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Pourquoi le RPG japonais est en déclin ?

Tous ces jeux cultes qui ont bercé notre enfance, les Final Fantasy, Chrono Cross ou autres Pokemon symbolisent ce qu’on appelle l’âge d’or du jeu de rôle japonais avec comme console phare la Playstation, qui contenait un énorme vivier de ce style de jeu. Aujourd’hui ce style est décrié et en net déclin pour plusieurs raisons.

Les deux studios principaux de J-RPG, Square et Enix ont réalisé les plus grands jeux, Final Fantasy, Tactics Ogre, Dragon Quest ont fait le succès de ces deux firmes. Prônant le support CD de la Playstation qui a été une véritable avancée technologique permettant l’apport de cinématique et d’un contenu plus conséquent que le format cartouche de  l’époque. C’est dans cette optique que Square a promis l’exclusivité de sa plus grosse série de RPG, Final Fantasy à Sony.

Cet âge d’or, en plus, du support CD était surtout marqué par la maîtrise de l’hardware par les développeurs japonais. Ces développeurs étaient la plus grande force de par l’originalité des jeux produits, capables de toujours se surpasser dans la créativité des jeux précédents, que ce soit dans le gameplay, la thématique abordée ou l’univers.

A l’époque, le système de combat de Final Fantasy VIII était totalement nouveau pour le J-RPG même si il a ses faiblesses (trop grande propension pour le « farming »), il y a toujours eu la volonté dans une série comme celle des FF d’innover, épisode après épisode, et proposer à chaque opus un gameplay unique, parfois inspiré d’anciens Final Fantasy mais toujours original. Cela a grandement contribué au succès de la série.

Les univers sont aussi totalement originaux, parce que les studios laissaient une liberté aux réalisateurs sans véritable contrainte.  Ils étaient autorisés à créer le jeu qui germait de leurs esprits. Cette liberté créative était justifiée par le génie de certains grands game design comme Matsuno, Ito ou bien Hironobu Sakaguchi, créateur de la série Final Fantasy. Ces grands réalisateurs ont eu du crédit grâce à leurs succès passé. Mais comment ne pas succomber à l’univers enchanteur d’un Chrono Cross, où au voyage dans un environnement paradisiaque, qui rime avec scénario mature et quête philosophique ?

La bande son est aussi une composante importante de la création artistique d’un jeu vidéo. Qu’est-ce que serait Xenogears ou Chrono Cross sans sa bande son ? Des thèmes qui collent totalement à l’univers et qui rendent les scènes encore plus dramatiques, ou bien mettent tout de suite dans l’épique.

Le mot d’ordre était liberté créative totale aux penseurs et réalisateurs, ponctuée par une maîtrise du support mais aussi avec un apparat digne de ce nom, on ne créait pas de jeu pour vendre mais pour faire rêver.

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Pourquoi cette époque a-t-elle disparue ?

Le principal problème de la fin de l’âge d’or du RPG japonais fut les moyens financiers, et la recherche absolue de la rentabilité, quitte à imposer des deadline aux réalisateurs et orienter fortement leurs projets. Le problème le plus connu est certainement celui de Final Fantasy XII, réalisé par Matsuno qui est à l’origine des jeux Vagrant Story ou FF Tactics. Cet opus a été très longtemps retardé parce que ce game designer était perfectionniste, il voulait absolument faire son œuvre ultime, un univers (Ivalice) dans la continuité de ses travaux, un jeu identique à ses désirs en somme. Mais le studio Square-Enix ne pouvait pas tenir, il y avait des problèmes de calendrier et les reports successifs étaient intenables pour les actionnaires, ce qui provoqua le limogeage de Matsuno pour la fin du jeu, et la continuité en interne du projet qui sortit en 2006, après un jeu débuté en 2000.

Cet exemple montre clairement le virage vers la rentabilité que les sociétés japonaises souhaitaient, dépassées par les studios occidentaux toujours performants à ce niveau, sans oublier que les studios sont de plus en plus grands et les jeux imaginés par une seule personne ne sont que très rares. Le contrôle des éditeurs, afin de se plier dans les standards de vente avec un budget de plus en plus conséquent était de plus en plus grand. Il n’y a plus de place au génie créatif, le jeu vidéo était devenu une véritable  industrie, évolution bonne ou mauvaise ce n’est pas la question mais le fait était là. Les opus devaient rapporter le maximum d’argent quitte à ce que le jeu soit bâclé ou non conforme aux désirs du créateur.

La perte, aussi, de beaucoup d’acteurs importants du monde du J-RPG chez Square-Enix a provoqué une baisse claire du niveau des jeux, que ce soit le départ de Matsuno ou de Sakaguchi, le rythme des sorties a été grandement réduit et a obligé la firme japonaise à diversifier ses produits.

Malgré tout, il reste des titres qui semblent raviver la flamme de cet âge d’or, mais ils ne sont que minoritaires, Lost Odyssey opus créé par le créateur de la série Final Fantasy semble être de ce bord. Le jeu assailli par les critiques n’a comme défaut qu’une réalisation technique perfectible mais en termes d’ambiance, ou bien de gameplay, nous retrouvons tous les ingrédients de la grande époque. Gameplay simple mais efficace au tour par tour, scénario mature, univers original abordant des thématiques comme l’immortalité ou la mort, avec une bande son menée par le grand Uematsu (responsable de la bande son de la majorité de la série des FF, il signe là peut être sa meilleure œuvre).

Bravely Default a aussi provoqué une grande admiration des critiques parce qu’il s’inscrit clairement dans un registre « old school » dans le gameplay avec une prise de risque très « FFienne ». Mais le jeu souffre d’un scénario et d’un univers très en deçà,  décevant tellement il est classique.

La plus grande force des J-RPG de l’âge d’or, plus que la réalisation, la bande son ou bien le scénario c’était surtout la prise de risques perpétuelle en terme de thème abordé, de gameplay ou bien d’univers.

Retrouver la grande époque est possible, mais il va falloir que les studios laissent la liberté aux game designer pour le plus grand bonheur des admirateurs qui se sentent lésés par la politique actuelle dans le monde vidéoludique.

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