Actuellement en vacances avec sa femme et sa fille, l’ancien président profite des ces quelques jours de congés pour préparer son avenir. Entre plaisir et ambition personnel mais aussi pour l’intérêt collectif, l’ex chef-d’État a de quoi s’occuper pour mijoter son retour en politique, qui semble plus que probable maintenant.
26 mois loin de sa passion, c’est difficile. Plus de deux ans après sa défaite contre François Hollande, Nicolas Sarkozy a déjà renoncé à la promesse qu’il avait faite ce soir du 06 mai 2012. « J’ai décidé de me retirer de la vie politique », cela, le sixième Président de la Ve République l’a appliqué pendant près de deux ans, jusqu’il y a quelques mois. Mais beaucoup de circonstances ont préparé le retour aux affaires de l’ancien chef-d’État. Tout d’abord, le pouvoir en place est d’une impopularité légendaire. Même si Sarkozy et ses gouvernements n’attiraient pas forcément la sympathie de la France entière, ils n’ont jamais souffert d’un tel dédain de la part des Français. Ces derniers appréciés d’ailleurs la détermination que Sarkozy avait dans ses décisions, qu’ils soit d’accord ou non avec lui, contrairement à Hollande, qui lui souffre d’une réputation trop « molle ». C’est d’ailleurs pour ça que ses multiples problèmes avec la justice, depuis deux ans, ne le pénalisent pas tant que ça dans l’opinion publique (NDLR N. Sarkozy n’a perdu « que » six points dans les sondages depuis deux mois). L’énergie que dépense l’ancien Maire de Neuilly pour « sauver sa tête » prouve aux Français à quel point sa détermination est forte. À quel point il aime aller droit au but, à fond dans ces objectifs.
L’UMP est il prêt pour son retour ?
L’obstacle le plus dur à franchir pour « NS » sera de retrouver l’harmonie au sein de sa famille politique. Arriver à mettre tout le monde d’accord. Définir une ligne politique que l’ensemble de l’UMP s’engagera à suivre. Car les divisions qui règnent aujourd’hui rue Vaugirard sont plutôt problématique pour faire l’unanimité. Tout d’abord – si l’ancien Président se présente aux élections d’Octobre bien sûr – il devra tenter de rassembler les Copéistes et Fillonistes. Ces deux derniers ont fracturés le parti lors des dernières élections pour la présidence du parti en 2012. Le premier incarne la droite « décomplexé » de l’UMP, plus libérale, avec des idées qui aurait plus tendance à attirer les électeurs FN dans le camp de l’UMP. L’ancien Premier Ministre a lui adopté une ligne plus démocrate, se rapprochant du centre notamment de l’UDI. Il a même cherché à faire un « parti » au sein de l’UMP, qui se rapprocherait plutôt des idées centristes d’aujourd’hui.
La politique de Sarkozy s’oriente plus vers celle que Jean-François Copé a mis en place depuis près de deux ans. Mais il semble plus qu’évident qu’il va essayer de réformer la politique de parti, quitte à peut-être changer le nom et certains membres, pour rassembler, avant tout, l’ensemble des cadres du parti. Beaucoup d’anciens ministres de Sarkozy ont choisi leur camp. Il semble fort probable que Sarkozy souhaite ressouder les deux partis pour récupérer certain de ces maillons forts. A commencer par des têtes telle Valérie Pecresse (proche de Fillon) qu’il aimerait réconcilier avec des pro Copé tel Luc Chatel, actuel secrétaire général du parti. Cela lui permettrait de casser ce rideau de fer qui sépare les deux groupes au sein de l’UMP et crée une seule ligne, une ligne Sarkozyste. Il sait déjà qu’il peut compter sur des fidèles comme Nadine Morano, Claude Guéant, Brice Hortefeux ou encore François Barouin. Mais il sait aussi qu’il va devoir compter sur les ambitions personnelles de chacun et les rancunes qui existent entres eux.
Le premier est Xavier Bertrand, en désaccord complet avec le parti depuis des années. Pourtant, le natif de Corrèze persiste et reste. Son rêve le plus fou étant la présidentielle de 2017. Tout comme Laurent Wauquiez, ministre et soutient de Sarkozy en 2012, le député est aujourd’hui en conflit avec l’ensemble du Parti dont des fortes personnalités. Que ce soit avec NKM, neutre dans le découpage Copé-Fillon, qui semble se faire plein d’ennemi depuis sa défaite à Paris, ou avec Rachida Dati, qui elle n’est pas neutre mais anti Fillon et Copé. Mais également aussi avec Alain Juppé, concurrent principal de Sarkozy.
Même si les deux hommes s’apprécient fortement et partagent une politique commune, ils sont les deux « favoris » de l’UMP pour partir en campagne dans trois ans. Pour être persuadé de redevenir le chef de la droite française, l’ancien Président va devoir se mettre d’accord avec le Maire de Bordeaux. Il se pourrait que les deux hommes s’entendent et construisent un avenir solide pour la droite. Mais dans le cas où ils seraient d’accord, qui voudra être le bras droit ? Il semble peu évident que Nicolas Sarkozy accepte d’être la seconde roue du Carrosse. Un peu pareil pour l’actuel membre du triumvirat qui dirige le parti. En 2017, Alain Juppé aura près de 72 ans, c’est donc sa dernière chance d’accéder à l’Élysée. A voir donc si Matignon pourrait une nouvelle fois satisfaire réellement ses besoins, sachant qu’il garde un mauvais souvenir de son passage (1995-1997). Si l’alliance entre les deux hommes se fait, l’ancien chef-d‘Etat devra rétablir le contact entre certains de ses fidèles, comme Henri Guaino, avec le Sexagénaire. Beaucoup n’apprécie pas le côté moralisateur de Juppé. Tout comme celui de Jean-Pierre Raffarin. Mais les deux vétérans ont la profonde sympathie de Sarkozy, qui apprécie les valeurs qu’ils partagent.
Un nouveau départ ou une nouvelle vie ?
Une chose est certaine avec Nicolas Sarkozy, il voulait quitter la politique d’une fort et belle manière. Ceci s’est senti dans son discours après sa défaite ou encore lorsqu’il invite François Hollande aux commémorations du 8 mai, deux jours seulement après sa défaite. On peut donc dire que à ce moment-là, Sarkozy a réussi à partir la tête haute. Mais maintenant, il faut repartir du bon pied et recommencer quasiment tout à zéro. Et il semble que sa mise en examen, sa garde à vue ou encore les écoutes téléphoniques qu’il a subi, lui ont donné une plus grande détermination. Il a déjà contacté plusieurs de ces collaborateurs, comme Édouard Balladur, pour parler d’un éventuel retour et des modalités. Il semble sûr que cette fois-ci, Nicolas Sarkozy va devoir être plus souple dans ces décisions et prises de positions au sein du parti. Il devra accepter, même si il est élu à la tête du parti, d’aller jusqu’au bout des primaires en 2016 pour briguer l’Élysée. De parler et prendre en compte l’avis des Fillonistes et de François Fillon lui même, qui a quand même était le seul politicien français à rester Premier Ministre pendant tout un mandat Présidentiel.
L’avantage pour l’UMP de ces deux années dans l’opposition, c’est qu’une nouvelle génération est arrivée. Certains ont eu le temps de se former, comme Guillaume Peletier par exemple ou encore Gerald Darmanim, et pourrait profiter à Nicolas Sarkozy. Une génération de trentenaires assez pro-européennes qui va dans la ligne politique du parti que Sarkozy veut reconstruire.