Les jeunes de l’Union Nationale des Etudiants de France ont fait savoir leur opposition face au projet de loi sur la réforme du travail, lors d’une conférence de presse, mardi 1er mars à Paris. Ils appellent à la mobilisation citoyenne le 9 mars prochain pour dénoncer la loi El Khomri.
« On est des travailleurs jetables, des mouchoirs de poche » ; « Nous ne sommes pas des salariés Kleenex ! ». Tandis que la mobilisation sur les réseaux sociaux grandit chaque jour en réaction à la proposition de loi sur la réforme du travail, les membres de l’UNEF ont appelé au rassemblement général. Une manifestation de contestation se tiendra le 9 mars prochain à 14 heures, Place de la République à Paris. Devenu symbole de liberté, le lieu de rassemblement n’a pas été choisi au hasard.
Ce rassemblement vise à dénoncer une succession de réformes libérales qui « renforcent le bizutage social » dont sont victimes les jeunes et les salariés aujourd’hui en France. Par cette manifestation d’envergure, ils tiennent à faire savoir leur opposition à cette réforme présentée par le gouvernement socialiste. Mais les étudiants ne seront pas les seuls présents et appellent à l’union de tous les travailleurs pour faire barrage à cette proposition de loi dite « liberticide » pour les salarié.
Ils affirment qu’une telle mesure conduirait à la précarisation des jeunes travailleurs et des salariés, les obligeant à enchaîner des contrats précaires. Ils déplorent également que les stages et les services civiques soient rémunérés à la moitié du SMIC, ce qui prive les jeunes travailleurs d’un niveau de vie décent.
Quelles sont les mesures annoncées par la loi du Travail ?
Que revendiquent les jeunes opposants ?
« Nous, lycéens, lycéennes, étudiants, jeunes chômeurs, sommes déjà précaires pendant nos études et notre insertion professionnelle, il faudrait maintenant que nous acceptions d’être précaires à vie ! ». Face à la proposition de loi du gouvernement socialiste sur la réforme du code du travail, les jeunes sont farouchement opposés à toute réforme susceptible d’exercer un dangereux chantage pour les salariés. Ils déplorent que les apprentis de moins de 18 ans pourraient être contraints de travailler jusqu’à 10 heures par jour à raison de 40 heures hebdomadaires.
De plus, les jeunes membres déclarent qu’une telle mesure aura un impact négatif sur la courbe du chômage. Selon eux, une telle reforme augmentera encore le chômage : « du temps de travail supplémentaire pour celles et ceux qui ont un emploi, et moins d’offres d’emplois disponibles pour notre génération alors que 25% d’entre nous sommes au chômage voire 40% ou 50% dans les quartiers populaires ou en Outre-mer. »
Quelles sont leurs propositions alternatives ?
Face à cet ensemble de mesures jugé inacceptable, ils appellent tous les jeunes de France à se mobiliser afin d’exiger le retrait du projet de loi sur la réforme du travail. Les membres de l’UNEF réclament davantage de mesures pour sécuriser les salariés et jeunes travailleurs.
Pour les apprentis et les stagiaires :
– Rémunération et droits à la hauteur du poste occupé.
– Pas de rémunération en dessous du SMIC et mêmes droits que les autres salariés, mesure comprenant une protection sociale.
– Les années d’apprentissage doivent être prises en compte dans le calcul de la retraite.
– L’apprentissage ne doit être légal qu’à partir de 16 ans et doit déboucher sur un emploi stable.
La mise à disposition de budgets supplémentaires pour :
– Offrir à tous les jeunes une éducation avec une formation de qualité pour favoriser l’ascension sociale
– Mettre en place une véritable protection sociale pour les étudiants durant les études
– Offrir un revenu décent aux étudiants travailleurs ainsi qu’une meilleure protection sociale
– Compter les années d’études dans le calcul de l’assurance chômage
Mesures censées lutter contre la précarité :
– Instaurer le CDI comme norme pour l’emploi
– Diminution du temps de travail sans baisser les salaires afin de lutter contre le chômage
– Assurer une protection sociale suffisante pour chacun, salariés comme chômeurs
« L’augmentation de la rémunération des stagiaires est une première victoire dans le quinquennat, aujourd’hui il faut aller plus loin »
« On n’a jamais été autant, depuis le CPE, à se rejoindre en force pour une même cause »
Les dix-neuf organisations de jeunesse réunies en conférence de presse mardi matin au bar La Maison, à deux pas de la place du Colonel-Fabien à Paris, se réjouissent d’ores et déjà de cette manifestation qui s’annonce historique. Tous rêvent déjà de faire plier le gouvernement face à une manifestation d’ampleur inédite et s’imaginent réitérer le « coup » de 2006 lors de la manifestation de protestation relative au Contrat Première Embauche.
« À travers le projet de la loi travail, le gouvernement vient de déclencher une guerre sans précédent contre les jeunes et les salariés » peut-on lire dans le communiqué de presse. Si le gouvernement a annoncé lundi le report du projet de loi pour une durée de quinze jours, c’est une victoire en demi-teinte pour les organisations de jeunesse. « Cela montre que le gouvernement craint la contestation de masse et qu’il est prêt à revenir sur plusieurs points de réforme ». Mais ce n’est pas assez, les organisations exigent le retrait pur et simple du texte. Marthe Corpet, trésorière nationale de l’Unef, voit dans ce report une première victoire « mais nous intensifierons le mouvement ».
[CP] Le projet de #LoiTravail sera présenté en Conseil des ministres le 24 mars prochain >> https://t.co/zDEuuQ9mQ6 pic.twitter.com/RqJ9VByZ5k
— La loi Travail (@LoiTravail) 29 février 2016
Outre la grande manifestation du 9 mars prochain à Paris, une quarantaine d’autres rassemblements seront organisés partout en France. Des assemblées générales sont prévues dans les universités, c’est le cas notamment à Paris-II et Paris-VIII. Enfin, la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl), représentée par Louise appelle pour sa part les lycéens à faire un blocus dans leurs lycées. Ils sont invités à sortir les tables de leurs classes pour les mettre devant leurs établissements lors de la pause déjeuner, le 9 mars prochain. Les 925 713 signatures recueillies à ce jour par la pétition contre la loi El Khomri, lancée sur Change.org, montrent qu’un vrai « potentiel » de mobilisation existe, a insisté Marthe Corpet. « Nous avons aussi constaté une vraie crispation sur les réseaux sociaux auprès des jeunes », a-t-elle ajouté. L’Unef, s’est quelque peu éloignée du gouvernement et souhaite « mobiliser depuis deux ans, comptant et recomptant ses troupes. »
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