L’Union Européenne condamne fermement toute tentative de coup d’état contre un régime élu démocratiquement. Néanmoins, les suites de ce putsch avorté inquiètent.
La Turquie, ce partenaire précieux mais sujet à discorde au sein des institutions européennes. Lundi, les ministres des affaires étrangères du « club des 28 » accompagnés du secrétaire d’état américain John Kerry ont abordé le cas turc.
L’UE se retrouve ainsi dans une situation épineuse. En effet, les négociations menées pour trouver un consensus sur la crise des migrants sont encore dans les esprits, et l’accord conclu en mars avec Ankara est d’une importance capitale pour les européens. Leur application prévoit le renvoi de migrants résidant en Grèce, une aide financière de 6 milliards de dollars pour les 2,7 millions de réfugiés syriens actuellement en Turquie, une facilité d’obtention de visas vers l’Europe pour le peuple turc et enfin la relance des négociations concernant l’adhésion de la Turquie à l’UE.
Erdogan sur une route dangereuse
Néanmoins, tout ne peut être accepté, et c’est M.Kerry qui l’a rappelé sans prendre de gants, demandant au pouvoir turc de « respecter les institutions démocratiques de la nation et l’État de droit ». Une référence à la possibilité de rétablir la peine de mort – abolie en 2004 – évoquée par Recep Tayyip Erdogan. Malgré la promesse de reconsidération de l’entrée de la Turquie dans l’UE, le chemin autoritaire pris par l’exécutif s’éloigne des prérogatives européennes. Y compris celles de l’OTAN, dont la Turquie fait bel et bien partie. D’où ce rappel à l’ordre de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’organisation militaire : « Il est essentiel pour la Turquie, comme pour tous les autres alliés, de respecter pleinement la démocratie et ses institutions, l’ordre constitutionnel, l’Etat de droit et les libertés fondamentales ». Ainsi, l’Occident montre ses réticences, bien que mesurées, du fait de l’importance de la coopération des deux parties. En attendant, la politique intérieure ne bouge pas d’un cil en Turquie, où Erdogan continue de se livrer à une chasse aux sorcières après un coup d’état avorté qui l’a sans aucun doute renforcé.