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Sons of anarchy : 7 ans de malheur(s)

A l’occasion de la sortie en DVD de la saison 7, nous revenons sur l’aventure Sons of anarchy diffusée en France sur M6.

La fin annoncée d’une quête d’idéal et de liberté de plus en plus violente et désespérée, qui ne pouvait s’achever autrement que dans un gigantesque bain de sang pour Sons of anarchy. [youtube id= »6nV2TrhLyH8″]

CET ARTICLE CONTIENT LE MOINS DE SPOILERS POSSIBLE !

Le père, les fils… et l’anarchie

Après sept années passées à la production de The Shield aux côtés du créateur Shawn Ryan, Kurt Sutter choisi de s’intéresser encore plus ouvertement aux gangs et à la criminalité en imaginant les différents destins, multigénérationnels, d’un groupe de motards californiens partageant son temps entre grosses cylindrées, vie de famille, tueries en tout genre et (entre autres) trafic d’armes, puis de drogue. Véritable soupape de la petite ville de Charming, le Sons of Anarchy Motorcycle Club Redwood Original (SAMCRO) vit selon ses propres règles, ses propres lois et codes d’honneur… inspirant à la fois crainte et respect aux habitants de la petite bourgade habitués, bien malgré eux, à subir les conséquences des affrontements à répétition entre bandes rivales. Guerres de pouvoir, territoriales ou même raciales… En sept saisons, les Sons vont ainsi s’opposer, s’allier ou trahir des groupes aussi différents que les Mayans, les Ones-Niners, les Byzlats, mais aussi la mafia Russe ou chinoise, la ligue des Nationalistes Américains, ou encore l’IRA. Mais peu importe finalement le nombre toujours grandissant de ces ennemis tous plus extrémistes les uns que les autres, la véritable menace vient fatalement toujours de l’intérieur… Au cœur du récit, le charismatique Jax Teller (Charlie Hunnam, vu dans Queer as Folk et Pacific Rim) vit dans le souvenir d’un père idéaliste et soucieux d’offrir une meilleure existence à sa famille et à son club. Très proche de sa mère, Gemma (Katey Sagal), il entretient un délicat rapport haine/amour/rivalité avec son beau-père Clay (excellent Ron Perlman) : actuel président du club qu’il soupçonne vite d’être à l’origine de la disparition prématurée de son véritable père. Autour de ce trio résolument Shakespearien, Chibs (Tommy Flanagan), Tig (Kim Coates), Juice (Theo Rossi), Opie (Ryan Hurst), et Bobby (Mark Boone Junior) constituent les principaux piliers du club ; frères d’armes… à la vie, à la mort.

Sons of Anarchy est de ces séries dont le succès s’est imposé sur la longueur. Pour un temps considérée comme étant réservée aux seuls bikers, elle a su gagner un public plus large grâce notamment à l’efficacité d’une réalisation soignée, d’un récit prenant et porté à la fois par des personnages étonnamment attachants, en dépit de la noirceur et du peu de moralité de leurs actes, ainsi que par l’introduction régulière de longues séquences clipées, où une chanson (souvent jouée en intégralité) domine une ou des actions particulièrement essentielles à une meilleure compréhension de « la petite histoire dans la grande ». Loin de se contenter d’être un simple effet de style, ces scènes permettent, tantôt avec émotion, tantôt avec audace ou humour, de mieux entrer dans les cœurs des personnages en sublimant, par cette judicieuse utilisation de la musique, leurs différentes fêlures ou états d’âme et, se faisant, de les rendre juste ce qu’il faut de plus… humains. Car en parallèle des poursuites et des fusillades, Kurt Sutter parle bel et bien d’amour. Celui d’un fils envers son père. Puis envers sa femme (Tara, interprétée par Maggie Siff) et ses propres fils. L’amour marital, fraternel… voire même adultère. Bien que noyé dans des océans de violence et de mises à morts toutes plus brutales les unes que les autres, il reste assurément le principal moteur de la série jusque dans ses toutes dernières secondes. Saisons après saisons, Jax s’accroche ainsi à une vision. Celle-là même qui le fera passer progressivement du statut de Prince à celui de Roi. Un parcours initiatique qui le conduira notamment jusqu’en Irlande afin de retrouver son jeune fils kidnappé ; à l’occasion de celle qui restera d’ailleurs définitivement comme LA meilleure année de l’intégralité de la série (la troisième)…

Les treize dernières heures de Sons of Anarchy reposent sur un mensonge. Jax et les autres se lancent dans une vengeance jusqu’au-boutiste et basée sur un faux témoignage… Entre les chinois, August Marks, les néo-nazis et les autres branches de SAMCR, pas un épisode ne se passe sans, littéralement, déverser des litres de sang. Tortures, exécutions, complot, fausses alliances et réelles trahisons… Tout y passe sans retenue ni complexe. A tel point que, contre toute attente, l’intensité et l’implication des premières saisons s’effacent au profit du seul sensationnel. Les relations entre les différents gangs sont parfois à la limite du compréhensible et le spectateur oscille ainsi entre la fidélité qu’il a envie de renouveler envers des personnages qu’il continue d’aimer malgré tout et la lassitude d’intrigues trop longues et répétitives (l’incarcération du pauvre Juice en tête). Néanmoins, cette idée d’une saison conditionnée par une horrible vérité qu’est seul à connaître Abel, le fils de Jax, favorise de « beaux » et pertinents moments autour du traumatisme qu’une vie de tueries peut engendrer auprès des proches et enfants de criminels. Pour le reste, malheureusement, le « rush final » devient vite facteur d’incohérence ; à commencer par cette facilité qu’ont soudain les Sons (et les autres) à accepter leurs propres morts… Si le symbole du sacrifice est fort par nature, il faut bien avouer qu’il n’est soudain plus si crédible lorsqu’il touche des personnages dont la survie s’est vite imposée comme le principal (pour ne pas dire unique) réflexe au cours des six années précédentes. De plus, Kurt Sutter, qui signe lui-même la réalisation de l’ultime épisode y multiplie les maladresses… Mauvais effet d’incrustation sur fond vert, Charlie Hunnam faisant semblant de conduire sa moto (très) visiblement bien accrochée à un chariot, un plan final fort peu esthétique et à la symbolique désespérément simpliste… Autant d’éléments qui donnent à ces adieux une amertume à la hauteur des attentes que les accros de la première heure étaient naturellement en droit d’espérer.

Ainsi, au-delà de quelques fulgurances esthétiques et les apparitions aussi surprenantes que sympathiques de Michael Chiklis (The Shield) ou encore de Marilyn Manson, les Sons of Anarchy ont-ils achevé leur danse macabre sur une note de par trop poussive où la dramatisation à outrance a fatalement pris le pas sur l’authenticité et où l’exaltation des premières saisons a douloureusement et irrémédiablement fait place à l’incompréhension…

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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