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Réforme du collège : La fronde des profs

À l’appel du SNES FSU, des manifestations sont organisées partout en France devant les rectorats ce mardi 19 Mai. Environ 200 personnes étaient mobilisés devant le rectorat de Nice pour dénoncer une réforme qui fait polémique.

Alain Galland, secrétaire général du SNES, explique « La réforme du collège est nécessaire mais pas sur les bases conduites par la ministre.»

Le représentant syndical parle alors d’une « situation d’inégalité des élèves en fonction de leurs établissements de provenance.»

«Nous attendons de la ministre qu’elle remette la réforme à plat et qu’elle discute avec la profession ! Rendez-vous compte, elle s’est basée sur un syndicat ultraminoritaire car elle sait très bien que l’ensemble des professeurs sont opposés à son projet » scande Alain Galland expliquant que ce projet « est une forme d’opportunisme de Mme Vallaud-Belkacem qui ne souhaite qu’une chose, c’est de laisser son nom sur une réforme !»

Et sur le fond, pas question de flancher. On parle ici d’une réforme qui selon les syndicats «mettra en péril certains enseignements comme le latin. Ce sera le chef d’établissement qui aura tout pouvoir pour décider de le conserver ou non. »

Sur le sujet des langues, le représentant s’indigne : « La ministre fait des annonces en trompe-l’oeil. Les sections bilangues seront sauvegardées uniquement pour les élèves qui recoivent un enseignement autre que l’anglais à l’école primaire. En réalité, 85% des élèves étudient cette langue au primaire ! »

Stéphane Solier, professeur de lettres classiques, est lui aussi inquiet « Si le principe de rendre accessible des langues anciennes à tous est bon, la pratique est différente ! Les EPI vident le cours disciplinaire. Actuellement nous avons 3h de latin par semaine au collège. Ces heures vont être réduites à 1 heure d’EPI par semaine sans savoir ce qu’il y a dedans. Et plus encore, avec cette réforme, c’est le chef d’établissement qui décidera, ou non, de les maintenir ! »

Un soutien de la droite dérangeant

L'UNI, association universitaire de droite, s'est associée au mouvement de contestation

L’UNI, association universitaire de droite, s’est associée au mouvement de contestation de la réforme

Si l’ensemble de l’UMP et du FN dénoncent cette réforme, les syndicats préfèrent prendre leurs distances. Les argumentaires sont d’ailleurs bien différents à droite.

Valérie Pécresse, ancienne ministre de l’éducation nationale, a ainsi déclaré que « La pluridisciplinarité nuit au mérite, à l’excellence qui sont vecteur de réussite sociale ! »

Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, s’est engagé pour sa part, à abroger cette réforme qu’il jugeait la « plus détestable de la longue liste de réformes inutiles » s’il revenait au pouvoir en 2017.

Pour François Péguillet, délégué national de l’UNI, premier syndicat universitaire de droite, le constat est net : « Cette réforme est destructrice tant sur la forme que sur le fond. On estime que la façon dont les programmes scolaires ont été rédigés avec la novlangue socialiste est scandaleuse. De facto, les parents d’élèves ne sont plus en mesure de comprendre ce qu’on attend de leurs enfants. »

Plus encore, le cadre politique s’inquiête : « les programmes d’histoire ont été taillés à la hache, le christinannisme médiéval et le siècle des Lumières sont en train de devenir facultatifs. Les cours d’histoire sont devenus des cours de repentance »

Ainsi, selon lui, la réforme « détruit le collège et l’excellence ».

« Quant à la supression du latin, après les attentats de Charlie Hebdo, et alors que la France a besoin d’unité nationale, on supprime notre filiation culturelle et l’on se concentre plus sur nos différences au lieu de réfléchir à ce qui fait notre unité. »

Le gouvernement temporise

Najat Vallaud-Belkacem, porteuse du projet contesté de réforme du collège

Najat Vallaud-Belkacem, porteuse du projet contesté de réforme du collège

Ce matin, Najat Vallaud-Belakcem a tenté de calmer les tensions en expliquant que cette «réforme est indispensable pour la réussite de chacun. » La ministre a assuré vouloir entendre tout le monde : « Le moindre gréviste m’intéresse, j’écouterais chaque enseignant car on ne peut faire l’impasse sur les préoccupations qu’ils émettent. »

« Ma porte reste ouverte aux organisations syndicales » a ainsi promis la ministre.

Pour la soutenir, Manuel Valls aussi s’est positionné en expliquant que « L’école n’est plus le rempart qu’elle devrait être contre la reproduction sociale. »

« Comment accepter que notre société laisse de côté 150.000 jeunes sans diplôme ni qualification ? » a-t-il ajouté.

Lors d’une conférence de presse commune avec Angela Merkel, François Hollande y est allé aussi de son mot de soutien « Cette réforme doit permetre d’assurer la réussite pour tous (…) C’est l’esprit de cette réforme du collège »

Le vrai du faux

La réforme des collèges devrait alors rentrer en application à la rentrée 2016 pour l’ensemble des collègiens de France.

Ainsi, les 26 heures d’enseignement minimum par semaine pour un collègien seront maintenues mais il pourra commencer l’apprentissage d’une LV2 dès la 5ème suite à la disparition des classes bilangues et européennes.

Les langues anciennes, quant à elles, devraient elle être allégées passant de 3 à 1 heure par semaine.

De plus, des enseignements complémentaires gérés par les chefs d’établissements seront rajoutés aux emplois du temps dès la 6ème à raison de 3 heures par semaine. Elles seront dédiées aux enseignements pratiques interdisciplinaires.

Enfin le point de discorde principal porte sur les programmes d’histoire. Si la droite craint que l’étude de l’Islam prenne le pas sur la chrétienté, certains points du programme resteront obligatoires, d’autres seront « au choix » des enseignants.

Pour porter cette réforme, 4000 professeurs de collèges devraient être recrutés dans les 7.100 collèges de France.

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