Sortie le 29 avril dernier, la deuxième saison de The Last of Us remet en scène le Cordyceps, fameux champignon issu du jeu vidéo du même nom, ayant tué et infecté 60% de la population humaine, transformant ses proies en zombies. Un scénario dystopique certes, mais avec ses parts de réalités…
The Last of Us, un climat de fin du monde
Sans spoiler l’intrigue, la série à succès The Last of Us, présente sur Prime Vidéo, repose finalement sur une histoire de champignons. La jeune Ellie Williams et le quadragénaire Joel Miller, interprété par Pedro Pascal, évoluent dans un univers en ruines, ravagés par une épidémie causée par les Cordyceps, champignons parasites ayant la faculté de se propager à une vitesse folle.
Dans la série, le parasite contamine les êtres humains grâce à ses spores, propagées un peu partout dans l’environnement. Une fois rentré dans l’organisme, le champignon se développe et prend possession de son hôte, contrôle ses muscles et son esprit, jusqu’à causer sa mort. Dès le premier épisode, des épidémiologies expliquent la prolifération de cette créature invasive par le réchauffement climatique, de quoi incorporer une certaine véracité dans le scénario, typique du genre de la dystopie. En somme, cette fiction possède tous les éléments nous amenant à nous interroger sur ce fameux champignon, et à son avenir à l’ère du dérèglement global.
Ophocordyceps sinensis, un champignon bien réel…
Le champignon de The Last of Us n’est pas apparu avec la série, ni le jeu vidéo… mais bel et bien dans les montagnes d’Asie de l’Est, en Chine, au Népal ou encore au Tibet. Bien réel, ce dernier existe depuis des millions d’années. Il possède par ailleurs bien des caractéristiques semblables à celles que l’on peut voir à l’écran. En effet, ce dernier se propage par infection fongique : ses spores, éléments microscopiques et volatiles, lui permettent de se reproduire de manière sexuée ou asexuée, en rentrant en contact avec de petits organismes tels que les fourmis ou les chenilles.
Une fois à l’intérieur de sa victime, le champignon se déploie, et prend petit à petit le contrôle du système nerveux et des muscles de son hôte : « sous l’effet des substances que produit le champignon, ses muscles vont se contracter de manière cible (…) le comportement de la fourmi va donc complétement changer, la transformant en une sorte de zombie : elle va quitter sa colonie » nous explique Thomas Dauty dans le podcast Science Infuse publié ce mercredi 28 mai)
Ayant pris entière possession de l’insecte, le Cordyceps le fait alors prendre de la hauteur afin d’atteindre un environnement optimal pour le futur développement du champignon : les chenilles remontent à la surface, les fourmis grimpent sur des plantes, là où l’humidité est parfaite pour le parasite. Ce dernier tue alors celui qui lui servait autrefois de refuge, s’en extirpe et déverse de nouveaux spores pour continuer ce processus. Certains champignons pourraient même forcer le parasité à contaminer les siens.
Plus de peur que de mal
Aucune raison de s’affoler, le scénario de The Last Of Us ne risque pas de se produire de si tôt et ce pour plusieurs raisons. La première est qu’en réalité, l’ophocordyceps sinensis ne s’intéresse en rien à l’Homme. Il ne pourrait même pas survivre au sein de son organisme, ce dernier étant trop chaud, et le Cordyceps privilégiant des températures autour de 18°C, comme le précise Luis Portillo pour Sciences et Avenir. Certains, comme les ophiocordyceps unilateralis ne s’intéressent par ailleurs qu’à un seul type bien précis de fourmis.
Plus étonnant encore, le champignon est en réalité très prisé par l’Homme. Considéré comme adaptogène, il serait doté de propriétés renforçant le bien-être et la santé de l’être humain. Vendu en poudre, le produit permettrait de renforcer son système immunitaire, d’améliorer ses performances sportives et de globalement réduire le stresse – sans effets hallucinogènes. Il est ainsi surexploité et donne lieu à un vrai commerce notamment en Asie, ce qui fait de lui l’un des champignons les plus chers du monde selon National Geographic.
Enfin, contrairement à ce que pourrait nous laisser croire la série, le réchauffement climatique favorise de plus en plus la disparition du champignon, rendant ainsi sa récolte rude et rare.
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