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Remaniement : les enseignements d’un jeu de chaises musicales restreint

Depuis hier, la France compte deux nouveaux ministres : François de Rugy remplace Nicolas Hulot à la Transition écologique et Roxana Maracineanu succède à Laura Flessel aux Sports. Un remaniement a minima pour montrer la détermination de l’exécutif mais qui ne comble pas la perte de deux personnalités populaires.

Peut-on réellement parler d’un remaniement ministériel ? En tout cas, une chose est certaine, il est très limité, voire même poste pour poste. Deux nouvelles personnalités remplacent deux sortants. Point de bouleversement au sommet de l’Etat, c’est le choix qu’à fait Emmanuel Macron.  Mais que faut-il retenir politiquement de ce remaniement ? VL vous en dit plus.

Statu quo au gouvernement

Pas de sanction pour les ministres les plus fragiles, pas de bouleversement dans les portefeuilles et encore moins une évolution dans la ligne de l’exécutif. Le message du chef de l’Etat est clair : rien ne change. Le remaniement de ce mardi était davantage technique que politique. Cependant, Emmanuel Macron avait la possibilité d’opérer des changements plus larges, dans l’idée d’ouvrir une nouvelle séquence en cette rentrée compliquée et en amont des européennes de mai 2019 (comme le souhaitait le Premier ministre) mais il n’en a rien été. Même l’hypothèse de recruter des secrétaires d’Etat n’a pas été retenue. Une explication ? Il faut aller la chercher dans le tempérament du chef de l’Etat. En effet, pour Emmanuel Macron, hors de question d’agir sous la contrainte de l’opinion publique et encore moins des journalistes. Il veut montrer qu’il est le seul maître du calendrier et déterminé. Avec le même nombre de ministres, un écologiste remplaçant un écologiste et une ex-championne remplaçant une ex-championne, l’équilibre des forces est en apparence préservé.

Deux nouveaux ministres moins populaires mais pas inconnus

François de Rugy et Roxana Maracineanu n’ont pas la notoriété de Nicolas Hulot et Laura Flessel mais il ne s’agit pas non plus de deux parfaits inconnus. Député depuis 2012, François de Rugy était le quatrième personnage de l’Etat depuis son élection à la Présidence de l’Assemblée Nationale et une des personnalités EELV de la majorité, candidat au primaire de la gauche. Roxana Maracineanu, elle, a été championne du monde de natation en 1998 et vice-championne olympique en 2000. Une tendance se dessine toutefois : ils sont plus politiques que leurs prédécesseurs. François de Rugy est militant depuis ses études et élu à Nantes depuis 2001. Membre de la majorité, il n’est pas un électron libre comme Nicolas Hulot et incarne une écologie pragmatique. Sa désignation souligne qu’Emmanuel Macron n’a pu trouver une figure écolo au-delà de sa majorité parlementaire. Roxana Maracineanu, quant à elle, a aussi connu un engagement politique : elle a été élue sur les listes PS au Conseil régional d’Ile-de-France. Cet été, Edouard Philippe venait de lui confier une mission pour renforcer le plan de lutte contre les noyades.

« Une déstabilisation politique et personnelle du Président »

Deux démissions et des hésitations sur le prélèvement à la source : deux éléments qui  renforcent  une impression de flottement, sur fond de chute de popularité. « Il y a une déstabilisation du président, politiquement et personnellement », souligne Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion d’Harris Interactive. Un remaniement « a minima » qui ne modifie en rien les attentes des Français en matière de résultat et d’efficacité, y compris sur les questions environnementales et sportives. En effet, les ternes indicateurs économiques « donnent l’impression que l’efficacité de l’action de l’exécutif n’est pas aussi importante qu’envisagée » ajoute Jean-Daniel Lévy. Pour Erwan Lestrohan, directeur d’études chez BVA Opinion, on assiste à « un recentrage d’Emmanuel Macron autour de son socle électoral » afin de  « minimiser le risque de divergence idéologique au sommet de l’Etat. » Démontrer son efficacité par les résultats, « c’est tout l’enjeu des prochains mois » conclut Jean-Daniel Lévy.

Un remaniement qui va impacter l’Assemblée et le groupe LREM

François de Rugy libérant le Perchoir, ce petit remaniement va connaître une prolongation au Palais Bourbon. L’ex-ministre et patron des députés LREM Richard Ferrand est le favori pour être le candidat de la majorité à la présidence de l’Assemblée, même si Yaël Braun-Privet (présidente LREM de la commission des lois) vient également de se déclarer. Un vote interne est prévu pour départager les prétendants avant l’élection officielle qui devrait se tenir mercredi. Mais les changements ne s’arrêteront peut-être pas là. Si Richard Ferrand est le nouveau patron de l’Assemblée nationale, il va lui-même libérer la présidence du groupe majoritaire. Son vice-président Gilles Le Gendre est un prétendant sérieux pour reprendre le flambeau.

À lire aussi :

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