La Première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, a été destituée ce matin par la Cour Constitutionnelle après avoir été jugée coupable d’abus de pouvoir. Les manifestations antigouvernementales, qui avaient commencé en novembre et qui s’étaient essoufflées en février, risquent de reprendre de plus belle après cette décision.
Yingluck Shinawatra, élue chef du gouvernement par les parlementaires en 2011, est accusée d’avoir démis le patron du Conseil national de sécurité, Thawil Pliensri, après son élection. « Je ne suis pas intervenue dans le processus démissionnaire » a-t-elle affirmé devant la Cour Constitutionnelle, expliquant que la décision avait été prise lors d’un conseil des ministres. La sentence, retransmise à la télévision, est tombée ce matin : « Les juges ont décidé à l’unanimité que Yingluck avait abusé de son statut de Première ministre ».
Yingluck Shinawatra, élue à la majorité absolue à la suite des élections législatives de 2011, était déjà à l’origine de nombreuses revendications. Depuis novembre les « Chemises jaunes » manifestent contre le gouvernement et plus particulièrement contre le Parti Pheu Thai (PTP), parti populiste auquel appartient la Première ministre. Pour cause, le projet de loi d’amnistie proposé par Yingluck pour annuler la condamnation de son frère, Thaksin, ancien Premier ministre accusé de corruption. Malgré le rejet de ce projet par le Parlement thaïlandais les manifestations avaient dégénérées entraînant la dissolution de l’Assemblée nationale début décembre.
La Première ministre s’était encore retrouvée au cœur de la tourmente en février. La commission anticorruption thaïlandaise l’avait inculpée pour négligence en lien avec un programme d’aide aux riziculteurs. Un avertissement avait été émis contre cette politique qui pouvait engendrer corruption et pertes financières. Elle n’en a pas tenu compte : des riziculteurs n’ont pas été payé depuis des mois et le gouvernement a dû acheter les céréales jusqu’à 50% au dessus du marché. Les principaux détracteurs de Yingluck Shinawatra ont même accusé le programme d’avoir fait perdre à la Thaïlande sa place de premier exportateur mondial de riz.
La décision prise ce matin risque d’accentuer la crise politique qui frappe le pays depuis six mois. Les « Chemises jaunes » ont annoncé qu’elles voulaient faire appel au Sénat pout nommer un nouveau Premier ministre. D’autres, les « Chemises rouges » pro-Shinawatra, avaient déjà affirmé qu’ils redescendraient dans les rues en cas de « coup d’État judiciaire ».