Le débat entre les 11 candidats à l’élection présidentielle a finalement bien eu lieu. Au cours de ce show télévisé taillé sur mesure pour l’événement, les « petits » candidats ont enfin pu se mettre en évidence dans cette campagne. Exercice inédit dans la Vème république, le « Grand Débat » nous a réservé son lot de surprises. Des bonnes comme des moins bonnes.
Les TOPS
+ Place aux « petits » candidats
C’était clairement le but de l’émission : donner la parole à TOUS les candidats. « Petits » comme « grands ». Après le coup de gueule de Nicolas Dupont-Aignan sur la plateau du JT de TF1, Cnews et BFM TV l’ont accueilli à bras ouverts, comme les 5 autres candidats rejetés du premier grand débat. Cette prise de parole était nécessaire pour assurer une certaine forme d’égalité de traitement entre tous les candidats à la présidentielle. En ce sens, cette émission était nécessaire.
+ Philippe Poutou
Philippe Poutou est clairement le « petit » candidat qui a su tirer son épingle du jeu lors de débat. En opposition frontale de style avec tous ses adversaires, et pas seulement vestimentairement parlant, il a su se faire entendre. Sa longue tirade conclue par « nous, on a pas d’immunité ouvrière » n’en est que le meilleur exemple. Sans filtre, il a assurément gagner des voix grâce à ce débat, en plus des likes sur les réseaux sociaux. Bref, il a su dynamiser l’émission.
+ L’audience
Ce débat atypique a su passionner les foules. Avec plus de 6,3 millions de téléspectateurs, l’émission a ressemblé près de 32% de parts d’audience. BFM TV a notamment battu le record d’audience sur une chaine de TNT. Au-delà même de la télévision, le « Grand Débat » a généré pas moins de 1,6 millions de tweets à travers le hashtag #GrandDebat. Comme quoi la politique peut encore générer de l’intérêt ! De bon augure à même pas trois semaines du premier tour.
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Les FLOPS
– Le format du débat
C’est très clairement le gros point noir de l’émission. Pour une émission qui comporte le terme débat, il n’y en pas eu un seul. On aurait pu appeler cette émission « exposition successive des programmes en 1min30 de chaque candidat, avec peut-être une interpellation de temps en temps ». Les candidats n’ont pas pu développer le fond de leur pensée. L’exercice se voulait synthétique (assurément trop), mais non dialectique. Et c’est ici que réside le problème. Si les idées ne se confrontent pas directement, nous avons l’impression d’assister à l’énumération d’une liste de courses pendant presque 4h… Tout le problème de ce débat.
Et que dire de l’aspect opérationnel de l’exercice ! Faire parler 11 candidats sur le même sujet ralentissait considérablement le rythme de l’émission. Et lorsque le débat s’emballait un peu, il devenait inaudible, tant il est difficile de faire cohabiter onze opinions en même temps. Malgré les efforts de Ruth Elkrief et de Laurence Ferrari, que ce fut difficile d’obtenir de la discipline par moments !
En bref, la volonté de vouloir faire débattre tous les candidats ensemble était bonne. Mais dans les faits, l’exercice est impossible à mettre en place et perd tout son intérêt.
– L’absence des « grands » candidats
Ce flop recoupe largement le précédent. Comment pouvoir légitimement se mettre en avant avec la forme imposée de ce débat ? Les « grands » candidats avaient plus à perdre qu’à gagner face aux 6 autres challengers. Ils ont jusqu’ici suffisamment été mis en avant pour faire connaître leur programme. Il fallait donc qu’ils assurent « leur statut » sans y laisser des plumes. Ce qui explique leur retrait naturel, nuisant inexorablement à la qualité des échanges. Ils ont fait le strict minimum. Venir. Répondre. Prendre la photo. Partir.