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Sécurité et renseignement : ce que permet l’après Charlie

Alors que la marche républicaine nationale se déroulait hier, le gouvernement veut se montrer ferme et réactif. Dès ce lundi matin, les premiers responsables politiques ont livré les mesures phares destinées à être prises dans les plus brefs délais pour lutter contre les menaces terroristes. Si certaines sont nécessaires, d’autres pourraient être inquiétantes. Des omissions flagrantes sont aussi à compter. Point de vue.

Renforcer la sécurité

Manuel Valls s’est exprimé dans la matinée sur BFM TV en assurant que le plan Vigipirate allait être « maintenu à son plus haut niveau ». Maintien de surveillance redoublée par l’annonce de Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, d’un déploiement de 10 000 militaires supplémentaires sur tout le territoire.

Les lieux de culte juif vont aussi connaître une protection accentuée. Presque 5 000 policiers sont chargés de surveiller les 717 écoles juives de France.

militaires

« Travail sur les prisons »

Il est de notoriété publique que les prisons sont des lieux de radicalisation religieuse d’un bon nombre de délinquants. Le Premier ministre a reconnu qu’il y a « évidemment un travail sur les prisons […] c’est une priorité majeure ».

Des mesures d’isolement des islamistes radicaux afin d’éviter la diffusion des prêches extrémistes seraient dès lors à l’étude. Christianne Taubira, en fin d’année dernière, avait critiqué des propositions qui allaient déjà dans ce sens. Le personnel carcéral s’inquiète en tout cas fortement des risques de contagion de l’islam radical à l’intérieur des établissements pénitenciers.

terrorisme image

Surveillance d’internet : restreindre la liberté en hommage à la liberté ?

Si les premières mesures apparaissent légitimes – rassurer les citoyens est la mission première des pouvoirs publics –  il n’en va pas de même avec le troisième volet de surveillance. Arguant que « c’est là où une partie de la radicalisation se forme », le chef du gouvernement martèle :  » Je ne veux plus que, sur Internet, on puisse avoir ces mots effrayants de haine ». Manuel Valls saute les pieds joints dans une mare très boueuse : la régulation de la liberté sur internet.

Pourquoi ne pas acclamer ce dispositif qui semble constituer un gage de sécurité indispensable ? Parce que les limites ne sont pas posées. Contrôler la vie du potentiel terroriste sur le web peut se justifier mais de telles mesures de surveillance, décidées en hâte et sans réflexion, sont problématiques. Comment être sûr qu’un gouvernement pressé par les menaces terroristes n’élargissent pas les critères de contrôle (dissidence et opposition politique un peu vindicative) ? La récente affaire NSA doit nous rendre méfiants face à tout arsenal législatif et technologique qui pourrait se retourner contre les citoyens.

vignette_internet-sous-surveillance

Lorsque les Français manifestent dimanche pour défendre la liberté, le gouvernement, sous l’étendard de la protection, ne s’apprête t-il pas à écorner une liberté fondamentale ? Tout est question de critères, certes, mais la définition de ces critères n’a pas été abordée. Inquiétude donc, face à une possible surveillance généralisée.

Et la remise en question de notre politique étrangère ?

A écouter Manuel Valls, on comprend vite que la réponse gouvernementale est exclusivement sécuritaire.  Un évènement aussi tragique devrait pourtant nous amener à réfléchir en profondeur ainsi qu’à amorcer des changements sur plusieurs plans. 

Premier point : Et Schengen dans tout ça ? La législation européenne de libre circulation très laxiste en terme de contrôle ne doit-elle pas être repensée ? Peut-on au moins faire affleurer l’idée d’un débat sur le sujet ?

Deuxième point : Les réflexions sur les récentes décisions de politique étrangère brillent par leur absence. Tirer quelques conclusions sur notre participation à la guerre en Syrie, terreau de djihadistes internationaux, n’aurait pourtant pas été de trop. Soyons indulgents, l’auto-critique reste un exercice ardu.

Antoine Morange

 

 

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