Robert O’Neill serait a priori l’homme qui aurait tué Ben Laden. Un documentaire de la chaîne américaine Fox doit prochainement être diffusé sur le sujet.
Lorsque le monde apprend le 2 mai 2011 la mort du terroriste le plus recherché de la planète, Oussama Ben Laden, aucune information ne filtre quant à l’identité du présumé tueur qui l’aurait achevé de trois balles dans le corps. Pourtant, plus de trois années plus tard, le nom de Robert O’Neill est dévoilé sur le site internet spécialisé sur les questions militaires Sofrep. Jusqu’à présent seulement connu sous le nom du «Tireur», il ne devait révéler son identité que la semaine prochaine à l’occasion de la diffusion les 11 et 12 novembre d’un documentaire inédit lui étant consacré sur Fox News. Mais c’était sans compter sur Sofrep, qui, fort de l’avoir reconnu, dévoile son identité sur le net.
Le Daily Mail est parvenu à obtenir confirmation auprès du père de l’intéressé. L’an passé, le militaire aurait déjà témoigné dans le magazine Esquire, sous couvert d’anonymat. En effet, il aurait profité de cette interview pour dénoncer le sort réservé aux vétérans de l’armée, lui qui est parti sans retraite ni protection sociale, après 16 années de bons et loyaux services. Ce serait même, selon les dires de son père, la raison qui le pousse aujourd’hui à sortir de l’anonymat. Les états de services du soldat témoignent pourtant de son héroïsme. Outre le raid nocturne sur Abbottabad, Robert O’Neill a servi sur quatre zones de combat, a pris part à quelque 400 missions et non des moindres, relate son père. Pour sa bravoure au combat, Robert O’Neill a été décoré à 52 reprises, notamment par deux «Silver Stars» et trois «Bronze Stars», qui comptent parmi les plus hautes distinctions dans l’armée américaine. Âgé aujourd’hui de 38 ans, il officie à présent en tant que conférencier à Washington.
A l’annonce par Fox News de la diffusion prochaine du dit documentaire, la direction de l’unité spéciale des Navy Seals a adressé de sérieux avertissements à ceux qui seraient tentés de violer les clauses de confidentialité traditionnellement attachées à ce corps de métier. Dans une lettre obtenue par l’AFP, le contre-amiral Brian Losey, chef du Commandement des opérations spéciales de la marine américaine, a ainsi rappelé qu’une « disposition essentielle de notre code de conduite est ‘Je ne rends pas public la nature de mon activité, et je ne cherche pas à obtenir de la reconnaissance pour mes actions' ». Couverts pas le secret d’Etat, il est donc interdits aux soldats de narrer leurs exploits.
De fait, le contre-amiral menace de poursuites judiciaires quiconque ne respecterait pas les principes et les engagements pris lors des années de service. « Nous ne tolérons pas le non-respect délibéré ou égoïste de nos valeurs fondamentales en échange de la notoriété ou du gain financier » est-il ainsi possible de lire dans sa lettre. Interrogée sur le sujet, la porte-parole du Pentagone, Amy Derrick-Frost, a précisé que si Robert O’Neill était reconnu comme l’auteur de la mort de Ben Laden, il serait cependant toujours tenu par son engagement de confidentialité et n’aurait en aucun cas le droit de parler de ses missions pour les Navy Seals, « particulièrement dans une interview diffusée nationalement ».
Aussi, Robert O’Neill n’est pas le premier membre de la fameuse Team 6 à lever le voile sur raid visant Oussama Ben Laden. Matt Bissonnette, auteur du best-seller No Easy Day, est sous le coup d’une enquête fédérale pour avoir livré des détails sur la mission sans l’accord préalable du Pentagone. Le gouvernement américain l’a ainsi accusé d’avoir ainsi violé une obligation légale. L’avocat de Matt Bissonnette est en discussions avec les avocats du gouvernement, mais l’intéressé reste l’objet d’une enquête, selon des responsables.
Le Département d’État refuse de confirmer les dires du «Tireur». Ces derniers font déjà l’objet de plusieurs contestations par d’autres protagonistes présents ce fameux 2 mai 2011. En effet, si Robert O’Neill affirme en effet avoir tué Ben Laden de trois balles, dont une dans la tête, une autre version des faits affirme que le soldat aurait certes blessé mortellement le leader d’Al-Qaida mais que ce seraient deux autres Seals qui l’auraient achevé.
Mais Fox News n’a pas l’intention d’annuler la diffusion de son documentaire, intitulé « L’homme qui a tué Oussama ben Laden ». Selon la porte-parole de la chaîne, Carly Shanahan, « Fox News n’a pas été contacté par le département de la Défense ni par un autre organisme du gouvernement qui aurait exprimé sa préoccupation » concernant la diffusion du documentaire » et « nous avons absolument l’intention de le diffuser comme prévu les 11 et 12 novembre ».