Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a annoncé ce mercredi la dissolution par le Conseil des ministres de deux groupuscules d’extrême droite, « l’Œuvre française » et « Jeunesses nationalistes ». Le 25 juin dernier, deux autres groupuscules d’extrême droite avaient été dissolus : « les Jeunesses nationalistes révolutionnaires » (JNR) et « Troisième Voie ». Une actualité judiciaire qui passe d’un extrême à l’autre ces dernières semaines puisque six membres d’un groupe d’extrême gauche, soupçonnés d’avoir agressé le leader des Jeunesses nationalistes, Alexandre Gabriac, en octobre 2012 à Paris, ont été interpellés le 27 juin. Finalement, y-a-t-il un extrême pour rattraper l’autre ?
Si avec la mort de Clément Méric, les groupuscules d’extrême droite sont montrés du doigt pour leur violence, l’extrême gauche l’est aussi. Clément Méric était lui-même fiché auprès des services de police comme potentiellement à risque, « allant souvent chercher la bagarre ». Une explication peut-être aux vidéos récemment révélées par la RATP de la station Havre-Caumartin, où a eu lieu le drame. On y voit en effet le jeune « antifa » arriver, prêt à en découdre, dans le dos du skinhead qui lui donnera finalement le coup fatal.
Une rivalité qui ne date pas d’hier
Il faut rappeler que dans les années 1970, certains groupuscules d’extrême gauche considéraient même que le salut se trouvait dans la violence. À cette époque, ces derniers organisaient de nombreux attentats. C’est seulement à l’issue de la dissolution de la Ligue communiste en 1973 que l’extrême gauche française a renoncé à la violence, pour mieux combattre l’extrême droite. Aujourd’hui, ce mouvement, bien que parfois violent, se veut plus pacifiste que celui de la gauche. Ce qui a ravivé les tensions entre les deux extrêmes, ce sont les manifestations entourant la loi sur le mariage homosexuel. Les militants d’extrême droite, principaux opposants à cette évolution sociétale profonde, se sont montrés très virulents et violents pendant, ou en marge, des défilés. À l’image des Jeunesses nationalistes, présidées par Alexandre Gabriac à Lyon, qui ont multiplié les actions coups de poings pour communiquer et se faire connaître.
A chacun ses valeurs
Côté idéologie, les deux mouvements divergent. L’extrême gauche partage les valeurs humanistes des Lumières et de la Révolution française. Mais pèche par son excessivité : ultra-démocratisme, ultra-volontarisme, ultra- rationalisme. A contrario, l’extrême droite est très conservatrice, parfois raciste et xénophobe, elle exècre les fondements de la République. Quoi qu’il en soit, les Français se sont déjà fait leur avis sur la chose. En effet, dans un sondage commandé par Atlantico à l’institut CSA le 14 juin dernier, on s’aperçoit que 58% des personnes interrogées jugent que les groupuscules d’extrême gauche sont aussi dangereux que les groupuscules d’extrême droite. Alors peut-être qu’au final le seul point commun entre les deux extrêmes serait leur penchant pour la préférence nationale. Ou tout simplement la haine qu’ils se vouent l’un envers l’autre.