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Ressources Humaines & Psychologie du travail : « Les entreprises sont des lieux existentiels où il nous faut comprendre la dimension humaine et communautaire »

Mathilde Baudé est responsable de la filière « Ressources humaines & Psychologie du travail » à l’École de Psychologues Praticiens. Également enseignante-chercheuse, elle nous livre sa vision sur  l’importance de la présence de  psychologues en entreprise.

VL : La filière « ressources humaines & psychologie du travail » correspond à une spécialisation en 4e  année pour les étudiants. Pouvez-vous nous la présenter ?

L’EPP est consciente de tous les enjeux actuels dans le monde du travail et sait que le champ d’intervention des psychologues se diversifie. De ce fait, l’école a développé une filière dans laquelle les enseignements sont centrés davantage sur la prévention, les assessment center, le conseil en RH, le recrutement/licenciement, la gestion de carrière … L’idée est de développer une double compétence en psychologie du travail et des organisations et en ressources humaines. Depuis 2020, cette filière est proposée aux étudiants à partir de la 4e  année et jusqu’à la  5e  année sur nos deux campus (Paris et Lyon). Cette spécialisation repose sur un solide socle de connaissances théoriques acquises à travers les trois premières années de licence en psychologie. 

Lors du premier semestre de 4e année, un socle commun clinique demeure, puis progressivement, les étudiants sont amenés à découvrir de nouvelles thématiques centrées sur la psychologie du travail et des organisations (par exemple, bien-être au travail, qualité de vie au travail, prévention des risques psychosociaux) et les ressources humaines (développement du leadership, droit du travail, gestion des compétences, marketing). En parallèle des cours, les étudiants doivent réaliser 400h de stage pendant l’année.

La dernière année, quant à elle, est centrée uniquement sur la spécialité RH et Psychologie du travail, avec des cours sur le management des hommes, la stratégie et la transformation des entreprises, la marque employeur et le talent management, l’assessment center, les bilans de compétence, les modèles en psychologie organisationnelle positive, la psychologie existentielle etc. Après un semestre dédié à 100% au cours, les étudiants doivent réaliser un semestre de stage en entreprise.

Enfin, tous les étudiants de la filière passent (gratuitement) la certification aux tests de personnalités SOSIE et Golden (version améliorée du MBTI). Cela leur permet d’être immédiatement opérationnel pour toutes les problématiques liées au recrutement et à la gestion de carrière.

A noter que ces expériences peuvent se faire en apprentissage/alternance, ce qui leur permet de faire financer leur frais de scolarité tout en étant intégré comme un salarié « normal » pendant deux ans (salaire compris). Ils acquièrent ainsi des compétences et une expérience professionnelle significatives avant leur diplomation.

VL : Cette formation permet-elle réellement de trouver du travail aux jeunes diplômés ?

100 % des étudiants de cette filière ont trouvé un emploi en CDI à temps plein un an après avoir quitté l’école pour une rémunération moyenne supérieure à 30 000 € brut par an. De fait, la double compétence RH et psychologie est particulièrement appréciée et permet d’apporter de la diversité à des équipes RH souvent issues d’écoles de commerce ou de formations de gestion RH. Recruter un étudiant de PsychoPrat’, c’est allier un savoir-faire sur l’intégralité de la fonction RH à la mise à distance et à la réflexivité d’un psychologue.

VL : Quel type de poste occupent-ils par la suite ? Et dans quel type d’entreprise ?

On peut distinguer deux grands types de trajectoire professionnelle : certains intègrent des cabinets de conseil en RH spécialisés sur les compétences premières des psychologues du travail (recrutement, formation, audit des risques psychosociaux, transformation d’entreprise). D’autres intègrent des services RH d’entreprise et y font carrière. De fait, un certain nombre de DRH de grands groupes sont passés par PsychoPrat.

VL : Et l’international dans tout cela ?

L’international fait partie intégrante du parcours de l’école et certains cours sont notamment enseignés en anglais. Pour aller plus loin, l’EPP propose plus de 25 échanges universitaires partout dans le monde. Certains sont proposent d’explorer la filière RH et psychologie dans des semestres 100% en anglais. Par ailleurs, depuis des années, certains de nos étudiants suivent des cours à HEC Montréal.

VL : On imagine souvent que travailler dans un service RH correspond à de la gestion du personnel. En quoi la dimension psychologique entre-t-elle en ligne de compte et devient-elle un élément déterminant ?

Si l’on remonte dans le temps, dans les années 1900, nous pouvons prendre conscience de l’évolution du management. À l’époque, un Homme était considéré comme « une main » (autrement dit seulement de la main d’œuvre ndlr). Se sont ensuite succédé à cette école classique, de nouvelles écoles de pensée, dites des relations humaines changeant la perception du rapport à l’autre dans les organisations.  Aujourd’hui, plus que jamais, elles doivent procéder à un changement de paradigme. Les entreprises sont des lieux existentiels où il nous faut comprendre la dimension humaine et communautaire. Dans son travail, chacun a besoin de savoir ce qu’il fait, comment il le fait et pourquoi il le fait. Cela aide à trouver sa juste place. Bien qu’un contrat contenant des engagements réciproques soit signé entre deux parties, cela ne suffit plus pour être satisfaisant. D’autres apports, contributions, comme celles des psychologues, doivent soutenir l’activité professionnelle des salariés afin de prévenir des risques professionnels, de maintenir la santé au travail et de garantir des fonctionnements professionnels sains, équilibrés. Leur rôle s’inscrit pleinement dans cette nouvelle dynamique où le sens du travail est une quête. C’est donc dans l’accompagnement du management dans la gestion de ces problématiques que la fonction RH portée par un psychologue prend sa pleine dimension.

VL : Pensez-vous que cet état d’esprit soit répandu dans de nombreuses entreprises à l’heure actuelle ?

Les entreprises ont un certain nombre d’obligations dont celles depuis 2001, d’assurer la sécurité et la santé physique et mentale de ses salariés. Pour respecter cela, nombre d’employeurs s’entourent de professionnels spécialisés dans le domaine n’ayant pas eux-mêmes l’expertise et les compétences appropriées. En tant que responsable RH, les psychologues peuvent se voir déléguer certaines responsabilités pour répondre à ces obligations et peuvent contribuer par le biais de leurs interventions, de leurs missions à aider à améliorer la qualité de vie en entreprise. Il faut avoir conscience d’une chose : un employé en bonne santé est beaucoup plus performant. L’organisation a donc tout à y gagner.

VL : Est-ce que la situation actuelle liée à la crise sanitaire a renforcé ces aspirations et donc rendu encore plus nécessaire ce que vous enseignez dans votre filière ?

Quand nous faisons partie d’une organisation, nous vivons une histoire et nous traversons des épreuves ensemble. La pandémie en fait partie, certes, mais il en existe d’autres : le rachat d’une entreprise, la fusion entre deux entreprises… Toutefois, la période de crise sanitaire a permis aux individus de réfléchir au sens qu’ils voulaient donner à leur vie et surtout à leur travail. Nous enseignons à nos étudiants à accompagner les entreprises dans ces évolutions d’un point de vue des techniques RH mais aussi à accompagner les managers en promouvant le management par le sens. De fait les récentes études sur le sens du travail suggèrent que les individus utilisent le travail pour mieux se comprendre, mieux vivre. Une prise de conscience de l’importance de « l’être » est nécessaire à tous les niveaux ainsi que celui d’être conforme avec ses valeurs personnelles et professionnelles. Un manager conscient de ces enjeux arrivera à améliorer l’engagement individuel et la cohésion d’équipe, et au final la performance de son service. 

VL : Comment intégrer ce parcours ?

Ce parcours est bien évidemment accessible à tous les étudiants de 3e année de l’EPP qui valident leur année. Des admissions parallèles sont possibles en 4e année pour des étudiants ayant validé trois années d’étude en psychologie (environ 5 places disponibles chaque année sur chacun des campus). La candidature se fait en début d’année sur dossier puis via un entretien avec deux psychologues expérimentés (informations à retrouver sur le site, fin des candidatures le 6 mars 2022).  Le système de sélection à l’entrée du master à l’université fait que nous recevons un grand nombre de candidatures en 4e année (plus de 200 candidatures en clinique et en RH). N’hésitez pas à postuler pour intégrer l’école dès la 3e année.

À propos de l’EPP :

Créée en 1951, l’École de Psychologues Praticiens (EPP, ou Psychoprat) forme des psychologues qualifiés et polyvalents, maîtrisant les savoirs et les outils indispensables pour exercer dans des domaines variés tels que l’entreprise, la justice, la santé et le social. L’EPP dispose de deux campus installés dans le centre de Paris et de Lyon, facilement accessibles et à taille humaine.

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