néanmoins, Gérald Darmanin reste un cadre important de la macronie. Il a notamment mené bataille pour la très critiquée loi immigration.
Parmi les ministres en place, Sébastien Lecornu conserve lui les Armées. Un poste qui lui convient tout à fait comme l’indique un de ses proches, « Être aux Armées a toujours été son rêve« . Il était pressenti pour se retrouver à Matignon, mais ce n’était vraisemblablement pas son intention.
Christophe Béchu, en poste depuis juillet 2022, garde sa fonction de ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il avait été vivement critiqué lors de ses débuts. Quelques ONG comme WWF s’indignait de son absence médiatique et de son inaction, notamment lors des feus de forets auxquels la France a fait face.
Sylvie Retailleau conserve elle aussi son portefeuille. Elle reste ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Enfin, Marc Fesneau se maintient aussi. Déjà à la tête du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire avec le gouvernement Borne, c’est un fidèle macroniste qui fait peu parler de lui. Sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, Marc Fesneau était ministre des relations avec le Parlement sous Édouard Philippe et Jean Castex.