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Culte | On a redécouvert pour vous… le premier épisode de P.J.

Avant Chérif et Caïn, P.J. fit les beaux jours des vendredis de France 2. Alors que la série a fêté ses 20 ans en 2017, on a revu pour vous le premier épisode.

En 1997, la série policière à la télévision française n’a pas encore réussi à s’affranchir du sacro-saint format d’1h30, ni des héros récurrents uniques et emblématiques qui pullulent alors sur TF1 (Navarro, Commissaire Moulin, Julie Lescaut, Une Femme d’Honneur). Sur Antenne 2 (devenu France 2 en 1992) ce n’est pas faute d’avoir testé le format de 52 minutes, qui n’a connu qu’une seule flagrante réussite des années auparavant (Les Brigades du Tigre) pour plusieurs tentatives plus ou moins louables mais qui ne furent pas toutes concluantes (Un juge un flic, Panique aux Caraïbes, Hôtel de Police…). En France, ce format ne parvient pas à s’inscrire de manière pérenne dans nos mœurs alors qu’outre atlantique il fait fureur depuis des décennies. Depuis l’avènement en 1981 aux États-Unis de Hill Street Blues la série policière chorale initiée par Steven Bochco, on sait que les récits sophistiqués, les histoires qui s’entrecroisent et le mélange de vie professionnelle et de vie privée sont les ingrédients de potentielles grandes séries. Dans nos contrées il faudra attendre que Bochco triomphe à nouveau à partir de 1993 avec une autre série NYPD Blue pour que, ce qui n’est longtemps resté qu’un vœu pieu se concrétise enfin. C’est par l’intermédiaire de Frédéric Krivine que sonnera le tocsin de la révolution. France 2 initie en 1997 « Une soirée de polars » (qui trouvera en 1998 sa bonne carburation avec P.J. et Avocats et Associés qui s’enchainent) et P.J., clairement inspiré de NYPD Blue, dont la diffusion en France sur Canal Jimmy est alors relativement confidentielle, permet à Krivine (qui n’est pas encore le créateur de Un Village Français) de créer un commissariat typiquement parisien avec une distribution chorale qui fait la part belle  à une typologie de personnages divers et variés.

Mais c’est quoi déjà… P.J ? Dans un quartier difficile de Paris, la police judiciaire s’occupe d’affaires en tous genres : meurtres, violences, cambriolages, problèmes de voisinage, etc. La « P.J. Saint Martin » doit mener sa mission à bien tout en gérant les tensions et histoires personnelles au sein même de l’équipe.

Le premier épisode de la série intitulé Racket est diffusé sur France 2 le 12 septembre 1997. Tout commence par un générique au thème efficace (signé Richard Galliano) qui montre un montage d’images représentatives de la population cosmopolite qui vit à Paris et de l’agitation qui règne dans les rues. Ces images qui serviront aussi de petites séquences de transition d’une scène à l’autre (comme des images des rues de New York dans NYPD Blue) deviendront caractéristiques de l’identité de la série.

Cet épisode voit l’apparition de Samy Nacéri, un an avant qu’il ne triomphe dans Taxi et de Gérald Thomassin (Le Petit Criminel) et met en place la narration éclatée qui servira de marque de fabrique à P.J.. Comme chez Bochco, plusieurs affaires sont traitées dans l’épisode et des bribes de la vie privée des personnages nous sont distillées. On apprend à découvrir le capitaine Vincent Fournier (Bruno Wolkowitch) le héros de la série qui démontre déjà un beau charisme et autour de lui le lieutenant Marie Lopez (Lisa Martino) nouvelle venue dans la brigade, le lieutenant Bernard Leonetti (Charles Schneider) élément chevronné marié à une infirmière Jeannine (Christine Citti) et le commissaire Meurteaux (Marc Betton), qui chapeaute la brigade.

Réalisé par Gérard Vergez (Les Cavaliers de l’Orage, Bras de Fer au cinéma) qui dirigeait déjà un an avant Bruno Wolkowitch dans la saga Dans un grand vent de fleurs, ce premier épisode de P.J. est assez agréable à suivre, avec des dialogues très efficaces. A posteriori, évidemment l’épisode semble un peu daté tant en 20 ans le bond qualitatif et la narration sérielle se sont affirmés mais cela fonctionne toujours relativement bien. Le rythme, qui était déjà le point faible de la série à ses débuts, est en effet sinusoïdal et les moments forts correspondent aux scènes de tension et aux affrontements dialogués mais on ne s’ennuie pas. La série nous offre déjà ce qui deviendra son ADN, les bruits et l’agitation de la rue qui mêlent les joueurs de bonneteau sur leurs cartons, les toxicomanes qui achètent leur dose, les marabouts africains qui tentent de vendre leurs services, les vendeurs à la sauvette, une population bigarrée et populaire. Le meilleur moyen de représenter à l’écran la vie d’un commissariat de quartier et le quotidien de la rue pour en restituer les pulsations. Ces flics ne sont pas des super-héros, ce sont des êtres humains comme nous avec des préoccupations personnelles (comment prendre leurs journées de récup, réussir à trouver un appartement plus grand alors qu’aucune augmentation n’est en vue..). Ce sont des flics de proximité qui enquêtent sur des vols à la tire, du racket ou des différents conjugaux et la grande force de Frédéric Krivine fut durant treize saisons de faire ressortir toute leur humanité et la substantifique moelle de leurs actions.

P.J. a en 20 ans été dépassé par des séries plus sophistiquées mais elle a ouvert une brèche qui a permis aux créateurs de s’affranchir autant que possible d’une télévision de papa qui avait fait son temps. En cela, elle restera à jamais comme le précurseur d’une nouvelle façon de concevoir des séries télévisées en France.

A lire aussi : On a vu pour vous…le premier épisode de Les hommes de l’ombre saison 3

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Journaliste pôle séries et La Loi des Séries, d'Amicalement Vôtre à Côte Ouest, de Hill Street Blues à Ray Donovan en passant par New york Unité Spéciale, Engrenages, Une famille formidable ou 24, la passion n'a pas d'âge! Liste non exhaustive, disponible sur demande!
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