La très attendue suite de 3x Manon baptisée Manon 20 ans est en tournage pour Arte jusque début août, toujours chapeauté par Jean-Xavier Lestrade.
C’est jusqu’au 12 août que se tourne en Val de Loire Manon 20 ans, suite de l’excellente mini série 3x Manon diffusée en 2014 sur Arte et toujours réalisée par Jean-Xavier Lestrade (Malaterra).
Dorénavant loin du Centre d’éducation fermé, Manon, agée aujourd’hui de 20 ans, a un BTS de mécanique en poche et un compagnon. Elle essaie de se conformer à une vie sociale apaisée. Entre le travail et l’amour, Manon espère, fonce, se trompe, réussit, flanche, résiste toujours avec sa force de vie puissante, une violence aussi qui menace de jaillir quand les injustices sont trop fortes… [youtube id= »7eXzshEMag8″]
3x Manon c’était quoi? Manon, une adolescente tourmentée de 15 ans, vit avec sa mère dans une HLM. Une nuit, au cours d’une crise de boulimie, elle plante un couteau dans le ventre de sa mère. Miraculeusement sauve, celle-ci est hospitalisée quelques jours. Parallèlement, le juge pour enfants saisi de l’affaire oriente Manon vers un centre éducatif fermé. Tout en découvrant les rigueurs de l’institution, Manon affronte les clans des pensionnaires du centre. Notamment Lola, visiblement chef de bande qui, en compagnie de ses complices, cache du cannabis sous le lit de Manon pour la mettre en difficulté avec les autorités.
Ce qu’aucune série n’est parvenue à faire en France avec la prison pour les adultes, 3x Manon l’amorce avec les centres éducatifs fermés, derniers remparts pour ces ados en perdition avant la prison pour mineur. Cette mini-série est un vrai coup de poing qui nous montre l’adolescence d’aujourd’hui, en tout cas une partie, comme l’a très bien fait très bien Skins en Grande-Bretagne. C’est un vrai parcours de vie auquel on assiste, celui d’une ado, Manon, qui appelle au secours. D’abord sa mère, avec ses crises de boulimie qui finissent par mener à l’acte qui vaudra à Manon d’être enfermée. Marina Fois campe une mère dure, terriblement dure avec sa fille, sourde aux appels que cette dernière lui envoie. Une fille qu’elle passe son temps à rejeter, à dénigrer même. Ces moments sont absolument bouleversants car Manon, comme n’importe quel enfant, « veut » sa mère, son amour. Elle en a besoin. Et quand celle-ci semble le lui refuser, elle lance un nouvel appel au secours, à une autre forme d’autorité cette fois, la Justice en lui déclarant qu’elle ne veut pas rentrer chez elle (la première scène chez le juge en est une parfaite illustration). Et pour interpréter Manon, il y a LA découverte de cette série, la jeune Alba Gaïa Bellugi, brillante, touchante, bouleversante même dans ce rôle.
La jeune comédienne rappelle pour beaucoup Charlotte Gainsbourg du temps de L’effrontée (1985). Elle parvient à totalement habiter le personnage et aussi la série dans laquelle elle impose sa présence à chaque instant. A de nombreux moments, par ce qu’elle porte sur le visage, la jeune comédienne m’a vraiment beaucoup ému, tant elle est capable de véhiculer une palette d’émotions et d’intentions.
Dépassée et habitée par une violence qu’elle ne comprend pas, Manon tente de s’en sortir. Si l’acte qui l’a conduit là n’est pas anodin, bien au contraire, la jeune femme n’est pas pour autant une dangereuse criminelle en puissance mais une ado à la dérive à deux doigts de basculer dans la vraie délinquance: « Dans l’angoisse permanente, Manon perçoit l’autre comme une menace. C’est un phénomène assez nouveau que ces ados perdus, sans repères. » (Jean-Xavier de Lestrade). C’est une autre des réussites de cette mini série que de ne pas sombrer dans le manichéisme, ni dans le côté moralisateur.
Au sein même de ce centre éducatif fermé, Manon sera tiraillée entre celles et ceux qui veulent l’aider, en particulier son éducateur Lucas Rivière, et le poids de l’administration qui a du mal « à faire » par manque de moyens. Si la jeune Alba est parfaite dans le rôle, ses partenaires de jeu ne sont pas en reste non plus, qu’ils s’agissent de Alix Poisson, Yannick Choirat, ou de jeunes comédiennes comme Claire Bouanich.
Crédit et source: Arte