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SNU 2.0 : à quoi pourrait-il ressembler ?

Alors que le débat autour de la refonte du Service National Universel (SNU) reprend de l’ampleur, le Haut-Commissariat au Plan, Clément Beaune, a présenté plusieurs scénarii pour en faire un outil plus ambitieux au service de la jeunesse et de la société tout entière. Unis-Cité, association pionnière du service civique depuis 1994, réagit et plaide pour un service civil généralisé, basé sur l’existant. Entretien avec sa présidente fondatrice, Marie Trellu-Kane.

Le Haut-Commissaire au Plan évoque plusieurs pistes pour la refonte du SNU. Quelles sont-elles ? 

Dans une note publiée début mai, le Haut-Commissariat au Plan a esquivé quatre scénarios pour refonder l’architecture du SNU. Le document explore des modèles allant du simple renforcement du dispositif actuel à une refonte complète, autour de deux grandes lignes : civil ou militaire, volontaire ou obligatoire. 

Parmi eux, on retrouve un SNU « vitaminé », un service civil généralisé, une option militaire sur la base du volontariat ou encore un retour au service militaire obligatoire. Mais ce sont surtout deux scénarios hybrides qui retiennent l’attention, mêlant socle commun et liberté de choix. Le premier repose sur un service civil obligatoire pour tous les jeunes, avec la possibilité de poursuivre par un service militaire de trois mois. Le second scénario propose un modèle à la carte, avec un socle commun de douze jours, suivi d’une phase obligatoire où chaque jeune opterait entre cinq mois de service civil ou trois mois de service militaire. 

SNU 2.0 : les scénarios suggérés tiennent-ils la route ?

Ces scenarii sont intéressants dans leur volonté d’élargir l’approche du service national, mais nous avons deux réserves importantes. D’abord, la durée ! Pour que ce temps de « service » à la collectivité soit vraiment formateur et utile, notre expérience montre que six mois est un minimum. Une durée plus courte risque de rester superficielle, d’avoir moins d’impact sur l’insertion citoyenne et professionnelle des jeunes, et empêchera de trouver les missions en nombre suffisant pour absorber la classe d’âge. Ensuite, la généralisation des séjours de cohésion tels que prévus dans le SNU actuel est, selon nous, irréaliste. Trop coûteuse, trop lourde (voire impossible) à organiser. Il nous semblerait plus efficace d’intégrer le contenu éducatif de ces séjours, à un parcours d’éducation civique et citoyenne construit tout au long du parcours scolaire, notamment sur les années collège.

Avec Unis-Cité, vous plaidez pour une réforme du SNU autour d’un service civil généralisé. En quoi consiste-t-il ?

Ce scénario, présenté par le Haut-commissaire au plan, consiste à généraliser le service civique existant à une plus large classe d’âge.  Ce dispositif mis en place depuis 2010 a largement fait ses preuves ! Soutenu par l’ensemble de la société civile comme le monde politique, l’utilité du service civique est évaluée comme efficace par la cour des comptes. Chaque année, ce sont près de 80 000 jeunes qui sont mobilisés, sur une base volontaire, pour une durée moyenne de 8 mois.

L’idée que nous défendons à Unis Cité, c’est de profiter de la refonte du SNU pour universaliser le service civique. Nous souhaitons que cet engagement au sein de la société devienne un « passage obligé » dans le parcours de tous les jeunes, quels que soient leurs origines sociales ou leurs projets d’avenir. Il s’agit de proposer une expérience citoyenne utile, formatrice et valorisante, permettant aux jeunes de s’engager, de se sentir utile et d’en sortir avec de nouvelles compétences valorisables.

Quelles seraient les similitudes entre ce service civil généralisé du SNU et le service civique actuel ?

Le service civique est la base sur laquelle on peut envisager de construire ce nouveau service national civil. Il répond à des besoins concrets des jeunes comme des structures qui les accueillent. Un service civil généralisé s’appuierait sur ce socle, en renforçant certains aspects, comme celui de la mixité sociale, qui pourrait se traduire, par exemple, avec davantage de temps communs entre les jeunes. Le service civique généralisé pourrait également proposer de nouvelles missions, en particulier sur les grands enjeux sociaux et environnementaux contemporains, comme la solidarité intergénérationnelle, l’éducation aux gestes de premiers secours, la prévention des conduites addictives, ou encore l’éducation aux réflexes écologiques. Dans la poursuite du service civique actuel, la version généralisée dans le cadre du SNU constituerait un levier puissant pour recréer du lien, redonner à nos jeunes confiance en eux et en l’avenir, et préparer notre société à affronter les crises.

Marie Trellu-Kane, présidente fondatrice d’Unis-Cité
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