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Silk Road, supermarché du crime en ligne, fermé par le FBI

La justice américaine a fermé en début de semaine Silk Road, « l’eBay » de la drogue et du crime. Ce site clandestin permettait à ses utilisateurs d’acheter des stupéfiants ou des logiciels de piratage, et son chiffre d’affaire s’est approché de 1,2 milliard de dollars en deux ans et demi.

C’est la fin d’une longue « cyber-chasse ». Après plus de deux ans d’enquête, le gouvernement américain a fermé cette semaine la place de marché en ligne Silk Road, considérée comme « l’eBay » de la drogue parce qu’elle permettait à ses utilisateurs d’acheter des stupéfiants en échange de monnaie virtuelle. Son propriétaire présumé, Ross William Ulbricht, a été arrêté mardi à San Francisco et présenté le lendemain devant un tribunal fédéral de la ville. Cet homme de 29 ans est accusé de conspiration en matière de trafic de drogues, de piratage informatique et de blanchiment d’argent. Le juge de la cour fédérale de Manhattan a également déclaré que celui-ci avait tenté de faire tuer une personne qui essayait de le faire chanter. Ulbricht faisait fonctionner depuis janvier 2011 ce site sur lequel les internautes pouvaient acquérir des drogues en tout genre, des logiciels de piratage, se procurer des faux papiers et même engager un tueur à gage. On pouvait entre autre y trouver un gramme de cocaïne pour environ 127 dollars. « Silk Road est devenue la place de marché criminelle la plus sophistiquée et la plus étendue sur Internet aujourd’hui », a expliqué un agent du FBI. Et pour cause, entre janvier 2011 et septembre 2013, ce « supermarché du crime » a amassé près de 1,2 milliard de dollars de bénéfices, dont 80 millions de commission pour Silk Road.

Diverses drogues vendues sur Silk Road. (20 minutes)

Diverses drogues vendues sur Silk Road.
(20 minutes)

Les utilisateurs inquiets

Le site est donc désormais fermé, et à son adresse, un message des autorités annonce : « Ce site caché a été saisi par le FBI. ». La nouvelle s’est vite répandue, et inquiète les utilisateurs. L’un d’entre eux, anonyme, écrit sur reddit.com : « Je sais que nombre d’entre vous avez peur. La plupart des clients n’ont probablement rien à craindre. Nous devons croire que toutes les preuves compromettantes sont gardées sous haute protection. ». L’internaute ajoute même : « Vendeurs, il est temps de faire le ménage. Détruisez tout ce qui est compromettant, nous avons fait confiance, maintenant assurez-vous que tout soit effacé. La fête est finie. ». Un autre usager prévient que le FBI a saisi 1,2 millions de messages échangés sur le site, un chiffre effectivement cité dans la plainte officielle. Ce dernier « doute sincèrement qu’ils essaient de trouver des acheteurs à travers ces messages mais les usagers doivent en être conscients. ». Dans la plainte, le procureur de New York Preet Bharara précise que le site était utilisé par « plusieurs milliers de dealers de drogue et autres vendeurs dans l’illégalité », et que ses administrateurs prenaient entre 8% et 15% de commission sur chaque transaction.

La loi du bitcoin

Si cette « place du crime » a pu fonctionner pendant plus de deux ans, c’est qu’elle était en fait invisible pour la plupart des internautes. The Silk Road fait en effet partie du « Dark Net », c’est à dire un côté obscur d’Internet auquel on ne peut pas accéder en tapant un simple mot clé sur Google. Il faut utiliser Tor, un service gratuit qui permet de dissimuler son identité, et un logiciel complémentaire issu des laboratoires de recherche de la Navy. Ensuite, l’internaute se connecte de façon anonyme via des « tunnels » virtuels, sans laisser de traces. Le second élément clé de Silk Road, c’est l’usage exclusif du bitcoin, une monnaie virtuelle cryptée, non émise par une banque centrale, convertible ensuite en devises réelles. Ainsi, il y aurait près de 12 millions de ces bitcoins en circulation, quatre après leur création par un groupe de développeurs informatiques. Précision d’importance, cette monnaie virtuelle est également utilisée pour des transactions parfaitement légales. Avant la fermeture du site, le bitcoin valait encore 142 dollars. Mais, après la médiatisation de l’affaire, il a chuté à 85 dollars.

La chasse internet menée par le FBI a donc pris fin, et le manège a été découvert au moyen d’une surveillance en place depuis novembre 2011. Plus de 100 agents travaillaient sous couverture, ordonnant des achats de drogue jusqu’à livraison. L’enquête a montré que les stupéfiants, « d’une grande pureté », provenaient de vendeurs résidant aux Etats-Unis, au Canada et dans plus de dix pays européens.

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