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La solitude : le mal du siècle

Selon une enquête de la Fondation de France, 5 millions de Français souffriraient de la solitude. Un sentiment pesant et douloureux qui ne toucheraient plus seulement les personnes âgées, comme on pouvait le penser, mais aussi les jeunes.

Un Français sur huit est isolé, coupé du monde. Un fait grave et alarmant que révèle une enquête de l’organisme privé à buts philanthropiques, Fondation de France, parue aujourd’hui. En augmentation d’un million par rapport à 2010, le nombre de personnes seules, n’ayant pas de relations sociales au sein des cinq réseaux de sociabilité courants (familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage), avoisine à présent les cinq millions. C’en est trop pour Francis Charhon, directeur de la Fondation de France, qui dénonce dans Le Parisien « une bombe à retardement ». En effet, l’isolement conduit bien souvent à la dépression, elle-même menant, dans trois quart des cas, au suicide. Il est donc urgent de réagir, surtout à l’approche des vacances d’été.

La solitude : le mal du siècle

En 2013, 3 000 cas de suicides ont été recensés chez les plus de 65 ans, principalement survenus l’été.

Solitude : les jeunes aussi…

On sait qu’en raison de l’effritement des relations de voisinage dû à un flagrant repli sur soi, les gens dans la rue se croisent sans plus se parler. Un délabrement social qui joue sur le moral des personnes âgées notamment, pour qui rencontrer du monde est très compliqué. « L’an dernier encore, 58 % des personnes âgées discutaient au moins une fois par semaine avec la concierge, la boulangère ou la dame du premier. Ce chiffre est tombé à 48 % cette année », souligne Francis Charhon. Et si l’on ajoute à cela la perte d’autonomie qui empêche de se déplacer et de sortir, ou encore la maladie et l’abandon en période de congés estivaux, on se désole mais on ne s’étonne pas de savoir que plus d’un quart des seniors ressent la solitude de plein fouet.

Réalisée auprès de 4 007 personnes, âgées de 18 ans et plus, l’enquête met en évidence un autre fait troublant : la solitude touche également les populations les plus jeunes. Ainsi, si 27 % des personnes âgées sont isolées, –un phénomène particulièrement flagrant dans les villes de plus de 100 000 habitants où ce taux atteint 33 %– le nombre de personnes seules et ayant moins de 40 ans a doublé en quatre ans (passant de 3 à 7%). En cause : le chômage et la pauvreté, qui touchent respectivement 23% et 22,5% des 18-25 ans, selon les chiffres de l’Insee. Deux facteurs qui coupent le lien social avec le reste de la population active. D’ailleurs, près d’un Français sur trois ne dispose que d’un seul réseau social parmi les cinq précédemment cités. Insuffisant pour maintenir des liens humains et donc se sentir exister et intégré à la vie en société, estime la Fondation de France.

Le 7 juillet 2011, devant la gare Montparnassees, 26 associations du collectif "Pas de solitude dans une France fraternelle" s'étaient mobilisées contre l'isolement des personnes âgées.

Le 7 juillet 2011, devant la gare Montparnassees, 26 associations du collectif « Pas de solitude dans une France fraternelle » s’étaient mobilisées contre l’isolement des personnes âgées.

Un manque de lien affectif réel

A l’ère des réseaux sociaux, grâce auxquels chacun peut être relié à la planète entière, on se demande comment de telles conclusions sont possibles. Rien qu’en France on compte 26 millions d’utilisateurs de Facebook, 4,5 millions sur Twitter et 2,4 sur Instagram. Pourtant, contrairement aux idées reçues, les réseaux virtuels ne compensent pas une grande solitude. Si beaucoup d’entre eux constituent un moyen de lutter contre l’isolement, et notamment les réseaux locaux tels ma-residence.fr ou peuplades.fr, ils peuvent également, et c’est paradoxal, accroître le sentiment de solitude. Car on peut se targuer d’avoir plusieurs centaines d’amis sur Facebook et par ailleurs se sentir très seul, puisque le lien virtuel ne permet pas d’assurer la pérennité et la densité des relations aussi bien que la réalité. De plus, 80 % des personnes en situation objective d’isolement, c’est-à-dire physiquement coupé du monde social, ne les fréquentent pas.

Et si les réseaux sociaux ne favorisaient pas, en fait, le véritable échange ?

Et si, en fait, les réseaux sociaux ne favorisaient pas le véritable échange ?

Enfin, on assiste à un « affaiblissement des grands réseaux de proximité » et en particulier celui de la famille. Ainsi, quatre Français sur dix n’ont pas ou plus de contact avec leur entourage parental, au-delà de quelques rencontres annuelles et de discussions via Skype. Pourtant, selon une enquête Ipsos publiée en 2011, 54% des Français pensent que le bonheur passe par la réussite de sa vie familiale, et 82% d’entre eux considèrent aussi qu’avoir une famille stable et unie permet de mieux s’intégrer dans la société. En parallèle, un Français sur quatre n’a pas de relations amicales soutenues (25% en 2014 contre 21% en 2010), et près de quatre sur dix n’ont pas ou peu de contacts avec leurs voisins (36% contre 31%).

Un triste constat qui peut néanmoins déboucher, quelques fois, sur du positif. En effet, être seul a permis à de nombreux artistes (écrivains, compositeurs, peintres, poètes…) d’aboutir à leurs plus belles œuvres. A l’image de Barbara :

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Car, comme le disait le dramaturge espagnol Gustavo Adolfo Bécquer, « la solitude est très belle… quand on a près de soi quelqu’un à qui le dire ».

La solitude : le mal du siècle

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