Carbone sort sur les écrans le 1er novembre. Pour VL on a posé quelques questions au réalisateur Olivier Marchal et à Michaël Youn qui surprend dans un contre emploi
Le nouveau film d’Olivier Marchal, Carbone réunit notamment Benoit Magimel, Laura Smet, Gringe et Michaël Youn. On a rencontré ce dernier au mois de septembre au Festival de la Rochelle et on en a profité pour lui parler de Carbone tandis qu’Olivier Marchal nous a reçu il y a quelques jours pour évoquer ce nouveau film.
3 questions à Olivier Marchal
Qui a eu l’idée originale de Carbone ?
C’est un scénario qui était écrit par Emmanuel Naccache et j’ai dit que je prenais l’histoire mais que si je la prenais, je rendais les personnages beaucoup plus attachants qu’ils ne l’étaient car ils n’étaient pas sympathiques dans la première version donc j’ai adapté et j’ai redialogué et puis j’ai rajouté des scènes. Quand tu réadaptes tu changes des choses, j’ai fait du personnage principal un chef d’entreprise mais c’était important pour moi le fait d’expliquer son geste moralement. Le mec perd tout, la boite créée par son père parce qu’il s’est surrendetté, qu’il a voulu se mettre aux normes et tout le monde lui tombe dessus et son comptable interprété par Michaël Youn lui souffle l’idée de la taxe carbone et il a l’idée de faire cette arnaque à la TVA. Avec Emmanuel Naccache on a signé le scénario à deux car il avait fait un gros travail en amont.
Benoit Magimel c’est votre idée ? Vous aviez tourné ensemble dans Truands de Frédéric Schoendoerffer…
On devait faire Section Zéro ensemble et on s’est ratés pour X et Y raison. Ça ne s’est pas fait mais c’est vrai qu’on avait eu un très bon feeling et qu’avec le tandem qu’on formait on s’était bien éclatés dans Truands et c’est un super acteur. Il a un mal être qui lui donne l’épaisseur d’un Ventura, l’animalité d’un Delon et la fragilité d’un Patrick Dewaere. Il a quand même un mélange de trois grands acteurs ce qui fait que ça a servi le personnage et cette fragilité et cette hypersensibilité font que tu t’attaches à lui parce que c’est un gamin qui ne réalise pas trop ce qu’il fait, qui est dans le déni, qui persuade tout le monde de se lancer mais qui sait au fond qu’il a mis le doigt dans quelque chose qui ne va lui attirer que des emmerdes.
Sur VL, au moment de Section Zéro, vous nous aviez dit que vous étiez usé par les difficultés pour monter un film. Est-ce que c’est toujours le cas et est-ce que vous avez retrouvé avec Carbone la patate suffisante?
Je vous dirais ça le 1er novembre parce que maintenant on est condamné à ce que ça marche, c’est toujours pareil. C’est surtout la difficulté à monter des polars, des films noirs. On m’a refusé un film parce que trop violent, un film sur la guerre de 14/18 adapté de la BD Notre mère la guerre parce qu’il était trop cher et au prétexte que les films en uniforme ça ne marche pas et après pourquoi on fait le Dupontel alors? Parce qu’il y a un Goncourt ? Donc tu te dis pourquoi pas le mien d’autant que la BD est remarquable et que le scénario est un chef-d’œuvre et je le dis d’autant plus facilement que ce n’est pas moi qui l’ait écrit mais Kris l’auteur de la BD. Là j’essaye de le relancer en série, on va voir. Mais c’est surtout compliqué aujourd’hui de ne pas arriver avec une comédie Et pourtant le public dès que tu leur donnes un polar qui est réussi, avec une histoire et de bons comédiens, il répond présent.
Merci à Apolline Jaouen qui a permis à cette interview de se faire
3 questions à Michaël Youn
Vous êtes vraiment surprenant et à contre emploi dans Carbone…
Je suis un peu surpris parce que beaucoup de gens nous félicitent et pour le coup je n’ai pas vu venir le truc. Pour des raisons que je ne m’explique pas je suis passé de l’autre côté, je ne fais maintenant que du drame…
Y’a t’il eu un rôle qui a servi de déclic ?
Non parce que je trouve qu’on ne m’en donne pas assez encore, je voudrais en faire plus. Il y a encore un peu de frilosité. C’est vrai que le cinéma a changé, que ceux qui étaient bankable hier le sont moins aujourd’hui puisque des jeunes le sont à leur place, ce qui fait aussi que j’ai dû modifier ma façon d’appréhender mon métier et mon parcours et je suis ravi de pouvoir goûter à d’autres choses, à d’autres plaisirs, je ne vais pas dire à modifier l’image que j’ai parce que je ne crois pas ce soit très intéressant, mais pour ma curiosité, mon savoir faire c’est très très nourrissant tout ça. Quand on tourne un truc comme Carbone on développe une autre facette de son métier et on développe une autre partie de son humanité aussi et sans vouloir être démago, on en sort pas indemne.
Arriver dans la famille de quelqu’un comme Olivier Marchal est-ce que ça vous a donné un déclic en tant que comédien. Le fait de savoir qu’il vous reconnaissait comme un des siens peut-être ?
Je le dis sans aucune amertume mais moi qui n’ait pas la carte, quand du jour au lendemain je tourne avec Olivier (dans Mon Frère bien aimé pour France 2) puis je finis par tourner pour lui, je pense que certains producteurs ou certains distributeurs d’un coup vous regardent un petit peu différemment parce qu’Olivier Marchal c’est du lourd. C’est selon moi un des meilleurs réalisateurs français, en tout cas le meilleur réalisateur de polars ça c’est sûr, avec un univers bien à lui. Je dirais que personne ne joue mal avec Olivier Marchal. Soit il est très bon directeur d’acteurs, soit il choisit très bien ses comédiens, mais l’un dans l’autre c’est bon pour moi (Rires). Je n’ai pas nécessairement besoin de changer d’image, tout ce que je veux c’est pouvoir continuer à faire ce métier que j’aime et à ne pas choisir entre la comédie et le drame, entre écrire et réaliser, entre le cinéma et la télé, ne pas choisir entre chanter des bêtises et être dans un polar d’Olivier Marchal… J’ai la chance de pouvoir toucher à tout ça parce que je me la suis donnée et je suis content de voir que je ne suis pas encore complètement entré dans des cases. Les gens ont compris que je n’étais pas qu’une paire de fesses qui courait avec un mégaphone, même si il y a encore des gens dans la rue qui m’appellent Monsieur Morning Live.
Merci à Emilie Budzynski de TF1