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Sentinelle : « Une opération ne se déroule jamais comme prévue » (3/3)

Suite et fin de notre immersion au cœur de la mission Sentinelle. Après le quotidien des soldats, partons découvrir le commandement de l’opération et comment s’organise la lutte antiterroriste sur le territoire.

Dans le cadre de la mission Sentinelle, près de 10 000 militaires sont mobilisables en moins d’une semaine. En réalité, au quotidien, « 7 000 soldats font partie du dispositif opérationnel permanent » nous explique le commandant Jean-Baptiste, responsable de la planification des opération à Lyon. Dans ce cadre, les militaires « contribuent à la sécurisation des sites sensibles » et sont « exclusivement tournés vers la lutte antiterroriste ». En cas d’événements, un « échelon de renforcement planifié » est mobilisable « en 24 heures ».

« Le dialogue civilo-militaire » est important car « les militaires sont en appui des forces de sécurité intérieure » nous explique le commandant Jean-Baptiste. Concrètement, « tout se fait en lien avec le Préfet de la zone ». Par exemple, en Auvergne-Rhône-Alpes, les autorités mettent en place « des tactiques départementales car le territoire est vaste ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, les bases militaires « n’ont pas de troupes affectées ». « Les militaires sont de passage pour une mission précise » explique le commandant Jean-Baptiste, qui doit « avoir une mission d’avance ». 

La planification des opérations, clés de voûte de Sentinelle

La planification des opérations est un moment primordial. En effet, les autorités vont déterminer « les besoins matériels et humains pour mener une opération ». Pour cela, il existe « deux types de planifications » détaille le commandant Jean-Baptiste. Tout d’abord, « une planification froide » pour « couvrir un événement hypothétique qui pourrait arriver » comme « un séisme ». La seconde planification est dite « chaude ». Elle concerne les manifestations « prévues longtemps à l’avance et dont il faut envisager l’encadrement » à l’image de la « Fête des Lumières » ou de « la Coupe du Monde ».

« La planification militaire pour les Jeux Olympiques 2024 a déjà débuté »

Concrètement, la demande pour avoir des troupes Sentinelle « se fait auprès du chef d’Etat Major des Armées » car qui « est le seul à bénéficier du socle permanent des militaires ». « La demande est effectuée par le Gouverneur Militaire » après « une réquisition » du Préfet explique le commandant Jean-Baptiste. « Elle doit se faire environ 8 mois avant un événement » car il faut « six mois entre la demande et l’arrivée des militaires sur le terrain ». La raison ? Tous doivent repasser par une formation avant de pouvoir agir sur le territoire.

Au centre de planification, les militaires prépare une opération | Crédits : Ministère de la Défense

Les soldats sont confrontés à une double menace : le terroriste et l’antimilitarisme.

Les autorités sollicitent « systématiquement l’échelon de renforcement planifié » lors d’un événement car « l’opération Sentinelle se poursuit habituellement » insiste le commandant Jean-Baptiste. « L’articulation entre les forces permanentes et les forces ponctuelles » sont « une des clés de la réussite» confie le militaire expérimenté. La difficulté ? « Prévoir en amont toutes les éventualités du terrain » car « les forces ponctuelles ne connaissent pas les lieux d’interventions ». « Il faut tout contrôler, sinon on va vers la bavure » certifie le commandant Jean-Baptiste.

A Lyon, pendant la Fête des Lumières, le dispositif quotidien et permanent de Sentinelle reste en place.

De la planification militaire à l’engagement des soldats

Si le déploiement des militaires est un processus long et précis, leur engagement sur le terrain est souvent déterminant. En effet, « les savoirs-faire différents » développés par les armées permettent « d’avoir un dispositif solide et complémentaire » des forces de sécurité intérieure, note le commandant Jean-Baptiste. Les militaires disposent de leur propre chaîne de commandement qui « diffuse un ordre d’opération exécutoire ». Ce document, de plusieurs pages, prévoit « toute l’intervention avec une grande précision » et est « décliné par les différentes autorités aux militaires qu’ils encadrent ».

Le dialogue entre les militaires et les forces de sécurité intérieures est constant lors des opérations

« Les militaires doivent faire cesser la menace visible, avérée et permanente ». 

La mission des soldats est de « faire cesser la menace visible, avérée et permanente » en attendant « les forces de sécurité intérieures ». De ce point de vue, l’ordre exécutoire est « un point de repère » car les militaires « doivent adapter leur réponse » en fonction « de la situation et des individus auxquels ils font face ». Ainsi, si les soldats doivent nous protéger contre le terrorisme, ils sont aussi eux-mêmes menacés. Malgré une bonne relation avec la population « l’antimilitarisme est une menace importante » révèle le commandant Jean-Baptiste, à laquelle les soldats sont « préparés » tant bien que mal.

Mais qui va protéger les militaires lorsqu’ils ne se sentiront plus en sécurité ?

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