Le 29 octobre, douze contractuels de l’ONU – acheminant des équipements aux Casques bleus présents dans la région – ont été enlevés par une centaine de rebelles lourdement armés au Soudan du Sud, (sur le Nil) au nord de la ville de Malakal.
« Les contractuels doivent être libérés immédiatement sains et saufs » ordonne le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. Ce rapt fait suite à l’enlèvement quelques jours plus tôt de 20 Casques bleus qui ont ensuite été libérés. Stéphane Dujarric fait également savoir que les attaques contre les Casques bleus peuvent être assimilables à des crime de guerre.
Ces derniers transportaient du carburant, des armes et de l’équipement à destination des Casques bleus. Les rebelles ont non seulement pillé le carburant, mais ils détiennent aussi les contractuels, tous de nationalité soudanaise.
Ces enlèvements témoignent de l’instabilité qui règne dans ce petit pays depuis la crise de juillet 2013.
Crise politique sur fond de conflit interethnique
Le Soudan du Sud est la plus jeune nation du monde. Le pays obtient son indépendance en juillet 2011. Deux ans après, à l’été 2013, le limogeage du vice-Président Riek Machar par le Président Salva Kiir met le feu aux poudres. La rivalité entre les deux hommes forts fait sombrer le pays dans la guerre civile en décembre 2013. Cette rivalité se traduit aujourd’hui sur fond de conflit ethnique : opposant l’ethnie du Président de la République « Dinka » et l’ethnie « Nuer » celle du vice-Président.
En août 2015, sous la pression de l’ONU, les deux camps ont connu un accord de paix mais celui-ci a été violé à plusieurs reprises tant l’insécurité ne cesse de croître.
« Des combattants ponctionnent le sang de personnes qui ont tout juste été tuées et forcent ceux, d’une autre communauté, à boire le sang et à manger de la chair humaine brûlée » rapporte l’Union africaine dans un rapport publié le 27 octobre sur la situation en Soudan du Sud. L’UA accuse le gouvernement et les rebelles d’actes de cannibalisme et de crime contre l’humanité.
Une situation humanitaire déplorable
Après 20 mois d’affrontements entre les deux camps, les Nations unies ont qualifié la situation au Soudan du Sud, « d’urgence de niveau 3« . C’est le niveau le plus élevé dans la classification des crises humanitaires. Depuis le début de la guerre civile, on compte à 1,6 million le nombre de civils déplacés à cause des violences subies. Les « zones de protection des civils » contrôlées par l’ONU sont pleines, 200 000 soudanais sont dans l’attente d’y être accueillis. Pour les autres, le meilleur moyen de fuir la guerre est de trouver refuge dans les pays voisins: Kenya, Ethiopie, Ouganda… Cette vague migratoire provoquerait d’ailleurs des dépenses supplémentaires à ces Etats déjà en difficulté.
En 2015, l’insécurité alimentaire sévère devrait affecter 4,6 millions de soudanais, dans un pays qui compte environ 11 millions d’habitants. Les plus touchés sont les enfants. On estime à 237 000 le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui souffriront de malnutrition d’ici la fin de l’année.
L’aide humanitaire difficile à être acheminée
Certaines femmes doivent marcher « huit à neuf heures » par jour, pratiquement sans eau et sans nourritures, avec leurs enfants pour venir réclamer du soutien. « Elles arrivent épuisées », constate Ettie Higgins, représentante adjointe de l’UNICEF pour le Soudan du Sud. Si la circulation est difficile pour la population locale, elle l’est aussi pour les ONG qui peinent à circuler librement. « Une quarantaine de travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début du conflit. On doit prendre d’énormes risques pour circuler », rapporte Madame Higgins.
Malgré cela, la communauté internationale se mobilise pour faire face au chaos. En 2015, la Commission européenne débloque 145 millions d’euros destinés à l’aide humanitaire au Soudan du Sud. Cette aide comprend : l’assistance alimentaire, les soins de santé et nutritionnels, l’interventions en matière d’eau, d’assainissements…