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Sarkozy : le débriefing d’un long discours


EXCLUSIF – Interview de Nicolas Sarkozy sur… par Europe1fr

Mercredi soir, Nicolas Sarkozy a répondu à chaud aux questions de Jean-Pierre Elkabbach et de Gilles Bouleau sur TF1, après une garde à vue extraordinaire et des événements sans précédent avec la mise en examen d’un ancien président. Certains se posent la question de savoir si Nicolas Sarkozy a convaincu les Français, mais demandons-nous d’abord l’intérêt qu’il visait en faisant son grand retour sur la scène publique dans un moment inattendu et quels sont les messages qu’il a voulu passer à travers cette intervention. Mais la chose qui est sûre, c’est que le sujet intéresse nombre de Français, plus de neuf million étaient devant leur poste de télévision à critiquer, encourager ou simplement regarder celui qui fait la une cette semaine.

L’opportunité ou la nécessité du moment

Le contexte est bien particulier, il le dit lui-même : « la situation [est] suffisamment grave », bien que les éléments qui font la gravité de la situation ne sont pas les mêmes suivant les intéressés. Malgré les nombreuses affaires qui ont touché de près comme de loin Nicolas Sarkozy, c’est la première fois qu’il est mis en examen, et ce pour des chefs d’accusations aussi graves que « corruption active », « trafic d’influence actif » et « recel de violation du secret professionnel ». Il fait lui-même un rapide sommaire des différentes affaires l’ayant affectés ces dernières années, de l’affaire Bettencourt, à l’affaire Karchi en passant par l’affaire Kadhafi, pour montrer qu’il a toujours été innocenté, même si cela semble être parfois pour manque de preuves. Pourquoi ce moment alors ? Peut-être simplement parce que c’est la première fois qu’il est obligé de s’expliquer devant les Français, car les faits paraissent accablants, selon nombre de personnes de la scène publique. De plus les conditions lui sont favorables, il fait cette interview sur une chaine privée dont il connait les principaux dirigeants. Elle a été enregistrée dans l’après-midi pour être diffusée le soir, et au regard des questions qui ont été posées à Nicolas Sarkozy, l’on serait presque tenté de parler tout simplement de discours.


EXTRAIT – Sarkozy dénonce « l’instrumentalisatio… par Europe1fr

Sarkozy se pose à la fois comme une victime et homme de poigne

La mise en scène dans laquelle a évolué le personnage de Nicolas Sarkozy hier était extraordinaire, car d’une justesse, d’un équilibre très bien maîtrisé. Il a su trouver le juste milieu entre l’image de la victime réclamant la pitié des auditeurs et celle d’un homme resté de marbre, comme s’il s’estimait intouchable et au-dessus de la mêlée. On a vu arriver un homme à la fois fort et droit, mais avec une attitude qui marque la gravité des accusations qu’il porte et qui son portées contre lui, ainsi qu’un visage et des formules qui veulent montrer sa confiance et son amour pour le pays : « envers tout et contre tout, je crois dans l’honnêteté et l’impartialité des magistrats dans notre pays ». De plus, il affirme à plusieurs reprises, et de différentes manières, qu’il « ne demande aucun avantage » et appelle simplement les Français à être les témoins de la supposée machinerie qui se mettrait en place contre lui.


EXTRAIT – Nicolas Sarkozy : « Je n’ai rien à me… par Europe1fr

Sarkozy dénonce une « instrumentalisation politique et judiciaire »

L’ancien président porte des accusations graves envers plusieurs institutions qui constituent des piliers de notre République, certaines à peine voilées, d’autre totalement assumées. Sa première cible, une fraction de magistrats influant à son désavantage au sein de l’appareil judiciaire. Mais il émet des réserves sur ses propos, « ne confondons pas une minorité militante et les magistrats. ». Il dénonce le fait que ces magistrats, qui appartiennent au syndicat de la magistrature très orienté à gauche, aurait cherché à l’ « humilié », en s’acharnant sur sa personne : « devais-je absolument avoir rendez-vous avec les deux dames […] à deux heures du matin cette nuit, après quatorze heures d’interrogatoire ? ». Il tient pour preuve de son inimitié avec ces derniers, qui n’est un secret pour personne, une lettre qu’il aurait reçut à la veille des élections présidentielles de 2012, adressée par le président de ce syndicat à sa personne, qui l’accuse entre autre, de ne pas avoir cessé « d’affaiblir l’autorité judiciaire et d’attiser la haine de la Justice ». En effet on se souvient des joutes verbales entre l’ex-président, encore en exercice et certains magistrats, qui ont commencé lorsque celui-ci voulu diminuer la part de jugement personnel des hommes de loi en imposant les peines planchers. Comme l’a rappelé Gilles Bouleau, Sarkozy les avait traités de « petits pois », mais nous pouvons aussi parler du « mur des cons » retrouvé dans les bureaux du syndicat de la magistrature. Le journaliste a aussi répliqué à Nicolas Sarkozy qu’un tiers des magistrats est affilié à ce syndicat mais qu’un tiers est affilié à un syndicat de droite, comme un homme au cœur de l’affaire, Gilbert Azibert. On peut cependant se demander pourquoi ce ne pourrait pas être le tiers restant qui s’occuperait du cas Sarkozy, puisqu’il semble le plus, voire le seul, impartiale ? Mais Nicolas Sarkozy ne s’arrête pas là, ses accusations se tournent aussi vers le gouvernement et plus particulièrement certaines têtes comme Manuel Valls, Christiane Taubiera, ou encore Michel Sapin, qu’il accuse d’outre passer leur droit, en allant jusqu’à parler d’un licenciement douteux du directeur des services informatiques, qui aurait refusé par éthique professionnel d’ « examiner le disque dure de [son] ordinateur personnel ». Il en vient enfin à parler de La Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques qu’il semble soupçonner de s’être acharner sur lui, concernant le contrôle de ses comptes de campagnes.


EXTRAIT – Nicolas Sarkozy : « Il y a eu une… par Europe1fr

Sarkozy se défend d’une implication quelconque dans des affaires et remet en cause leur existence

Deux affaires sont en ce moment au cœur même de l’actualité : l’affaire Bygmalion, où l’UMP est accusée d’avoir eu recours à l’usage de fausses factures, et l’affaire de trafic d’influence concernant le premier avocat général près la Cour de cassation. Il « pren[d] les Français à témoins […] Cette campagne a été vérifiée dans tous les sens, avec un soin qui n’avait rien d’amical », ainsi il affirme qu’après « réflexion », l’on ne peut qu’admettre que la Commission des comptes de campagne mais aussi le Conseil constitutionnel n’est pu « laiss[er] passer dix-sept millions d’euros (sommes correspondant au montant des présumés fausses factures, ndlr) de dépenses sur une campagne de vingt-et-un millions ». D’autant plus que l’intégralité des frais de campagne n’ont pas été remboursés, puisque le budget à été dépassé de 400.000 euros, ce qui on se souvient, avait mis l’UMP dans une situation de difficultés financières inédite. Il dément aussi les propos de l’avocat de Bygmalion en répondant à la question de Gilles Bouleau sur ce sujet : « Certainement pas ! ». En ce qui concerne la deuxième affaire, il ne dément pas le fait que son avocat, Thierry Herzog, lui ait demandé d’intervenir en la faveur de Gilbert Azibert pour un poste dans la principauté de Monaco, mais affirme qu’il ne l’a pas fait, affirmations confirmées par le rocher. Donc s’il n’y a pas de contrepartie avérée, il n’y a pas non plus de corruption. De plus il affirme que les mises sur écoute revêtissent une part d’anormalité voire d’illégalité, puisque obtenue sous le couvert d’une affaire de présumé financement occulte de sa campagne datant de plusieurs années, alors même que le principal intéressé, Mouammar Kadhafi, est mort depuis des années, et que le gouvernement de Nicolas Sarkozy a participé à le faire tomber. Il rajoute aussi que les écoutes ont été enregistrées entre un avocat et son client, violant ainsi le secret professionnel puis divulguées dans les  médiats contre le principe de secret de l’instruction, même s’il oublie de reconnaitre que les deux téléphones étaient obtenus sous de fausses identités. Cependant l’on peut constater que Nicolas Sarkozy tient en haleine ses interlocuteurs, ainsi que les auditeurs, en maintenant le suspens, en clamant sa totale innocence qu’aux dernières minutes de l’interview : « je n’ai rien à me reprocher ! […] Ni là, ni dans d’autres affaires ».


EXTRAIT – Nicolas Sarkozy : « Ma campagne n‘a… par Europe1fr

Peut-on prévoir un retour pour 2017 ?

Plusieurs indices éparpillés au long de ses interventions, semblent présager un grand retour. Tout d’abord il répond à une question de Gilles Bouleau, à savoir s’il pense renoncer, la réponse est clairement non, « parce que vis-à-vis de son pays, on a des devoirs, on n’a pas des droits ». De plus il dresse avec « consternation » la situation d’une France qu’il a laissée il y a deux ans de cela entre les mais de François Hollande et de la gauche, qui selon lui sèment « inquiétudes » et « souffrance » dans le cœur des français. Par là, il formule une critique de manière presque ouverte, visant le gouvernement actuel, comme le ferait toute personne en faveur d’une alternance. Aussi il pense que les Français ont peut-être « besoin de [lui] » (Jean-Pierre Elkabbach, ndlr) puisque la question se pose. Mais ce qu’il peut le plus orienté nos suppositions se trouve en réalité bien plus haut dans le texte, quand il parle de l’irrégularité des écoutes téléphoniques, et de la possibilité pour lui d’ « avoir [demain] des responsabilités d’opposition ».

La série des affaires Sarkozy, ne semble pas toucher à sa fin, ni même au commencement de sa fin, mais peut-être, à la fin du commencement, car pour la première fois en deux années où les épisodes de tourments se sont succédés pour l’UMP et le camp Sarkozy, l’ancien président a du sortir au grand jour afin d’affronter ses adversaires politiques, populaires et même ceux de longue date.

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